Pour le HCSP, la cigarette électronique n’est pas un bon substitut nicotinique

Paris, le jeudi 6 janvier 2022 – Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) estime que les médecins ne doivent pas recommander l’usage de la cigarette électronique comme substitut nicotinique.

Depuis son apparition sur le marché il y a une quinzaine d’années, les systèmes électroniques de délivrance de la nicotine (SEDEN), plus communément appelés cigarettes électroniques, embarrassent les médecins et responsables de santé publique. Il y a d’un côté ceux qui y voient un ersatz de cigarette qui doit donc être combattu, de l’autre ceux qui estiment que la e-cigarette peut être un bon outil pour aider les fumeurs à arrêter le tabac. Le dernier avis du HCSP relatif aux bénéfices-risques de la cigarette électronique, publié ce mardi, illustre cette hésitation.

En effet, cinq ans après un précédent avis dans lequel le Haut Conseil estimait que la cigarette électronique pouvait être « un outil d’aide au sevrage tabagique », l’instance estime désormais que les SEDEN ne doivent pas être utilisés comme substitut nicotique. Après un passage en revue des différentes études scientifiques menées sur le sujet, le HCSP conclut que « les connaissances fondées sur les preuves sont insuffisantes pour proposer les SEDEN comme aides au sevrage tabagique dans la prise en charge des fumeurs par les professionnels de santé ». Lorsqu’ils conseillent un fumeur souhaitant se sevrer du tabac, les médecins doivent donc privilégier des substituts nicotiniques classique tels que les patchs.

Le Royaume-Uni n’est pas de cet avis

Le HCSP souligne notamment le danger que les cigarettes électroniques représentent pour les jeunes. Les auteurs de l’avis estiment que la cigarette électronique constitue souvent une porte d’entrée vers le tabagisme pour les adolescents. Ils recommandent donc le maintien des différentes lois prohibant la vente de cigarette électronique aux mineurs, la publicité pour ces produits et la consommation dans certains lieux publics. Le HCSP ne condamne cependant pas totalement la cigarette électronique. Reconnaissant que ce produit est moins nocif que le tabac, les auteurs de l’avis considèrent qu’il peut être bénéfique à certaines populations souhaitant arrêter le tabac « en dehors ou en complément d’une prise en charge dans le cadre du système de soins ».

Les médecins et différents organismes chargés de la santé publique sont divisés sur la question de la cigarette électronique. En juillet dernier, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) exhortait les autorités nationales à « adopter des politiques appropriées afin de protéger leurs populations des méfaits des inhalateurs électroniques ». A l’opposé, en octobre dernier, le MHRA, l’Agence du médicament britannique, avait fait évoluer sa réglementation pour permettre que la cigarette électronique puisse être délivrée sur prescription médicale. Tabacologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, le Pr Bertrand Dautzenberg considère lui que la e-cigarette est « moins nocive que le tabac » et affirme qu’il la conseille à ses patients « en compléments des traitements médicamenteux ».

Nicolas Barbet

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article