Ukraine : les hôpitaux à la merci de la guerre, malgré la solidarité internationale

Paris, le jeudi 3 mars 2022 – Préserver les établissements de santé pendant les conflits armés est un principe qui est loin d’être toujours respecté. En Irak et en Syrie, par exemple, les organisations humanitaires dénoncent régulièrement les dommages dont sont victimes les hôpitaux, qui ne semblent pas toujours être les conséquences non volontaires de conflits dans des zones proches, mais parfois celles de tirs ciblés. Impossible pour l’heure en Ukraine de déterminer les circonstances des attaques qui ont touché certains établissements de santé mais la préoccupation est grandissante. Le patron de l’OMS, Tedros Ghebreyesus, a ainsi indiqué hier : « Nous sommes très inquiets par les informations faisant état d'attaques contre des installations sanitaires », avant d’ajouter : « Le caractère sacré et la neutralité des soins de santé, y compris des travailleurs de la santé, des fournitures, du transport et des installations pour les patients, ainsi que le droit à un accès sûr aux soins doivent être respectés et protégés ». Pour l’heure, l’agence onusienne a eu la confirmation qu’une attaque à l’arme lourde a concerné au moins un hôpital, faisant quatre morts et dix blessés (dont six professionnels de santé). Par ailleurs, dans la nuit de mardi à mercredi, les autorités ukrainiennes ont indiqué qu’un des établissements de santé de Kharkhiv (à proximité de la frontière russe) avait subi les assauts des troupes aéroportées russes. D’autres incidents rapportés à l’OMS sont en cours de vérification. Si cette dernière, souhaitant conserver sa neutralité, a refusé de désigner les forces Russes comme responsables de ces dommages, le chef des programmes d’urgence de l’OMS, le Dr Mike Ryan, a néanmoins invité Moscou à « reconsidérer sa position ».

Un corridor humanitaire qui se fait attendre

Outre le risque élevé d’attaques contre les hôpitaux (volontaires ou non), l’OMS s’inquiète des difficultés de fonctionnement de ces établissements. Ces derniers, qui doivent déjà faire face à une vague de Covid (qui pourrait s’aggraver avec les déplacements quotidiens de milliers de personnes et le relâchement bien compréhensible des mesures sanitaires), voient en effet les difficultés se multiplier, qui rendent difficile la prise en charge des blessés. D’abord, certains personnels, même s’ils sont minoritaires, ont décidé de gagner les frontières de l’Ouest, diminuant significativement les effectifs. Par ailleurs le risque de pénuries de matériels et de médicaments est majeur, alors que l’acheminement des produits envoyés par l’Occident est périlleux. Pour l’heure, en effet, les appels répétés des organisations humanitaires et de l’OMS à la constitution d’un corridor sanitaire n’ont pas été entendus. Cependant, une première livraison de matériel médical est attendue aujourd’hui en Pologne.

Pénurie d’insuline

Les besoins sont notamment criants en oxygène. Trois grandes usines de production d’oxygène sont en effet fermées aujourd’hui. Plusieurs associations ont par ailleurs alerté sur le risque d’une pénurie d’insuline. Des témoins rapportent notamment que l’accès au principal entrepôt de l’entreprise Novo Nordisk en Ukraine (principal fournisseur d’insuline dans le pays) a été coupé. Aujourd’hui, si les stocks de certaines pharmacies paraissent suffisants pour assurer la prise en charge des patients pendant trois mois, dans la partie frontalière de la Russie, les niveaux ne dépassent pas quelques jours.

Les exilés ukrainiens stimulent la solidarité

Cette situation critique est à l’origine d’une multiplication des appels à la solidarité. Cette dernière s’organise dans le monde entier, parfois à l’initiative de particuliers. Des médecins ou des infirmiers ukrainiens exilés participent ainsi activement à l’organisation de collectes. En France, outre la Croix Rouge ou Médecins sans frontières, l’aide est notamment coordonnée par l’association Smile for Ukraine. Fondée en 2014 par un Nîmois d’origine ukrainienne, l’organisation travaille notamment en lien avec l’hôpital pour enfants de Tchernigov (situé au nord de Kiev à 65 kilomètres de la frontière russe). Aujourd’hui, cet établissement accueille les familles des jeunes patients qui cherchent un abri, ainsi que tous les habitants qui le souhaitent. Les matériels collectés ces derniers jours par l’association et qui vont être acheminés aujourd’hui sont destinés à cet établissement ainsi qu’aux villes de Poltava et Kremenkuch, qui n’ont pas encore été touchés par les affrontements. Cependant, si les collectes reçoivent un écho favorable de la part des populations, l’acheminement vers les zones concernées se révèle souvent plus complexe.

L.C.

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