Mettre les droits de l’homme au centre de la lutte contre les drogues

Paris, le mercredi 9 mars 2016 – L’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) a publié la semaine dernière son rapport annuel. Ce document fait le point sur l’évolution des consommations et comme les années précédentes met en garde contre le développement de nouvelles drogues de synthèse, dont la diffusion est facilitée par l’utilisation du web et des cadres législatifs flous. Cependant, au-delà de ces données statistiques, quelques semaines avant la tenue de la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies sur les drogues, l’OICS propose également un message plus général concernant l’orientation des politiques de lutte contre les drogues. Son discours se caractérise par un certain infléchissement de sa position antérieure.

Aider les toxicomanes : une obligation pour les états

Tout en jugeant que la légalisation de l’utilisation des stupéfiants (en dehors des usages médicaux) serait inopportune, l’OICS estime que le respect des droits de l’homme et l’obligation de soigner les personnes dépendantes doivent inspirer les politiques de lutte contre les drogues. Ainsi, l’OICS rappelle-t-elle à ses membres « leur obligation d’appliquer des programmes efficaces de prévention de l’abus de drogues ainsi que de traitement et de réadaptation des toxicomanes ». L’instance insiste encore sur le fait que « fournir des services appropriés de traitement de la toxicomanie constitue [pour les états membres] une obligation au même titre que la lutte contre le trafic de drogues. Le fait de ne pas offrir de tels services peut aggraver les conséquences sanitaires et sociales de l’abus de drogues tout en contribuant à la demande illicite de substances faisant l’objet d’abus ».

Un équilibre délicat

Dans les fais, dans de nombreux pays déjà, est recherché ce délicat équilibre entre lutte contre les trafics de drogue et prise en charge des consommateurs. Ainsi, comme en France, les peines applicables aux usagers sont de moins en moins souvent prononcées, tandis que même dans les pays non démocratiques des programmes d’aide au sevrage et de réduction des risques se multiplient.

Cependant, des efforts restent à faire. D’abord, certains états continuent à privilégier l’aspect répressif au détriment d’une prise en charge sanitaire. Par ailleurs, les changements de gouvernement peuvent fragiliser les orientations adoptées et saper le travail de prévention et de prise en charge réalisé. En France, en tout état de cause, les spécialistes de la lutte contre les drogues se félicitent de cette prise de position de l’OICS qui rappelle les discours de nombreux experts français ces dernières années.

Aurélie Haroche

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