Vingt sociétés savantes françaises appellent à ne pas avoir peur du retour à l’école !

Paris, le jeudi 14 mai 2020 - Ce matin, des milliers d’enfants parisiens, lillois, lyonnais ou encore rennais ont à leur tour repris le chemin de l’école, après des milliers d’autres élèves dans le reste de la France depuis mardi. Ils ont ainsi pu faire à leur tour l’expérience d’une école d’un nouveau type avec des professeurs masqués, l’interdiction de s’approcher à plus d’un mètre de ses camarades et des effectifs très réduits. Néanmoins, en dépit des marquages au sol dans les cours de récréation dont les images ont suscité une certaine circonspection, les enfants, rompus aux gestes barrières après deux mois de matraquage à la télévision, ont souvent goûté cet ersatz de retour à la normale.

Un protocole sanitaire ubuesque

Pourtant, cette rentrée, partielle et progressive a été l’objet d’une très forte réticence de la part non seulement de certaines organisations de professionnels de santé (Ordre des médecins, Fédération des médecins de France par la voix de son patron ou encore Syndicat national des professionnels infirmiers) mais aussi d’enseignants. Chez ces derniers, l’inquiétude vis-à-vis des conséquences de l’épidémie a ensuite été concurrencée par une certaine colère contre le protocole sanitaire national, à certains égards ubuesque, qui leur a été imposé. Néanmoins, le gouvernement peut aujourd’hui se féliciter que plus de huit écoles sur dix accueillent aujourd’hui une partie de leurs élèves.

Pas de raison de priver les enfants de câlins !

Une rentrée plus légère aurait-elle été possible ? Oui répondent en chœur vingt sociétés savantes de pédiatrie dans une tribune publiée dans le Quotidien du médecin. « Les mesures de distanciation excessive (comme la suppression des espaces de jeux, l’interdiction aux enfants de jouer entre eux, ou le refus de consoler un enfant) sont inutiles voire préjudiciables. Dans la pratique, elles sont manifestement inapplicables et seraient susceptibles d'entraîner une anxiété particulièrement néfaste au développement des enfants et générateurs de troubles du comportement potentiellement majeurs. Ces mesures excessives font également perdre sens et engagement au métier exercé auprès des enfants par les assistantes maternelles, les professionnels des crèches et des écoles » relèvent ces institutions, qui semblent donc suggérer que certains dispositifs qui s’imposent aujourd’hui mériteraient d’être rapidement assouplis. A contrario, ces organisations rappellent le caractère indispensable du lavage des mains.

Les maladies infectieuses tuent chaque année quelques dizaines d’enfants

Ce texte est également l’occasion de rappeler que les sociétés de pédiatrie se sont rapidement prononcées en faveur d’une réouverture des écoles, en s’appuyant sur des données majoritairement rassurantes concernant tant le tableau type de la maladie chez l’enfant que leur rôle probable dans l’épidémie. Une fois encore, elles insistent : « Il est urgent de maîtriser nos peurs et d'aller de l’avant pour le bien des enfants ». Se débarrasser des craintes passe notamment par une mise en perspective du risque. Ainsi, évoquant les cas de pseudo-Kawasaki rapportées par les autorités sanitaires de plusieurs pays, les sociétés de pédiatrie rappellent « Ces cas graves, tous douloureux pour les familles concernées, doivent être mis en perspective des complications sévères et des décès associés aux autres agents infectieux, virus ou bactéries, chez l’enfant. En 2016, 40 enfants de 1 à 14 ans sont ainsi décédés d’une maladie infectieuse (INSEE) ».

Une position à écouter ?

Enfin, ces organisations insistent sur le rôle crucial des structures scolaires et d’accueil : « Ouvrir les écoles et les collectivités est aussi indispensable pour stopper tous les effets délétères du confinement sur certains enfants : décrochages scolaires, victimes de maltraitance, absence de protection vaccinale, rupture de suivi pour une maladie chronique. Le véritable risque pour l’enfant dans cette épidémie Covid-19 est sûrement de le priver d’un environnement socio-éducatif bénéfique à son développement, et d’un suivi médical de prévention indispensable à sa bonne santé ». Sans doute, ne serait-il pas inutile que le gouvernement s’inspire d’une telle prise de position, si l’ouverture des écoles était élargie dans les semaines à venir.

A.H.

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