
Ce travail de modélisation économique avait comme objectif d’évaluer le rapport coût- efficacité du traitement de patients ayant une hépatite chronique virale C (HVC) de génotype 1 et n’ayant jamais été traités pour cette maladie. La répartition des patients tenait compte du plymorphisme IL28B, de la sévérité de la fibrose et du sous-type de génotype 1 (1a ou 1b).
Les stratégies thérapeutiques comparées étaient les suivantes : une trithérapie (TT) comportant du sofosbuvir (SOF) ou une trithérapie contenant du télaprévir (TVR) ou du bocéprévir (BOC).
Les données utilisées pour cette modélisation sont celles disponibles dans la littérature.
La population cible était constituée de patients caucasiens non traités, âgé de 50 ans, avec une HVC de génotype 1, et ceux-ci ont été évalués, sur une perspective de vie entière, par un modèle de Markov.
L'étude a été réalisée du point de vue du système de l’assurance santé italien.
Les critères de jugement incluaient les coûts actualisés (en euros à valeur 2013), les années de vie gagnées (AVG), année de vie ajustée sur la qualité de vie (QALY), et le rapport coût -efficacité incrémental (ICER).
Le coût du traitement par sofosbuvir a été estimée à 3 500€ par semaine, soit le prix générant un seuil de « volonté de payer » à 25 000 € par AVG par rapport au télaprévir dans l'ensemble de la population de patients non traités ayant une HVC de Génotype 1.
La robustesse des résultats a été évaluée par différentes analyses de sensibilité.
Le traitement avec du sofosbuvir est apparu coût-efficace par rapport à celui par bocéprévir dans toutes les stratégies, à l'exception de la prise en charge de la cirrhose et des patients IL28B CC.
En comparaison avec les stratégies basées sur le télaprévir, le traitement à base de sofosbuvir était coût-efficace chez les patients ayant un génotype IL28B CT/TT (ICER par année de vie gagnée = 22 229€ ) et ceux infectés par un virus de Gen1a (19 359€ ).
En revanche cette approche n’apparaissait pas coût-efficace chez les patients de génotype IL28B CC (45 330€), chez ceux ayant une fibrose F0 - F3 (26 444€), ou cirrhotiques (34 906€), et elle était dominée par le télaprévir chez les patients Gen1b (meilleurs répondeurs).
Les modèles étaient sensibles aux prix du sofosbuvir (c’est-à-dire que l’impact du prix dans les résultats du modèle est important) et à la probabilité de réponse virologique soutenue.
Ce travail suggère que chez les patients VHC Gen1 naïfs de traitement, une trithérapie (Peg-interféron, ribavirine et sofosbuvir) peut être une alternative coût-efficace aux inhibiteurs de protéase de première génération, en fonction du prix du sofosbuvir.
Le rapport coût- efficacité du sofosbuvir est apparu meilleur chez les patients IL28B CT/TT et ceux infectés par un virus génotype 1a. En revanche le sofosbuvir est « dominé » par le télaprévir chez les patients Gen1b même si, dans la pratique clinique, ceci peut être contrebalancé par le bon profil de tolérance de sofosbuvir et par la durée de traitement plus courte.
Cette analyse sera bien entendu à refaire avec les bi-ou trithérapies sans interféron, et dans d’autres situations clinique, comme par exemple avec les autres génotypes.
Pr Marc Bardou