Négociations conventionnelles : la réunion de la dernière chance ?

Paris, le mercredi 27 juillet 2016 – Les syndicats représentant les médecins libéraux et les responsables de l’Assurance maladie se retrouvent aujourd’hui pour une ultime séance de négociations en vue de l’établissement d’une nouvelle convention, avant que chacun ne parte en vacances, comme l’a résumé le patron du Syndicat des médecins libéraux (SML). Une proposition de texte très légèrement modifiée par rapport à celle transmise vendredi devrait être présentée aux syndicats, mais cette dernière ne comportera pas d’évolutions sur le fond. Cependant, des ajustements seront possible en séance a indiqué l’Assurance maladie.

Le C à 25 € en une ou deux étapes ?

Pour emporter l’adhésion des syndicats, il faudrait que ces amendements concernent, au moins, le calendrier de la revalorisation du C, dont la plupart des syndicats, MG France et la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) en tête, refusent qu’elle soit scindée en deux étapes. Mais à l’heure où l’enveloppe mise sur la table par l’Assurance maladie s’élève déjà entre 910 et 920 millions d’euros (soit bien au-delà du budget de la précédente convention qui avait atteint 663 millions, en comptabilisant la part des mutuelles), il est peu probable qu’une telle annonce soit possible de la part de l'Assurance maladie.

Appréciations différentes chez les spécialistes

La revalorisation du C ne constitue en outre pas l’unique point de blocage. Chez les spécialistes de secteur 2, la déception est vive. « Le syndicat déplore toujours la stigmatisation des médecins du secteur 2 » relève ainsi le SML dans un communiqué alors que ces praticiens ne bénéficieront pas de la plupart des augmentations prévues et notamment de celle du C. Du côté de l’Union des médecins spécialistes confédérés (UMESPE), branche spécialiste de la CSMF on regrette également des revalorisations trop « dissymétriques».


Cependant, l’ensemble des représentants des spécialistes ne partage pas cette appréciation négative. Le Bloc, satisfait des avancées obtenues en ce qui concerne les actes techniques est ainsi le seul syndicat à projeter une signature en l’état. Néanmoins, cette attitude pourrait créer des divisions en son sein. En tout état de cause, les anesthésistes n’ont pas tous la même vision des propositions de la CNAM, quand le Bloc se réjouit des promesses réalisées, le Syndicat national des médecins anesthésistes réanimateurs (SNARF) s’est pour sa part affligé de la tournure « catastrophique » des négociations. Outre le C et le sort des spécialistes, le montant du "forfait structure" qui a été un des points cruciaux des discussions demeure également un point de discorde possible. Le fait que le montant maximum (4 900 euros par an et par médecin) ne pourra être atteint qu’en 2019 à la condition que différents critères soient remplis déçoit les syndicats et en particulier la Fédération des médecins de France (FMF) ou la CSMF.

La fin de l’été sera chaude

Dans ce contexte, la signature de l’ensemble des syndicats, à l’exception du Bloc est aujourd’hui compromise. Nous l’avons évoqué en début de semaine, au-delà des propositions de l’Assurance maladie, les rapports difficiles avec le ministère de la Santé pourraient avoir une influence décisive. Si la FMF ou le SML se montrent ainsi très hostiles à l’idée de parapher un texte soutenu par Marisol Touraine, MG France considère pour sa part qu’un tel argument ne doit pas jouer. Cité par le Figaro, son président Claude Leicher considère qu’il serait impensable de refuser une augmentation du C pour « faire payer notre mauvaise humeur au gouvernement». S’il apparaît donc que l’opposition des uns et des autres n’est sans doute pas totalement figée, puisque beaucoup admettent que l’effort financier est important, une signature aujourd’hui semble peu probable. La FMF a ainsi déjà prévu de consulter ses troupes ce week-end, tandis que la CSMF et le SML tiendront des assemblées générales le 25 août, soit à la veille de l’ultimatum fixé par les pouvoirs publics pour l’établissement de la nouvelle convention.

Dernière heure : Lors de la séance de négociations conventionnelles du jour, l'Assurance maladie aurait proposé de revaloriser le C à 25 euros en une seule fois dès le 1er mai 2017 et non plus en 2 étapes comme elle l'avait indiqué précédemment. Une avancée saluée par MG France et la CSMF.


Aurélie Haroche

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Vos réactions (3)

  • Pénalisation des patients de médecins en secteur 2

    Le 27 juillet 2016

    En fait,ce sont les patients qui souhaitent consulter un médecin du secteur 2 qui sont pénalisés.

    Dr Philippe Peu Duvallon

  • Trou de mémoire

    Le 29 juillet 2016

    Alors même que l'on doit la création du secteur II à l'Assurance Maladie.

    Rappel : les difficultés financières de la Sécurité sociale ne lui permettent pas, et ce de façon récurrente, de revaloriser les lettres clefs des médecins : le C pour le généraliste, le Cs pour le spécialiste.

    Face à ce blocage qui provoque de fortes tensions dans les négociations conventionnelles, le Ministre en charge de la Sécurité sociale, Jacques Barrot, décide la création de deux secteurs conventionnels qui sont ainsi introduits dans la convention de 1980.

    Il s'agit du secteur I, dans lequel les médecins s'engagent à respecter les tarifs conventionnels, et du secteur II, nouvellement créé, ouvert aux médecins qui entendent demeurer dans le système conventionnel, mais sans être liés par des obligations tarifaires.

    On appelle ce secteur II le secteur à honoraires libres. La seule limite à cette liberté est la mention conventionnelle : « Tarif libre mais avec tact et mesure ».

    L'attractivité du secteur II est telle qu'elle pose problème et que dans la cinquième convention, celle de 1990, il est décidé de geler le secteur II, sauf pour les anciens chefs de clinique.

    Dr Jean Doremieux

  • Que d'illusions !

    Le 01 août 2016

    Les "chauds partisans" du secteur conventionné type I, oublient de dire que les médecins à honoraires libres, qu'ils critiquent trop souvent, assument intégralement les charges sociales de leurs professions, à l'inverse de ceux du secteur conventionné type I, assistés par la SS. Ceci signifie qu'ils coûtent moins chers à la collectivité, d'autant plus qu'ils font moins d'actes et prescrivent moins de médicaments...C'est toute la société qui est pénalisée par les médecins en secteur 1.
    Le secteur à honoraire libre, à l'inverse du secteur conventionné, respecte un peu plus le qualificatif "libérale" associé à "profession".
    40 ans de conventionnement a éliminé tout sens critique de la majorité des acteurs médicaux et paramédicaux pour aboutir à une économie en perdition : déficit financier chronique, retard d'investissement, raréfaction des acteurs et fuite des meilleurs hors de France...

    Ce n'est pas en signant une nouvelle convention, à 23, 25, 28 euros..., que toute cette économie, remontera la pente à moins de croire aux "bisounours".

    Casser le monopole de la SS française sur cette activité, libéraliser cette économie et redéfinir la portée de la solidarité collective dans le domaine, seraient la seule évolution possible, soit par choix actuellement (mais les syndicats n'en prennent pas le chemin), soit par obligation sous la contrainte de la réalité économique dans quelques années. Aucune société ne peut dépenser plus que ses ressources et l'illusion se terminera un jour dans ce siècle : tous les arbres ne montent pas aux cieux !

    C. Trape

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