L’alcool après la chirurgie bariatrique, d’une dépendance à l’autre

La chirurgie bariatrique est actuellement l'intervention la plus efficace pour parvenir à une perte de poids significative et durable chez les personnes obèses. Bien que les patients soient le plus souvent conscients des effets bénéfiques sur leurs comorbidités liées à l'obésité et de l’amélioration de leur qualité de vie, une petite minorité semble avoir des suites plus mitigées. C’est ainsi que, au cours de ces dernières années, de plus en plus d’études ont pu s’intéresser à l’émergence d’une consommation à risque d’alcool après une chirurgie bariatrique.

D’après la littérature, la prévalence de cette consommation à risque a beaucoup augmenté ces dernières années parmi les patients ayant bénéficié de cette chirurgie avec « une importante » minorité développant une consommation à risque d’alcool, voire même une alcoolodépendance après l’intervention alors qu’ils n’en souffraient pas auparavant. Toujours d’après la littérature, le bypass gastrique est particulièrement associé au risque de développer une alcoolodépendance, alors que ce n’est pas le cas du cerclage gastrique ajustable.

Plus encore après un bypass

Une hypothèse longuement discutée est celle du « transfert de dépendance », qui consiste à substituer une addiction (la nourriture dans ce cas) par une autre (alcool) après la chirurgie. Les études chez l’animal confirment cette hypothèse en mettant en avant une base neurobiologique commune, celle du circuit de la récompense, qui serait particulièrement modifiée après le bypass. En outre, plusieurs études pharmacocinétiques ont montré une augmentation très rapide et spectaculaire de la concentration d'alcool après un bypass.

Cette hyperstimulation neurobiologique pourrait donc être liée à la spécifié de l’intervention, en particulier lors d’un bypass, du fait d’une augmentation anormalement haute de la concentration d’alcool lors de sa consommation. Cette hyperstimulation, combinée à un terrain à risque, est susceptible d’engendrer une consommation problématique chez ces patients, voire même une alcoolodépendance. En plus de la piste du transfert de dépendance, les mécanismes addictifs chez ces personnes, ainsi que les facteurs étiologiques contributifs menant à une consommation d’alcool à risque doivent être analysés lors d’études ultérieures.

Dr Claire Lewandowski

Référence
Steffen KJ et coll. : Alcohol and Other Addictive Disorders Following Bariatric Surgery: Prevalence, Risk Factors and Possible Etiologies. Eur Eat Disord Rev., 2015; 23: 442-50.

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