
Informations techniques
Un temps de préparation important ne commence de fait que maintenant dans la plupart des EHPAD, qui ont reçu mardi soir un guide d’une cinquantaine de pages. Ce dernier précise que dans une première phase, les établissements doivent procéder à l’information des résidents, par différentes voies : affichages, brochures, mails, réunions. Il s’agit d’expliquer à chacun les bénéfices/risques de la vaccination, ce qui est rendu complexe par la technique particulière du vaccin Pfizer/BioNTech. Sur la base de ces informations, le consentement des résidents pourra être recueilli. Il faudra pouvoir s’assurer que cet assentiment sera « libre et éclairé » conformément à l’article L. 1111-4 du Code de la Santé Publique (CSP). Pour les personnes qui ne seraient pas en état d’exprimer leur volonté, les équipes pourront se retourner soit vers la personne de confiance qu’elle aura désignée, soit vers sa famille ou un de ses proches (articles L. 1111-6 et 1111-4 alinéa 4 du CSP).Consultation pré-vaccinale
Pour les personnes qui se seront montrées favorables à la vaccination, une consultation pré-vaccinale sera organisée (qui pourra être réalisée en téléconsultation) afin d’une part d’éliminer des éventuelles contre-indications et d’autre part d’enregistrer dument le consentement écrit de la personne (qui devra être renseigné sur un portail spécialement mis en place, et qui sera actif à partir du 4 janvier). Ces multiples démarches doivent permettre de s’assurer du caractère raisonné du consentement (grâce à un temps de réflexion) et de limiter le risque d’éventuelles pressions. Elles pourraient cependant probablement retarder significativement le lancement de la campagne.L’engagement des établissements pourrait être déterminant
La grande inconnue est la part de résidents (ou de leurs familles) qui accepteront la vaccination. Une enquête rapide de la chaîne LCI auprès de plusieurs maisons de retraites évoque une opposition possible de la moitié des pensionnaires. Les échos de la presse régionale laissent apparaître des situations contrastées. Une tendance se dégage : si certains affirment que l’assentiment est majoritaire chez les résidents (mais d’autres évoquent des réticences plus nombreuses), les premières remontées suggèrent que ce sont les personnels des EHPAD qui pourraient être les plus difficiles à convaincre. En tout état de cause, même si les associations représentatives invitent à la plus grande vigilance pour éviter toute pression, on perçoit que la politique de chaque établissement aura probablement une influence sur l’attitude des pensionnaires. Ainsi, dans les structures ouvertement favorables à la vaccination en général et à celle contre la Covid-19 en particulier, dont certaines, n’hésitant pas à se montrer proactives, ont pu devancer les instructions officielles et déjà amorcé le dialogue avec leurs résidents, il n’est pas impossible que l’enthousiasme soit plus marqué, si parallèlement les directions évitent de donner le sentiment qu’elles voudraient exercer une forme de contrainte. Sur ce point, le CCNE a déjà mis en garde dans un avis rendu en début de semaine : « Il faut veiller à faire primer la volonté de la personne dans la mesure où son état le permet, et ne pas sous-estimer la pression que des tiers pourraient faire peser sur des personnes vulnérables », insistant encore sur l’importance de veiller à « la part de liberté qui est laissé » aux personnes âgées « dans l’exercice de leur autonomie, dans la décision à prendre face à l’incertitude et aux risques potentiels qui y sont liés ». Le guide du ministère de la Santé souligne également de son côté le fait qu’un refus « ne doit entrainer aucune conséquence négative sur l'accompagnement du résident ». Toutes ces restrictions confirment que la prudence est le maître mot de la campagne vaccinale en France… au risque peut-être de la freiner un peu trop.Aurélie Haroche