
« Cette guillotine sera pour toi », « Tu as du sang
sur les mains et tu rendras des comptes au peuple » : voilà le
genre de messages haineux que le Dr Franck Clarot, radiologue à
Rouen et cofondateur du site de vulgarisation scientifique « Du
côté de la science » reçoit régulièrement sur le réseau social
Twitter, où il est connu sous le nom de « Le Doc ».
Le dernier « raid numérique » dont il a été victime,
comme on appelle ces nuées de messages menaçants et insultants sur
les réseaux sociaux, date du week-end dernier. Le 4 décembre,
l’actrice Beatrice Rosen, également chroniqueuse dans l’émission de
Cyril Hanouna Touche pas à Mon Poste et qui a régulièrement
critiqué la politique sanitaire du gouvernement, se plaint dans un
tweet de la pénurie d’amoxicilline qui touche actuellement les
pharmacies françaises, évoquant un « retour au Moyen-âge ».
Un brin moqueur, « Le Doc » répond alors qu’il se « souvient
bien de la première pénurie d’amoxicilline vers 1350, on en avait
parlé sur Twitter ».
« Sac à merde de la médecine »
Une plaisanterie visiblement peu appréciée des 80 000
followers de l’actrice, parmi lesquels de nombreux adeptes des
théories complotistes sur la Covid-19, qui se livrent alors à un
véritable déchainement de violences verbales à l’encontre du
radiologue. « Sac à merde de la médecine », « corrompu
par Pfizer, Moderna et Cie », « un odieux vassal des
laboratoires pharmaceutiques » : des messages de haine parfois
relayés par des personnalités bien connues de la sphère complotiste
sur Twitter comme « l’hyperdocteur » Idriss Aberkane ou
l’ancien sénateur Yves Pozzo Di Borgo. Après trois jours de curée,
l’actrice Beatrice Rosen appellera ses followers au calme, tout en
dénonçant les propos peu déontologiques du Dr Clarot.
Le radiologue est malheureusement un habitué de ces menaces.
Depuis le début de la pandémie de Covid-19, le médecin utilise
Twitter pour défendre l’utilité du masque et des vaccins, mais
également des décisions plus polémiques, telles l’instauration du
passe vaccinal, la vaccination des enfants ou l’obligation
vaccinale des soignants. Des prises de positions qui lui ont
malheureusement valu d’être à plusieurs reprises violemment pris à
partie. « J’ai été menacé de mort par un compte Twitter qui a
été créé exprès pour moi » expliquait-t-il en septembre 2021,
montrant les messages d’un compte nommé « Doc mort » le menaçant de
décapitation.
« Je pense que le premier point de bascule a été la polémique
autour de l’hydroxychloroquine, puis en second lieu le masque et le
passe sanitaire ont fait basculer un certain nombre de personnes du
côté obscur des réseaux sociaux » commente le Dr Clarot dans une
interview accordé à nos confrères du Quotidien du médecin. «
Leur but est de nous faire taire » explique-t-il.
Elon Musk met fin à la lutte contre la désinformation
Le radiologue a reçu le soutien de l’Union Française pour une
médecine libre (UFML), dont le médiatique président, le Dr Jérôme
Marty, est depuis longtemps sensible à ces questions de menaces et
de harcèlement, dont il a lui-même été victime. « Depuis la mise
en place de l’obligation vaccinale, c’est devenu n’importe quoi, on
a dit que le vaccin était dangereux, qu’il tuait, que c’était une
injection d’une puce 5G et que les médecins qui le défendaient
participaient à un complot mondial » se rappelle le
syndicaliste.
Alors que l’épidémie est en recrudescence et qu’on reparle
dans les médias de la nécessité de porter le masque et se faire
vacciner, le Dr Marty note que le harcèlement en ligne des médecins
s’intensifie et demande aux autorités politiques et judiciaires de
les protéger. Un phénomène récemment amplifié par la décision prise
par le nouveau propriétaire de Twitter, Elon Musk, de mettre fin à
la lutte contre la désinformation scientifique sur son réseau
social, au nom de la liberté d’expression.
Malgré ces menaces, « Le Doc » n’est pas prêt à arrêter son
action de vulgarisation et de communication scientifique. « Je
vais continuer à essayer de faire passer des messages de santé,
nous n’allons pas nous taire ».
Nicolas Barbet