
Paris, le lundi 17 juin 2019 – A l’issue de la première rencontre de la mission nationale sur les urgences qui a réuni une cinquantaine de participants au ministère de la santé vendredi, Agnès Buzyn a dévoilé une batterie de mesures pour tenter de mettre fin au mouvement de grève qui touche, désormais, 106 Services d’accueil des urgences (SAU).
Elle a ainsi annoncé le déblocage « immédiat » de 70 millions d'euros.
Une prime de 100 euros pour tous les personnels dès juillet
Une large part de ce montant (55 millions) sera consacrée à la généralisation et la revalorisation d'une prime de risque, de « 100 euros net mensuels », versée dès juillet « à tous les professionnels des services d'urgence (hors médecins) », d'après le ministère qui estime que ce dispositif concernera « 30 000 personnes ».
Il s'agit de « prendre en compte » la « situation
particulière » des personnels de ces services, souvent
confrontés à « des patients violents » et à des «
incivilités » a martelé le ministre.
Une nouvelle prime de coopération de 100 euros brut mensuels sera
également mise en place à destination des professionnels
paramédicaux à qui sont déléguées des tâches médicales.
A ces bonus s'ajoute une enveloppe de 15 millions d'euros qui doit
permettre « aux services d'urgence en tension » de «
renforcer leurs effectifs paramédicaux durant la période
estivale et de maintenir ainsi un maximum de lits ouvert »
selon un communiqué du ministère, qui prévoit une réunion sur le
sujet le 18 juin.
Enfin, le plafonnement des heures supplémentaires sera rehaussé, à 20 heures par mois.
L’enfer est pavé de missions
Ces avancées obtenues ne sont semble-t-il pas suffisantes pour
mettre fin au conflit. Patrick Bourdillon de la CGT Santé
tonne ainsi « 15 millions sur 600 services d'urgences c'est une
goutte d'eau dans un océan ». Il déplore également que le
ministre ait « refusé un moratoire » sur les fermetures de
lits.
« Des effets d'annonce sur les primes avec beaucoup
d'incertitudes, des protocoles de coopération seulement pour les
infirmiers » renchérit de son côté Hugo Huon, infirmier à
l’hôpital Lariboisière, l’un des porte-parole du collectif
Inter-Urgences.
Du côté de la Fédération hospitalière de France (FHF), la circonspection reste également de mise. Son président, Frédéric Valletoux estime en effet que « le problème de fond n'est pas réglé du tout » et continue de pointer la « responsabilité » des médecins libéraux.
Autre signe que ces mesures n’ont pas convaincu : ce week-end, une tribune dans Le Monde signée par une centaine d’urgentistes continuait d’appeler à « sortir du dogme politique de la contrainte budgétaire » et dénonçait un enfer « pavé de feuilles de route et autres commissions ».
C’est dans ce contexte que les discussions de la « mission nationale » doivent reprendre dès demain.
F.H.