Mélanome cutanés : le pamplemousse, un facteur de risque ?

Le mélanome malin est une tumeur cutanée dont l’incidence augmente régulièrement depuis plus de 30 ans. Différents facteurs de risque sont clairement identifiés aujourd’hui : des facteurs intrinsèques comme le phototype cutané ou l’histoire familiale et des facteurs extrinsèques comme l’exposition solaire excessive.

Un composant appartenant à la famille des furanocoumarines, le psoralène, est connu pour potentialiser l’absorption cutanée des rayons ultra-violets de type A (UVA). Ce composant étant retrouvé en quantité non-négligeable dans différent agrumes (orange, pamplemousse), des épidémiologistes américains se sont intéressés à l‘association entre la consommation d’agrumes (fruits frais ou jus) et la survenue de mélanomes cutanés. Pour cela, ils ont suivi deux cohortes composées de professionnels de santé durant 26 et 24 ans, respectivement. Les participants étaient régulièrement interrogés sur leurs habitudes alimentaires, notamment la consommation d’agrumes. A la date de fin de suivi, les données de 105 432 sujets ont été analysées.

Une association retrouvée pour le pamplemousse et le jus d’orange

Durant la période de suivi, 1 840 mélanomes cutanés ont été diagnostiqués. L’association avec la consommation d’agrumes était statistiquement significative (p<0,001) et exposition-dépendante. L’association était corrélée à l’exposition aux agrumes avec, par exemple, un hazard ratio de 1,36 (intervalle de confiance à 95 % de 1,14 à 1,63) pour les sujets qui consommaient des agrumes plus d’1,6 fois par jour (p<0,001). Cette association a été confirmée par l’analyse en sous-groupe pour la consommation de pamplemousse (fruit frais) et de jus d’orange dans une moindre mesure, mais pas pour les autres agrumes (ou forme) étudiés. L’association semblait plus forte pour les populations qui s’exposaient le plus au soleil et avaient des érythèmes actiniques (« coup de soleil ») réguliers. Les mélanomes cutanés diagnostiqués chez les sujets exposés aux agrumes étaient localisés préférentiellement sur les zones corporelles exposés (p<0,001).

Cette étude épidémiologique de grande taille confirme une hypothèse jusqu’ici vérifiée uniquement chez l’animal. Alors que les agrumes ont démontré des propriétés protectrices pour certains cancers, il semble que le psoralène, consommé en grande quantité, puisse favoriser une certaine proportion de mélanomes cutanés, dans certaines conditions. Pour autant, cette étude a été menée chez une population spécifique (professionnels de santé), non-représentative de la population générale. De plus, l’identification d’une association pour certains agrumes (pamplemousse) et certaines formes doit inciter à des investigations plus poussées pour confirmer les hypothèses des auteurs.

Florian Slimano

Références
Wu et coll.: Citrus Consumption and Risk of Cutaneous Malignant Melanoma. J Clin Oncol., 2015. Publication avancée en ligne le 29 juin 2015.

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Vos réactions (2)

  • Vive les statistiques...

    Le 30 juillet 2015

    ...à qui on fait dire tout et n'importe quoi. 1/4 des articles nous annoncent de telles corrélations : c'est décidé je ne mange plus de pamplemousse!

    Dr J-P lamagnere.

  • Manger, respirer, c'est dangereux pour la santé

    Le 05 août 2015

    C'est décidé, je ne mange plus rien, rien de rien! Manger est dangereux pour la santé. Du cancer, de les chéris chiés en colis, de la vache folle comme une guêpe, une vraie chimère, de la l'histéria collective.
    C'est décidé, je ne respire plus non plus, plus de plus. C'est dangereux pour la santé.
    En revanche, j'attaque mes parents pour m'avoir fourrée dans ce monde hostile et l'Etat pour m'y laisser m'intoxiquer.

    IG

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