Réforme des études médicales : inquiétudes des doyens
Paris, le mardi 19 février 2019 – Le gouvernement s’est engagé à
mener une réforme en profondeur des études médicales qui doit
notamment conduire à la suppression du numerus clausus et des
épreuves classantes nationales sous leur forme actuelle. Ces
dispositifs ne seront guère regrettés : l’ensemble des acteurs
concernés en déplorent l’injustice et l’absence de pertinence.
Cependant, au-delà du « diagnostic partagé » pour reprendre
l’expression utilisée par la Conférence des doyens dans une tribune
publiée aujourd’hui par Le Monde, les pistes suivies par le
gouvernement inspirent quelques inquiétudes, notamment parce
qu’elles se montrent très imprécises.
A faire mais pas très bien fait
D’abord, la réforme ne semble pas être le fruit d’une réflexion
parfaitement maîtrisée et les doyens déplorent une forme
d’impréparation, que trahit, de fait, le flou sur les systèmes qui
remplaceront le numerus clausus ou les ECN. « Nous déplorons
aussi l’absence de logique chronologique des réformes. Elles vont
modifier le premier et le deuxième cycle des études médicales après
une réforme du troisième cycle non encore aboutie et avant la
concrétisation des réformes du second cycle et du Bac. Ces éléments
affaiblissent la structuration de cette réforme et constituent des
facteurs de fragilité » ajoutent les doyens. De la même
manière, ils déplorent que le lancement de cette réforme ne
paraisse pas s’accompagner d’une réflexion sur les moyens, alors
que la progression du nombre d’étudiants en médecine ces quinze
dernières années n’a pas conduit à une progression des effectifs
d’enseignants ou des infrastructures pédagogiques.
Plus de numerus clausus, mais une sélection quand même
Semblant ne pas avoir été l’objet d’une anticipation approfondie,
la réforme pêche (cause ou conséquence de ce contexte initial) par
son manque de précision, y compris sur des points majeurs. Les
doyens déplorent ainsi : « Le Président de la République a
annoncé la fin du numerus clausus qui contrôle actuellement la
sélection des étudiants en fin de première année. Malheureusement,
le projet de loi ne définit pas clairement la nouvelle procédure.
Ainsi, il est urgent de définir sur quelles bases se fera
l’admission des étudiants dans les études médicales. Sachant qu’une
sélectivité est indispensable pour assurer une qualité de
l’exercice médical futur ». Face à ce flou, les doyens, qui ont
donné pour titre à leur tribune « Pas le droit à l’erreur »
(titre qui n’a pas été retenu par Le Monde sur son site internet)
mettent en garde contre des décisions potentiellement
contre-productives. Ils insistent notamment sur le fait que la
réforme ne doit pas conduire à un allongement des études. « Il
ne faut pas commettre l’erreur de rallonger la période de "non
choix"» signalent-ils insistant encre : « Il n’est pas
concevable de retarder l’enseignement en vie réelle ».
Pédagogie digitale
Si ces mises en garde sont essentielles, c’est parce que cette
réforme comporte des enjeux majeurs, enjeux dont les doyens
s’inquiètent encore une fois qu’ils n’aient pas été suffisamment
pris en compte par le gouvernement. Les doyens évoquent notamment
la nécessité pour la France de combler son retard en matière de «
pédagogie digitale », de renforcer l’enseignement des
sciences humaines et sociales ou encore de davantage
professionnaliser la formation. « Dans notre vision, la
conséquence principale de la suppression de la PACES est la
transformation d’une année consacrée à la sélection en une année
formatrice. Nous souhaitons aussi favoriser une formation
professionnalisante pour les étudiants qui s’engagent dans ces
formations mais qui n’accèderont pas en deuxième année
».
« Portail santé »
Les doyens ne se contentent cependant pas d’alerter ou de signaler
les insuffisances du projet actuel, ils formulent également
quelques propositions, notamment la « création d’un "portail
santé" accessible après le baccalauréat. Ce portail correspondra à
une année de formation en santé, différent de la PACES, préparant
les étudiants à accéder aux métiers médicaux, à d’autres métiers de
la santé, ou à d’autres filières auxquels nous les aurons
préparés ». Pas nécessairement parfaitement plus précis, diront
certains, tandis qu’alors que les doyens font le constat que l’une
des problématiques actuelles est liée davantage à la répartition
des médecins sur le territoire qu’à leur nombre, ils n’ont guère de
proposition en la matière (sauf pour insister sur la nécessité
d’une égale qualité de la formation dans tout le pays).
Il y a le nombre mais pas au bon endroit, c'est en substance le message des doyens. Ils confirment ce que d'autres écrivent en disant halte aux consultations inutiles. Comment expliquer, que les médecins soient débordés, ce que l'on peut comprendre dans les zones noires, mais dans le même temps le nombre de passages aux urgences augmente tous les ans et cela partout ?
Les politiques ne voulant pas faire face à ce problème, décident de saturer encore un peu plus "le marché" en ouvrant toutes les vannes. Mais, les facs ne sont pas extensibles et les hôpitaux sont en contraction de lits. Effectivement on peut se poser la question de la qualité de la formation.
Et dans quelques années devant la poussée des syndicats médicaux et de la sécu on remettra en route une sélection drastique comme pour le NC. Je rappelle qu'en 1971, il fallait avoir la moyenne et être classé, et qu'il y a eu des étudiants qui étaient classés mais sans la moyenne et qui de fait ont été recalés.