
Dépistage : des données imprécises
Santé Publique France n’a pas encore établi de bilan précis de l’organisation actuelle du dépistage en France en précisant le nombre de laboratoires (public et privé) y participant, le nombre de dépistages réalisés chaque semaine (ils seraient entre 400 000 et 500 000 selon le ministre de la Santé et le président du Syndicat national des biologistes) et surtout le délai moyen d’obtention d’un rendez-vous et des résultats. Concernant ce dernier indicateur, Olivier Véran assurait dans le Parisien : « Dans plus de 80 % des cas, les résultats des tests sont rendus en moyenne en trente-six heures. Ce qui ne veut pas dire que ça ne coince pas dans certains endroits ».Des préleveurs plus nombreux… mais à former
Prioriser les demandes
Parallèlement à l’élargissement des personnes habilitées à prélever, le ministre de la Santé a également fait montre d’autorité. « Je suis moi-même amené à appeler des directeurs de laboratoires, et je l'ai fait encore plusieurs fois cette semaine, pour les rappeler à l'ordre. (…) En Ile-de-France, nous avons ainsi identifié 30 laboratoires, faisant partie de grands groupes privés, qui ne font aucun test PCR. Nous les avons tous appelés pour qu'ils le fassent ». Face à cette déclaration, François Blanchecotte enjoint le « charmant » ministre de la Santé à ne pas « nous taper sur les doigts à chaque fois que l'on essaye de faire les choses ». Il souligne que la situation est plus complexe qu’elle est ainsi présentée et que si dans certains cas des améliorations de l’offre de soins pouvaient être effectivement attendues, dans d’autres cas, liés à un manque de personnel ou à la nécessité d’assurer la prise en charge des patients non Covid, la situation était plus difficile. D’une manière générale, il rappelle d’abord que les laboratoires publics sont eux aussi amenés à participer à l’effort collectif et par ailleurs que pour limiter les phénomènes d’engorgement une préparation plus rigoureuse des opérations est indispensable. Il relève ainsi que les laboratoires n’ont été prévenus que quelques heures avant le début de l’opération d'envoi début juillet de plus d’un million de bons de dépistage en Ile de France ce qui a contribué à faire exploser le standard de nombreux laboratoires. Soutenir les laboratoires dans leurs démarches administratives, la gestion des appels téléphoniques (afin de prioriser les demandes et d’organiser les rendez-vous) et grâce à la mise à disposition de locaux plus importants sont les attentes des médecins biologistes aujourd’hui. La question de la priorisation apparaît essentielle, en se basant sur des critères médicaux opposables, notamment à l’heure de l’élargissement souhaité par les pouvoirs publics. Enfin, tant le ministre de la Santé que le SDB espèrent que la validation des tests salivaires avec résultats rapides permettra de diversifier l’offre et ainsi d’alléger le travail des laboratoires.Aurélie Haroche