Dans la classification TNM des cancers du côlon (KC), le nombre
des ganglions envahis a une importance reconnue. Les curages
étendus sont réputés améliorer le pronostic, même quand les
ganglions sont indemnes (N-). Or, la proportion de ganglions
atteints (N+) reste stable même quand le curage est plus complet ;
les auteurs néerlandais ont cherché à savoir si l’exérèse de petits
ganglions
(< 3 mm) influait sur le pronostic.
Ils ont donc inclus dans leur étude 150 malades opérés de cancer du côlon entre 2005 et 2009, par voie ouverte ou cœlioscopique, l’anatomopathologiste repérant les ganglions visibles ou palpables, et les colorant à l’éosine-hématoxyline.
Parmi les 150 opérés, un envahissement lymphatique a été retrouvé chez 54, dont 5 N1 (moins de 4 ganglions envahis) et 4 N2 (≥ 4 ganglions atteints). Le siège et la taille du KC étaient identiques quel que soit le statut lymphatique mais les métastases ont été plus fréquentes en cas d’atteinte ganglionnaire (13 M+ sur 54 N+, soit 24 % vs 5 M+ sur 96 N-, soit 5 %). Le nombre moyen de ganglions prélevés a été de 15 par sujet, la taille moyenne des ganglions étaient de 3,9 mm qu’ils soient envahis ou non, (mais les ganglions de > 1 cm se rencontraient davantage en cas de malignité) et le suivi moyen a dépassé 4 ans, aucun patient n’ayant été perdu de vue.
Au total, 2 043 ganglions ont été examinés dont 99 se sont révélés envahis. Aucun des 95 ganglions < 1 mm ne contenait de cellules malignes et cela n’a été le cas que 2,4 % des ganglions < 3 mm, ce qui représente quand même 8 % des 150 patients. On considère qu’au-delà de 3,6 mm, le risque de métastase lymphatique est accru (sensibilité 74 %), sans que ceci ne représente pourtant un point pivot formel. On ne peut que constater que ce risque est minoré au-dessous de 3 mm et considérablement majoré au-delà de 10 mm.
Tous les malades N+ ont reçu de la chimiothérapie, ainsi que 5 N- qui avaient eu un curage jugé insuffisant. On a constaté que les 19 malades qui ont présenté des métastases et les 6 qui ont présenté une récidive locorégionale avaient en moyenne des ganglions de taille plus importante que ceux qui n’ont eu ni récidive ni métastases.
Enfin, on a observé une corrélation entre la taille des ganglions et le nombre de ganglions prélevés, mais seulement chez les malades N-.
Faible est la contribution des petits ganglions (< 3 mm) à la classification TNM mais les très gros, quand ils sont envahis, véhiculent un mauvais pronostic.
Dr Jean-Frd Warlin