
Un corridor humanitaire qui se fait attendre
Outre le risque élevé d’attaques contre les hôpitaux (volontaires ou non), l’OMS s’inquiète des difficultés de fonctionnement de ces établissements. Ces derniers, qui doivent déjà faire face à une vague de Covid (qui pourrait s’aggraver avec les déplacements quotidiens de milliers de personnes et le relâchement bien compréhensible des mesures sanitaires), voient en effet les difficultés se multiplier, qui rendent difficile la prise en charge des blessés. D’abord, certains personnels, même s’ils sont minoritaires, ont décidé de gagner les frontières de l’Ouest, diminuant significativement les effectifs. Par ailleurs le risque de pénuries de matériels et de médicaments est majeur, alors que l’acheminement des produits envoyés par l’Occident est périlleux. Pour l’heure, en effet, les appels répétés des organisations humanitaires et de l’OMS à la constitution d’un corridor sanitaire n’ont pas été entendus. Cependant, une première livraison de matériel médical est attendue aujourd’hui en Pologne.Pénurie d’insuline
Les besoins sont notamment criants en oxygène. Trois grandes usines de production d’oxygène sont en effet fermées aujourd’hui. Plusieurs associations ont par ailleurs alerté sur le risque d’une pénurie d’insuline. Des témoins rapportent notamment que l’accès au principal entrepôt de l’entreprise Novo Nordisk en Ukraine (principal fournisseur d’insuline dans le pays) a été coupé. Aujourd’hui, si les stocks de certaines pharmacies paraissent suffisants pour assurer la prise en charge des patients pendant trois mois, dans la partie frontalière de la Russie, les niveaux ne dépassent pas quelques jours.Les exilés ukrainiens stimulent la solidarité
Cette situation critique est à l’origine d’une multiplication des appels à la solidarité. Cette dernière s’organise dans le monde entier, parfois à l’initiative de particuliers. Des médecins ou des infirmiers ukrainiens exilés participent ainsi activement à l’organisation de collectes. En France, outre la Croix Rouge ou Médecins sans frontières, l’aide est notamment coordonnée par l’association Smile for Ukraine. Fondée en 2014 par un Nîmois d’origine ukrainienne, l’organisation travaille notamment en lien avec l’hôpital pour enfants de Tchernigov (situé au nord de Kiev à 65 kilomètres de la frontière russe). Aujourd’hui, cet établissement accueille les familles des jeunes patients qui cherchent un abri, ainsi que tous les habitants qui le souhaitent. Les matériels collectés ces derniers jours par l’association et qui vont être acheminés aujourd’hui sont destinés à cet établissement ainsi qu’aux villes de Poltava et Kremenkuch, qui n’ont pas encore été touchés par les affrontements. Cependant, si les collectes reçoivent un écho favorable de la part des populations, l’acheminement vers les zones concernées se révèle souvent plus complexe.L.C.