Isoler vraiment les sujets infectés, un plaidoyer de représentants de patients et de médecins
Paris, le mardi 24 novembre 2020 – Parmi les freins à la mise
en place d’une politique d’isolement plus contraignante, la crainte
d’un rejet de l’opinion publique face à cette énième restriction de
liberté, qui serait en outre individualisée et non plus collective,
n’est probablement pas étrangère à la réticence du gouvernement.
Semblant vouloir démontrer au gouvernement que cette appréhension
n’est pas nécessairement pleinement justifiée, le collectif France
Assos Santé qui regroupe 85 associations nationales de patients
publie aujourd’hui dans le Parisien une tribune soutenue par
plusieurs médecins (dont le professeur Axel Kahn, président de la
Ligue contre le Cancer) qui incite le Conseil de Défense à déployer
une stratégie de lutte contre l’épidémie de Covid-19 qui soit bien
plus certainement centrée sur un isolement systématique des
personnes infectées par SARS-CoV-2.
Mieux vaut l’isolement des personnes infectées que le
confinement de toute une population
France Assos Santé considère qu’un nouveau confinement serait
particulièrement difficile à supporter pour les Français compte
tenu des multiples conséquences néfastes de cette mesure dont le
poids ne fait que progresser avec son prolongement et sa répétition
: précarité et incertitude économique, reports de soins, ruptures
de prise en charge, troubles psychologiques… Or, l’observation des
exemples étrangers permet de se convaincre facilement qu’un
repérage très précoce des sujets infectés par SARS-CoV-2 et un
respect sans faille des mesures d’isolement de ces derniers (et
d’autant plus quand ils sont symptomatiques) est un gage de
meilleur contrôle de l’épidémie et permet d’éviter les mesures de
confinement les plus strictes (même si doivent demeurer un certain
nombre de dispositions, comme la limitation des rassemblements les
plus importants, la promotion du télétravail, l’évitement des
transports très fréquentés…). Aussi, France Assos Santé énonce
clairement sa recommandation : « Il s’agit de miser sur une
stratégie plus ferme du dispositif « tester-tracer-isoler »
redéfinie et assortie d’un dispositif d’accompagnement et d’appui
de toutes les personnes, cas index et cas contacts, qui devront
être protégés pour respecter un temps de restriction complète de
leurs déplacements et de leurs contacts, et donc s’isoler pendant
un minimum de 7 jours, et espérer un dispositif à la hauteur des
enjeux ». Prolongeant ce principe de base, le collectif
d’associations de patients énumère quatre mesures : « Le
développement de tests de dépistage antigéniques à grande échelle,
éventuellement suivis de confirmation par test RT-PCR. La mise en
place d’une restriction complète de déplacement et de visite, des
cas index et des cas contacts, sous contrôle et réduite au temps de
la contagiosité (de 7 à 15 jours maximum selon les cas), avec
isolement en conditions adaptées. L’accompagnement et le soutien
des sujets testés positifs, avec ou sans symptômes Covid-19, ainsi
que des cas contacts si nécessaire, en offrant un espace protégé
mis à leur disposition selon les besoins et tenant compte de leurs
conditions de vie. Cet accompagnement s’entend en termes de
maintien des ressources matérielles (salaires ou rémunérations),
obligation de fournir un lieu de résidence confortable, un lien
permanent avec un accompagnateur chargé de veiller à l’accès aux
soins, à l’approvisionnement, au confort et au maintien des liens
avec la famille, etc. tout pour réaliser une réelle protection
individuelle et collective. Ce dispositif doit trouver sa place et
être articulé (...) avec les équipes renforcées de traçage Contact
Covid de l’assurance maladie. Il peut s’appuyer sur un réseau de
volontaires tel que celui développé dans le cadre de Covisan.
L’application Tousanticovid, déployée plus volontairement au nom de
la santé publique, pourrait également contribuer à retrouver une
meilleure liberté sociale ». Enfin, les auteurs du texte
résument leur position : « Mieux vaut une restriction stricte
individuelle des déplacements et des contacts, assortie d’une bonne
protection de quelques jours, dans un cadre sécurisé, adapté et
accepté, qu’un nouveau confinement généralisé et long de toute une
population face à des risques collectifs élevés. »
Une ordonnance déjà faite en septembre sans aucune
observance
Cette proposition, on le voit, se veut un équilibre entre un
dispositif uniquement contraignant et autoritaire et un
accompagnement répondant à l’ensemble des besoins des personnes
devant s’isoler. Si la force de cet appel réside dans le fait
qu’elle émane d’associations de patients, il est loin d’être le
premier du genre. Depuis le début du mois de septembre (et même
lors de la première phase de l’épidémie), les débats, discours,
recommandations se sont multipliés sur le sujet notamment sur JIM.
Ils se sont notamment appuyés sur les multiples témoignages,
recueillis en particulier sur les réseaux sociaux, de personnes
avouant qu’elles n’avaient pas fait le choix de s’isoler, pour
pouvoir poursuivre leur activité, et parfois poussées par leurs
employeurs. Ainsi, constatant cette réalité, tout en regrettant que
les données chiffrées sur le respect de l’isolement demeurent très
parcellaires et avec une approche très similaire à celle défendue
par France Assos Santé, le Conseil scientifique décrivait en
septembre les mesures à prendre : prescriptions d’arrêts de travail
permettant les procédures réglementaires, annulation du délai de
carence, prime de compensation de pertes de revenus pour les
professions indépendantes, certificats médicaux permettant aux
mineurs de justifier leur absence de l’établissement scolaire
(puisque l’auto-isolement suppose l’isolement de tous les membres
du foyer) et des prescriptions permettant un service de prise en
charge à domicile (courses, assistances sociales…).
Malheureusement, ces recommandations n’ont jamais été suivies
d’effets. Peut-être pensent certains parce qu’aucune sanction
n’avait été évoquée pour accompagner cette stratégie.
Un défi insurmontable ?
Les raisons de cet immobilisme sont difficiles à parfaitement
appréhender. Le défi logistique est certes important mais le
gouvernement, en dépit de réels ratés, a relevé des challenges tout
aussi complexes ces derniers mois ; tandis que la première vague de
l’épidémie a permis de constater en ce qui concerne l’offre de
soins que la souplesse des organisations et des structures pouvait
permettre de contourner de nombreux obstacles.
La réticence liée à la crainte d’un rejet de la population
oublie de la même manière que ces derniers mois également le
gouvernement n’a pas hésité à imposer une multitude de restrictions
et que s’il est possible d’empêcher une population entière de
circuler, les arguments éthiques pour limiter les déplacements de
personnes infectées perdent quelque peu de leur force (si ce n’est
bien sûr que cela induirait une « stigmatisation » des
personnes infectées qui a quasiment toujours été refusée dans
l’histoire récente).
Demeurent, également les verrous juridiques régulièrement évoqués
dans ces colonnes : la privation de liberté ne peut se faire en
France sans le contrôle du juge ce qui limite probablement la
possible adoption d’une telle mesure. Néanmoins, l’extension du
contrôle qui existe pour les arrêts maladies à celui de l’isolement
pourrait être envisagée (avec comme sanction la suspension des
indemnités et leur remboursement) à condition bien sûr qu’il soit
plus systématique. Mais peut-être une des clés des atermoiements du
gouvernement est à chercher dans le fait qu’un tel dispositif
nécessiterait des efforts de pédagogie sans précédent, sur des
points de détail parfois très précis (pourquoi par exemple ne pas
différencier chez les personnes infectées celles qui ne sont
probablement pas contagieuses comme l’indiquent les conditions
d’obtention d’un résultat positif par la RT-PCR de celles qui
présentent un risque plus certain). Or, sur ce point, le
gouvernement ne peut pas ignorer qu’il a régulièrement failli ces
derniers mois. Faire évoluer les représentations (en faisant
comprendre que travailler quand on est « malade » n’est pas
un signe d’abnégation mais représente un risque pour les autres),
proposer une organisation souple (et non des algorithmes qui
peuvent virer à l’absurde) : voilà des engagements indispensables
pour un meilleur contrôle de l’épidémie et des défis éthiques et
politiques parmi peut-être les plus difficiles à relever.
Toute décision prise par un préfet pour isoler contre sa volonté une personne présentant un problème de santé public est presque anticonstitutionnelle. Dans nos lois, la liberté individuelle prévaut sur le risque sanitaire encore actuellement. Même si notre système implique médecin, juge des libertés face à un risque sanitaire fondé et documenté, les lois n'autorisent un isolement médical contraint qu'exceptionnellement.
La lutte contre la tuberculose se heurte encore trop souvent à ces limites juridiques. Notre constitution est ainsi faite : on peut contraindre la population d'un pays et pas un individu. Seul alors peut être mis en place, un état d'urgence sanitaire contraignant une population avec sanctions pour non respect (pénalisé).
Espérons que la crise due au COVID19 fasse un précédent pour pouvoir faire évoluer cet état de fait. La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres. J'ai le droit de ne pas être infecté par le seul fait que la personne contagieuse refuse de se faire hospitaliser, d'être isolée et de se traiter. J'ai aussi le droit d'être informé de mon exposition à un agent infectieux pour pouvoir me faire dépister et me faire traiter si je suis contaminé. Certains malades refusent de donner leurs personnes contacts. L'enquête repose en grande partie sur la bonne volonté du malade à coopérer.
Ma liberté ici est l'équivalent de ma sécurité sanitaire dans la cité. Qu'en est-il dans la loi ? Et dans la constitution ? Trop de liberté tue la liberté. Si l'on ne veut pas être contraint par les règles d'une société dont les lois gèrent le vivre ensemble, alors on s'en va vivre en Hermite pour assumer seul les conséquences de ses décisions.
L'intérêt individuel ne doit pas primer sur l'intérêt collectif. La liberté des uns, contraint ici la liberté des habitants de tout un pays pourtant très idéologiquement attaché à sa liberté puisqu'elle est même constitutionnelle. Un comble, non ? Un paradoxe mortifère selon moi.
C. Durand (IDE-CdS)
Atteinte à la liberté ?
Le 25 novembre 2020
Il faut avoir une bien piètre idée (bien française) de ce qu'est la liberté pour juger que c'est une atteinte à ce principe de s'isoler durant une semaine ! Les Français qui s'élèvent contre ce qu'ils appellent des "mesures liberticides" feraient bien d'aller vivre quelque temps dans d'autres pays. Ils y apprendraient ce qu'est la privation de libertés. Les mesures autoritaires ont réglé le problème épidémique dans plusieurs pays. Il est remarquable d'observer que les pays qui ont le plus de cas par million d'habitants (Espagne - Italie - France) sont les trois qui, dans une toute récente enquête mondiale, se situent en queue de peloton (de très loin pour la France) pour l'adhésion aux vaccins. Il y a bien une corrélation manifeste entre la santé publique et la discipline citoyenne qui accepte des règles collectives.
Dr Pierre Rimbaud
Les tests ! Quels tests ?
Le 25 novembre 2020
De quoi parle-t-on ? Test PCR positifs. Après combien de duplication de l'ARN? Les tests répondent-ils aux mêmes critères? 25? 35? 40? On sera d'autant plus positif à 40x qu'a 25 (!) et qu’elle en est la signification? présence d'une partie du génome du virus? d'un virus vivant ou mort? contagieux? Test antigéniques positifs. Ag P12?, mais il me semblait qu'il y en avait 3 autres? Sur quels antigènes les tests sont-ils basés? Sont-ils à ce jour tous identiques? Le royaume de l'imprécision! Certains journalistes semblent en savoir davantage ou au moins autant que les volées de spécialises plus ou moins auto promus qui n'abordent jamais ces questions; Par ignorance?
Je suis inculte, certes, j'aimerais comprendre! Pour l'instant, j'ai la sensation d’être un demeuré... Si mes questions sont stupides, restons en la! Si elles sont légitimes, que quelqu'un me réponde!