Exclusif : une majorité de pros de santé pour la réouverture progressive des écoles à partir du 11 mai
Paris, le mercredi 6 mai 2020 – Conscient que la réouverture
des écoles constitue l’une des principales préoccupations des
Français et des élus à la veille du probable déconfinement, le
Président de la République, Emmanuel Macron s’est rendu hier dans
une école primaire de Poissy (Yvelines). Il a ainsi pu une nouvelle
fois rappeler les enjeux de ce retour à la vie scolaire. « Pour
des raisons éducatives, pour des raisons sociales, (...) on a
besoin de faire progressivement revenir les enfants à l'école (…)
Mon objectif, c'est pas combien d'écoles, c'est que tous les
enfants qui ont besoin de revenir à l'école (...) puissent trouver
une école ouverte avec un temps aménagé » a-t-il ainsi
détaillé.
Le sujet qui crée la discorde
Cette séquence pédagogique (où l’on a également vu Emmanuel
Macron s’improviser professeur en mesures barrières) était rendue
indispensable par la fébrilité des Français et des maires sur ce
sujet. Un sondage publié mercredi dernier par Opinion Way au
lendemain de la présentation du plan de déconfinement par Edouard
Philippe, révélait ainsi que si la plupart des mesures déclinées
(port du masque dans les transports, maintien du télétravail,
annulation d’évènements sportifs et culturels…) rencontraient une
forte adhésion des Français, en revanche, sur l’école les avis se
révélaient très partagés avec 49 % de Français hostiles et autant
de favorables. Quelques jours auparavant, une enquête révélée par
le Figaro indiquait par ailleurs que 64 % des Français
n’avaient pas l’intention de renvoyer leur enfant en classe, avec
une proportion plus forte chez les plus défavorisés (semblant
marquer l’échec des intentions affichées par le gouvernement).
Néanmoins, la proportion de Français défavorables à la réouverture
des écoles semble s’éroder au fil des jours atteignant 63 % dans
l’enquête Odoxa-Dentsu publiée le 23 avril par le Figaro contre 49
% le 29 avril (enquête Opinion Way).
Sur la même ligne que les représentants des pédiatres
français
Il n’est pas impossible que l’évolution de l’épidémie et la
préparation du déconfinement conduisent en effet à diminuer
l’appréhension et la sidération initiales liées à cette mesure.
Ainsi, on observe qu’une majorité de professionnels de santé (57 %
des 804 répondeurs contre 38 % opposés à la réouverture la semaine
prochaine) ayant participé depuis le 26 avril à notre sondage se
déclarent favorables à la réouverture progressive des écoles le 11
mai.
Sondage réalisé sur JIM du 26 avril au 5 mai
2020
Ce résultat semble être le fruit à la fois de l’évolution des
connaissances concernant le rôle des enfants dans la propagation de
l’épidémie (qui semblent ne pas être les importants vecteurs qu’ils
étaient suspectés être initialement), des données plutôt
rassurantes concernant la maladie chez l’enfant et de la nécessité
d’engager la France sur la voie de la reprise d’activité. Ainsi,
bien que le patron du conseil de l’Ordre des médecins se soit au
lendemain du discours d’Emmanuel Macron du 13 avril clairement
déclaré hostile à une mesure qualifiée « d’illogique », les
professionnels de santé semblent plutôt s’inscrire dans la lignée
d’autres instances telles l’Association Française de Pédiatrie
Ambulatoire (AFPA), le Groupe de Pathologie Infectieuse Pédiatrique
(GPIP) et la Société Française de Pédiatrie (SFP) qui fin avril se
sont déclarés favorable à « un retour en collectivité des
enfants dans le respect des mesures barrières dont l’application
doit être adaptée aux différentes tranches d’âges
».
Ce que l’on sait c’est que l’on ne sait rien
Ces positions dépassent donc le fait que sur le sujet de la
réouverture des écoles, c’est l’incertitude qui domine comme le
révèle la lecture de la synthèse publiée ce 4 mai par Santé
publique France (SPF). Qu’il s’agisse du rôle des enfants dans la
diffusion de l’épidémie, de l’efficacité de la fermeture des écoles
et des conséquences de leur réouverture, ce que l’on sait c’est en
effet surtout que l’on ne sait rien. « L'importance des enfants
dans la transmission du virus reste mal connue. Il est actuellement
très difficile d’évaluer la circulation du virus dans cette
population à partir des connaissances produites lors de la première
phase épidémique, et la contribution envisageable des enfants à sa
dynamique. L’appréciation du rôle des enfants lors du
"déconfinement" est à ce stade des connaissances très
incertaine.
Au sein des mesures de distanciation physique, les études
de modélisation indiquent que l’effet de la fermeture des écoles
sur l’atténuation du pic épidémique est limité mais que le maintien
à un niveau contrôlé de la transmission passe par le maintien
prolongé de cette fermeture. Il n’existe pas d’études disponibles
évaluant l’effet spécifique de la réouverture des écoles »
résume ainsi SPF. Ce qui semble le plus établi c’est que le sujet
inquiète, note l’agence qui observe encore que : « La fermeture
des écoles et le confinement, mesures nécessaires à la gestion de
l’épidémie, par l’impact qu’ils entraînent sur les déterminants
psycho-sociaux, sociaux et environnementaux de la santé, peuvent
avoir des conséquences sur la santé physique, mentale et le
bien-être des enfants aujourd’hui et à long terme ». Mais SPF
se veut également optimiste sur les effets potentiellement
positifs. Ainsi, tout en signalant qu’il pourrait être nécessaire
d’adopter des « mesures spécifiques pour prévenir la
stigmatisation et soutenir la santé mentale », elle note que
l’apprentissage des mesures barrières aux enfants « apparaît
être une stratégie positive pour impliquer les enfants en tant que
promoteurs/défenseurs de la prévention ». Peut-être la
génération Covid-19 sera-t-elle en effet plus familière avec les
gestes aujourd’hui enseignés à toute la société !
A moins que comme leurs aînés avant eux, ils finissent par
oublier et par s’en laver les mains.
On peut quand même comprendre une certaine réticence... L'étude du cluster du collège de l'Oise n'est pas vraiment rassurante, les "mesures barrière" sont un peu utopiques chez des gamins de 7 ans. Effectivement 6 mois d’arrêt scolaire ne semblent pas souhaitable, mais quand on voit l'importance de la transmission entre les membres d'un meme foyer et le nombre de formes inapparentes chez les petits, c'est quand mème un gros coup de poker...sauf si Raoult a raison sur la saisonalité du virus... rendez vous fin juin...
Dr Alain Champemond
Bon...
Le 08 mai 2020
Il y a quand même 38% de fainéants (car si les enfants ne rentrent pas les parents restent à la maison bien sur...Mais on peut aller se promener quand même !).