
L’évaluation de la fragilité est devenue un thème dominant en cardiologie en raison de l’avancée en âge des patients et de leur complexité. Une réduction de la masse musculaire est caractéristique de la fragilité ; elle invite à éviter chez ces patients dans toute la mesure du possible, toute intervention invasive en raison de la diminution des réserves physiologiques de l’organisme et de sa vulnérabilité aux facteurs stressants.
On a ainsi montré récemment qu’une faible surface du muscle
psoas appréciée par scanner était corrélée à un mauvais pronostic
après implantation trans-cathéter d’une valve aortique
(TAVI).
Saji et coll. ont voulu vérifier cette constatation en tentant de
déterminer à leur tour si, chez les patients qui devaient
bénéficier d’un TAVI, la mesure de la surface du psoas était utile
et si elle pouvait prédire la mortalité.
L’étude rétrospective a porté sur 232 patients consécutifs hospitalisés pour TAVI. La surface des muscles psoas a été évaluée par la coupe obtenue au scanner au niveau de la 4e vertèbre lombaire et rapportée ensuite à la surface corporelle totale.
Mesure au scanner de la surface du psoas au niveau de la 4e vertèbre lombaire
Dans chacun des deux sexes, les patients ont été classés en différents tertiles en fonction de la valeur de la surface des muscles psoas rapportée à la surface corporelle totale (chez les hommes, tertile 1 : 1 708 à 1 178 mm²/m²; tertile 2 : 1 176 à 1 011 mm²/m²; tertile 3 : 1 009 à 587 mm²/m² ; chez les femmes, tertile 1 : 1 436 à 962 mm²/m²; tertile 2 : 952 à 807 mm²/m²; tertile 3 : 806 à 527 mm²/m²).
Après ajustement pour de nombreux facteurs confondants, la surface des muscles psoas rapportée à la surface corporelle était associé de façon indépendante à la mortalité à 6 mois (hazard ratio ajusté : 1,53 ; intervalle de confiance 95 % 1,06 à 2,21). L’analyse de Kaplan-Meier a montré qu’à six mois, les patients du tertile 3 avaient une mortalité significativement plus élevée que ceux du tertile 1 (31 % vs 14 % ; p = 0,029).
L’analyse a également montré que la mesure de la surface des muscles psoas rapportée à la surface corporelle totale augmentait les C-statistiques permettant de prédire la mortalité à partir des données cliniques et des résultats du test de marche (il était demandé à chaque patient de parcourir une distance de 5 mètres, d’un pas confortable, dans un couloir bien éclairé, libre de tout obstacle. La vitesse de déplacement du patient était calculée en divisant 5 mètres par le temps (exprimé en secondes) mis pour parcourir cette distance.
En conclusion, après une procédure de TAVI, la surface du muscle psoas évaluée par scanner est un facteur prédictif indépendant de mortalité ; elle donne une information qui vient donc s’ajouter à celle fournie par la clinique et la mesure de la vitesse à laquelle le patient se déplace.
Dr Robert Haïat