
Paris, le vendredi 22 janvier 2021 – En un an de pandémie nous
avons appris à modérer nos enthousiasmes. Le commentateur garde
donc la tête froide en compulsant le dernier Point épidémiologique
de Santé Publique France (SPF) sur la Covid-19 qui évoque une
stabilisation de l’épidémie et une certaine efficacité de la
stratégie française.
Des indicateurs précoces stables
Les marqueurs précoces de l’épidémie, qui peuvent nous donner
une vision de l’évolution de la pression hospitalière dans les
prochaines semaines restent stables en semaine 2 (du 11 au 17
janvier).
Il en est ainsi du nombre de nouvelles contaminations
confirmées (128 551 vs 126 734 la semaine précédente, + 1
%), du taux de positivité des tests (6,7 % vs 6,5 %, + 0,2
points), du nombre d’actes de SOS médecins pour suspicion de Covid
(2 873 vs 2 927, - 2 %) et du taux de consultation pour une
infection respiratoire aigue (90 vs 87/100 000 habitants, +
3 %).
Concernant les R, qui nous renseignent sur la dynamique de la
pandémie, deux sont en baisse et un est en très légère augmentation
(figure 1).
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Les indicateurs hospitaliers, qui reflètent
les contaminations d’il y a une à deux semaines continuent, eux,
leur hausse mais sans caractère de flambée et sans comparaison avec
celle que nous avons connue en mars-avril 2020.
Ainsi on constate + 9,5 % de passages aux
urgences pour suspicion de Covid (6 119 vs 5 543), + 9 % de
nouvelles hospitalisations (9 631 vs 8 872) et + 3 %
d’entrée en réanimation (1 418 vs 1 375).
Variants : des données lacunaires
En ce qui concerne les variants, les données françaises
restent lacunaires et aucune évaluation de prévalence n’est
disponible pour cette semaine, on en reste donc à l’estimation de
1,5 % de cas de Covid-19 liés aux variants en France.
Seule information tangible : « au 20 janvier 2021, 141 cas
d’infection à des variants émergents étaient recensés en France :
131 cas du variant VOC 202012/01 (Royaume-Uni) et 10 cas du variant
501Y.V2 (Afrique du Sud) » précise l’Agence
sanitaire.
Couvre-feu : et si la France avait trouvé la martingale ?
On le constate donc : alors que nos voisins sont confrontés à
une authentique troisième vague, la France semble, pour l’instant,
relativement épargnée. Et c’est la politique de couvre-feu qui
pourrait expliquer ces résultats satisfaisants.
Une étude publiée dans le BEH avait déjà mis en évidence les
effets positifs du couvre-feu à 20 h.
Dans ce Point épidémiologique hebdomadaire, SPF publie
désormais des premiers résultats encourageants du couvre-feu à 18
h.
Rappelons que depuis le 2 janvier 2021, un couvre-feu à 18 h a
été mis en place dans 15 départements (6,4 millions d’habitants).
Cette mesure a été élargie à 8 autres départements le 10 janvier et
2 supplémentaires le 12 janvier (13,8 millions d’habitants au
total). Enfin, ce couvre-feu « anticipé » a été généralisé à
l’ensemble du territoire le 16 janvier.
Pour évaluer la pertinence de cette mesure, les
épidémiologistes ont classé les départements en trois groupes : le
groupe 1 rassemble les 15 départements avec couvre-feu dès 18h à
partir du 02 janvier 2021 ; le groupe 2, les 10 départements avec
couvre-feu dès 18h à partir des 10 et 12 janvier 2021 ; le groupe
3, les 61 départements avec couvre-feu dès 18h à partir du 16
janvier 2021. Les taux d’incidence des cas confirmés sur 7 jours
glissants ont été mesurés pour ces trois groupes (figure 2).
Figure 2 : évolution du taux d’incidence sur 7 jours glissants par groupe de départements, du 27 juin 2020 au 17 janvier 2021, France métropolitaine (données au 20 janvier 2021). |
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« Le décrochage du taux d’incidence observé entre le 25 décembre 2020 et le 07 janvier 2021 correspond à la présence de jours fériés dans cette période, au cours desquels une diminution de l’activité de dépistage a été constatée. Ainsi, l’augmentation importante observée au 08/01 (période du 02 au 08/01) est probablement liée à la reprise de l’activité de dépistage après les vacances de Noël (augmentation du nombre de tests réalisés), entrainant de fait une augmentation du nombre de cas confirmés détectés » note SPF. |
Entre la dernière semaine de 2020 et la première de 2021, une
augmentation du taux d’incidence est observée dans les trois
groupes, « mais elle est moins marquée dans le groupe 1 »
souligne SPF (Tableau 1). Par rapport à la semaine précédente, la
variation du taux d’incidence est en effet de +15 % dans le groupe
1, contre +24 % et 36 % dans les groupes 2 et 3,
respectivement.
En S2, on constate une diminution du taux d’incidence sur 7
jours glissants dans le groupe 1 (de 308/100 000 hab. en S01 à 267
en S02, soit -13,3 %). Dans les deux autres groupes, le taux
d’incidence est resté relativement stable (+0,7 % dans le groupe 2
et +4,7 % dans le groupe 3).
Tableau 1. Variations hebdomadaires des taux
d’incidence, de positivité et de dépistage par groupe de
départements, du 21 décembre 2020 au 17 janvier 2021,
France métropolitaine (données au 20 janvier 2021) |
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Mais ces données restent encore fragiles et pourraient
également s’expliquer par une plus grande prudence des populations
des départements les plus impactés par l’épidémie, aussi des
enquêtes épidémiologiques dans les jours à venir permettront de
confirmer ou d’infirmer l’efficience du couvre-feu à 18 h.
F.H.