La littérature suggère que la santé des footballeurs professionnels est soumise à rude épreuve. Par exemple, ils sont exposés à un taux élevé de blessures, environ 1,3 par an et par joueur, ainsi qu’à des microtraumatismes répétés. Une altération de la santé mentale peut survenir, avec baisse de l’estime de soi, anxiété, dépression ou trouble du comportement alimentaire (1). Enfin, la pratique répétée des « têtes » engendrerait un risque accru de troubles neurodégénératifs, bien que les preuves soient, pour l’heure, limitées.
Ces constats augurent-ils une sombre retraite ? Une équipe médicale néerlandaise, avec la collaboration d’un membre de la Fédération internationale de football association, a réalisé une étude exploratoire des problèmes de santé touchant les anciens footballeurs professionnels (AFP). Ils se sont penchés sur les aspects musculosquelettiques, mentaux, neurocognitifs, cardiovasculaires et reproductifs en interrogeant trois bases de données : Medline, SportDiscus et Embase. Sur les 917 articles trouvés, 41 ont été inclus dans l’analyse.
Arthrose, atteintes de la santé mentale, maladies neurologiques…
La prévalence de l’arthrose du genou variait entre 9 et 80 % (14 à 60 % chez les femmes), celle des hanches de 2 à 14 % et celle des chevilles de 4 à 12 %. Par ailleurs, des douleurs aux genoux touchaient 37 à 52 % des anciens joueurs et des douleurs aux hanches 13 %.
Les principales atteintes de la santé mentale des AFP étaient la dépression (6 à 16 %), l’anxiété (12 %), les troubles du sommeil (28 %) et les comportements inadaptés (ex. : abus d’alcool, jusqu’à 32 %).
Entre 4 et 33 % des sujets souffraient de déficit cognitif modéré, d’atrophie cérébrale ou de maladie neurodégénérative (MND). Dans une étude, la mortalité par MND était plus élevée chez les AFP que chez les témoins.
Aucune étude n’a porté spécifiquement sur la santé cardiovasculaire. Mais selon deux publications, les AFP adoptent plus souvent des comportements à risque (tabagisme, alcoolisme, malnutrition). Enfin, aucun article n’a été trouvé sur les fonctions reproductives.
Les auteurs concluent que l’arthrose des membres inférieurs, les douleurs musculaires et certains troubles de la santé mentale sont courants chez les AFP. Ils soulignent que d’autres problèmes de santé mériteraient d’être explorés, comme le jeu problématique. Ces résultats exploratoires vaudraient d’être confirmés par d’autres travaux.
Dr Patrick Laure
