Les médecins ont peur d’être dénigrés par leurs patients sur les réseaux sociaux
Paris, le jeudi 11 avril 2019 – Internet et les réseaux
sociaux sont régulièrement soupçonnés d’avoir contribué à une
dégradation des rapports entre les médecins et les malades. Ce qui
a longtemps relevé d’une simple impression apparaît aujourd’hui de
plus en plus régulièrement étayée par différentes enquêtes et
études. Ainsi, un récent sondage réalisé par Odoxa pour la
fondation Fondapro (créée par un groupe de médecins sous l’égide de
la Fondation de France et dédié à la sécurité des soins et des
patients) en partenariat avec l'Académie de chirurgie qui a
présenté les résultats met en évidence comment le web paraît
perturber les échanges entre les praticiens et leurs patients. Les
médecins interrogés (des spécialistes nécessitant un plateau
technique, chirurgiens, gynécologues-obstétriciens, anesthésistes
réanimateurs) sont en effet 37 % à avouer avoir peur d’être «
victimes d’un dénigrement » par l’un de leurs patients sur
les réseaux sociaux, et 32 % éprouvent « souvent » cette
crainte (5 % parfois). Seuls 30 % des médecins ne ressentent jamais
cette inquiétude.
Internet et la judiciarisation peuvent dégoutter de l’idée de
devenir chirurgien ?
Au-delà de ces conflits personnels, les praticiens portent un
regard plutôt négatif sur l’usage que les patients peuvent faire
d’internet et sur l’impact des informations disponibles sur le web
sur la relation médecin/malade. Ainsi, 54 % des médecins jugent que
« le grand nombre d’informations médicales désormais disponibles
sur internet » joue un rôle négatif sur le lien entre eux et
les patients. Ils ne sont que 25 % à considérer cette influence
comme positive, tandis que les autres jugent qu’internet n’a guère
de rôle. Qu’ils soient inquiets, bienveillants ou indifférents à
l’égard d’internet, quasiment tous les médecins (92 %) pensent que
le risque de dénigrement sur les réseaux sociaux ainsi que le
risque de poursuites judiciaires s’est aggravé ces dernières
années. D’ailleurs, pour les médecins, internet associé à la
judiciarisation sont si néfastes qu’ils sont 80 % à être convaincus
qu’ils vont pousser les jeunes à se détourner de certaines
spécialités, 60 % qu’ils vont dissuader les praticiens de prendre
certaines décisions et 56 % qu’ils vont contribuer à faire renoncer
à quelques vocations.
Des médecins pourtant encore trop optimistes ?
Les médecins se méprennent-ils de façon exagérée sur les
influences négatives d’internet ? Ils pourront se rassurer en
constatant, toujours selon cette même enquête, que l’évaluation des
médecins n’est pas le premier motif de consultation d’internet pour
des raisons médicales par les patients. Seuls 25 % des Français
indiquent avoir déjà cherché à connaître les éventuels avis postés
sur un médecin. La recherche d’informations sur une pathologie en
particulier est bien plus fréquente (67 %) ainsi que la volonté de
réaliser un autodiagnostic (37 %).
Par ailleurs, d’une manière générale, les relations entre les
médecins et les patients demeurent bonnes. Ainsi, la note moyenne
des patients attribuée à leur relation avec leur médecin est de
8/10. Cependant on observe que tout en s’inquiétant de certaines
dérives contemporaines, les médecins sont plus nombreux à se
montrer optimistes sur la qualité de la relation médecin/malade que
les patients. Ils sont ainsi 92 % à juger « bonne » cette
relation, contre 64 % des Français.
Patients absents
Outre le parasitage créé par internet (et la tendance à la
judiciarisation), la relation médecin/malade peut être altérée par
des impolitesses plus classiques, telle que l’absence aux
rendez-vous. Ces dernières demeurent légions. Ainsi, selon une
autre enquête réalisée par Odoxa pour la Mutuelle nationale des
hospitaliers et dévoilée aujourd’hui, 97 % des médecins libéraux et
90 % des hospitaliers ont déjà été confrontés à des rendez-vous non
honorés. Quelques 15 % des Français (30 % chez les plus jeunes !)
acceptent de reconnaître qu’ils ont déjà manqué un rendez-vous
médical sans prévenir. Ils admettent également que ce n’est
majoritairement pas l’urgence et l’impossibilité technique de
prévenir qui les ont empêchés d’alerter le praticien : la moitié
des patients évoquent un oubli et ils sont même 4 % à avouer que la
disparition spontanée de leur problème médical les a conduits à ne
pas consulter ! Les médecins ne sont d’ailleurs pas dupes : 80 %
pensent que les rendez-vous non honorés sont liés à l’inconséquence
des patients. Est-ce que les médecins seront rassérénés en
apprenant que 88 % des Français sont conscients que ne pas prévenir
de son absence est problématique ou retiendront-ils plutôt que 12 %
jugent que les conséquences ne sont guère importantes ? Réponse
peut-être sur les réseaux sociaux !
Curieuse de ce phénomène, je regarde en ligne si j'en suis l'objet. En effet, en tant que pédiatre, je suis supposée avoir été agressive vis à vis d'une famille, et même de l'enfant, et aussi méprisante pour mes confères ! Inimaginable ! L'auteur ayant signé de son nom, je regarde la consultation : l'enfant a bien été reçu, une seule fois à 18 mois. Cet enfant n'avait aucune vaccination, et était nourri exclusivement par des laits végétaux, sans aucun argument objectif, et sans accompagnement médical. J'ai donc expliqué la position raisonnable à ce sujet, et prescrit un hydrolysat de riz, adapté aux besoins de l'enfant et peut être est ce cela "être agressive"? dire la vérité ?. Par ailleurs ce patient avait un rendez -vous suivant, qu'il n'a pas honoré, et pour lequel il n'a pas prévenu. Bien sûr, je n'ai pas répondu. C'est dangereux et asymétrique ces annotations sur internet, il faudrait pouvoir les faire supprimer très facilement.
Dr Sophie Tourtet
La e reputation
Le 12 avril 2019
Il faut que le conseil de l’ordre prenne la défense des médecins et les aident à supprimer les avis negatifs car il n’y a que des avis négatifs qui portent préjudice à sa propre réputation liée au nom.
Internet et la judiciarisation peuvent dégoûter de l’idée de devenir chirurgien ?
Le 14 avril 2019
La plaie des réseaux sociaux c'est la calomnie et le non respect de la vie privée, les jugements à l'emporte-pièce, les réactions primitives et la méchanceté. Difficile sinon impossible de résoudre ce problème sans toucher à la liberté (qui s'arrête là ou commence celle des autres paraît-il).