Une corrélation possible entre sévérité du syndrome d’apnées obstructives du sommeil et épaisseur intima-média carotidienne

L’augmentation de l’épaisseur de l’intima-média (EIM) est un signe précoce d’athérosclérose, particulièrement facile à détecter et à mesurer au niveau des carotides au moyen de l’écho-doppler. Ce paramètre n’est pas du domaine de la pratique médicale courante, mais s’avère précieux en recherche clinique, comme le démontre une étude transversale dans laquelle ont été initialement sélectionnés 102 patients soupçonnés d’un syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS). Ce dernier est volontiers associé à la maladie cardiovasculaire et à diverses localisations de la maladie athéromateuse qui sont favorisées par une constellation de facteurs de risque, notamment le diabète, l’obésité, l’HTA et souvent les dyslipidémies. Le SAOS par lui-même n’est pas innocent, au travers des accès de désaturation nocturne qui, du fait d’une hypoxie tissulaire paroxystique souvent sévère, peut mettre le système cardiovasculaire à contribution, certes à l’échelon du myocarde, mais aussi en aval, à l’étage artériolaire et artériel.

Les 88 patients finalement inclus dans l’étude ont bénéficié d’un enregistrement polysomnographique et d’un écho-doppler carotidien. L’existence d’un ronflement a été également prise en compte. L’âge moyen des participants (dont 40 femes, 39,2 %) était de 45,9  ± 11,1 ans. Le SAOS a été jugé léger (n = 33), modéré (n = 20)  ou sévère (n = 35) en fonction des valeurs de l’index d’apnées et d’hypopnées (IAH) : ≥ 5 et < 15 ; ≥ 15 et < 30 ; ≥  30 respectivement. Le statut de ronfleur chronique a été attribué à 14 patients dont l’IAH était < 5 évènements par heure. L’analyse des données a reposé sur une analyse univariée.

Un épaississement de l’EIM carotidienne a été détecté dans 17 cas (16,7 %). Cette anomalie s’est avérée plus marquée dans les formes sévères du SAOS, notamment (p = 0,019 versus les formes légères ou modérées). Elle a en outre été significativement (p < 0,05 versus EIM normale) associée aux variables cliniques et biologiques suivantes: âge, index de désaturation en oxygène, IAH et sévérité du ronflement.

En bref, cette petite étude transversale plaide en faveur d’une association entre SAOS sévère et athérosclérose précoce, ce qui, d’un point de vue pathogénique et épidémiologique, semble plausible. Son originalité  repose sur la mesure de l’EIM carotidienne par écho-doppler, une technique qui a fait ses preuves en recherche clinique.  Les applications en pratique courante sont encore lointaines, compte tenu des limites de cette approche et de l’incertitude sur la valeur pronostique d’une anomalie infime. La sévérité du ronflement a en outre été associée à ce stigmate de l’athérosclérose précoce, un détail qui demande, pour le moins, des éclaircissements.

Dr Philippe Tellier

Référence
Salepci B et coll. : The effect of obstructive sleepapnea syndrome and snoring severity to intima-media thickening of carotidartery. Sleep Breath. 2014; publication avancée en ligne le 22 mai.

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