
Un protocole sanitaire ubuesque
Pourtant, cette rentrée, partielle et progressive a été
l’objet d’une très forte réticence de la part non seulement de
certaines organisations de professionnels de santé (Ordre des
médecins, Fédération des médecins de France par la voix de son
patron ou encore Syndicat national des professionnels infirmiers)
mais aussi d’enseignants. Chez ces derniers, l’inquiétude vis-à-vis
des conséquences de l’épidémie a ensuite été concurrencée par une
certaine colère contre le protocole sanitaire national, à certains
égards ubuesque, qui leur a été imposé. Néanmoins, le gouvernement
peut aujourd’hui se féliciter que plus de huit écoles sur dix
accueillent aujourd’hui une partie de leurs élèves.
Pas de raison de priver les enfants de câlins !
Une rentrée plus légère aurait-elle été possible ? Oui
répondent en chœur vingt sociétés savantes de pédiatrie dans une
tribune publiée dans le Quotidien du médecin. « Les mesures de
distanciation excessive (comme la suppression des espaces de jeux,
l’interdiction aux enfants de jouer entre eux, ou le refus de
consoler un enfant) sont inutiles voire préjudiciables. Dans la
pratique, elles sont manifestement inapplicables et seraient
susceptibles d'entraîner une anxiété particulièrement néfaste au
développement des enfants et générateurs de troubles du
comportement potentiellement majeurs. Ces mesures excessives font
également perdre sens et engagement au métier exercé auprès des
enfants par les assistantes maternelles, les professionnels des
crèches et des écoles » relèvent ces institutions, qui semblent
donc suggérer que certains dispositifs qui s’imposent aujourd’hui
mériteraient d’être rapidement assouplis. A contrario, ces
organisations rappellent le caractère indispensable du lavage des
mains.
Les maladies infectieuses tuent chaque année quelques dizaines d’enfants
Ce texte est également l’occasion de rappeler que les sociétés
de pédiatrie se sont rapidement prononcées en faveur d’une
réouverture des écoles, en s’appuyant sur des données
majoritairement rassurantes concernant tant le tableau type de la
maladie chez l’enfant que leur rôle probable dans l’épidémie. Une
fois encore, elles insistent : « Il est urgent de maîtriser nos
peurs et d'aller de l’avant pour le bien des enfants ». Se
débarrasser des craintes passe notamment par une mise en
perspective du risque. Ainsi, évoquant les cas de pseudo-Kawasaki
rapportées par les autorités sanitaires de plusieurs pays, les
sociétés de pédiatrie rappellent « Ces cas graves, tous
douloureux pour les familles concernées, doivent être mis en
perspective des complications sévères et des décès associés aux
autres agents infectieux, virus ou bactéries, chez l’enfant. En
2016, 40 enfants de 1 à 14 ans sont ainsi décédés d’une maladie
infectieuse (INSEE) ».
Une position à écouter ?
A.H.