
Pas d’explosion
L’évolution par rapport aux 3,3 % de variants identifiés lors de la première enquête flash des 7 et 8 janvier met en évidence une progression « linéaire », mais non explosive a commenté le Professeur Lina. Ces chiffres coïncident avec les résultats des travaux qui auraient emporté la conviction du Président de la République de nous laisser du temps avant de décider d’un éventuel nouveau confirment indiquant que dans les pays sous couvre-feu.Mutation préoccupante du variant en Grande Bretagne
Des disparités régionales s’observent, ainsi en Bretagne, Ile-de-France et Grand-Est la circulation des variants est plus marquée (20 % des infections sont le fait de variants). Dans les deux dernières régions, mais sans doute pas pour la première région, cette particularité rappelle que l’émergence de variants est favorisée par la pression de sélection : ainsi dans les zones où l’immunité naturelle pourrait être la plus importante, les variants sont plus susceptibles de se développer. La pression de sélection pourrait également être influencée par la stratégie vaccinale. Le Centre national d’information et de connaissances sur le coronavirus israélien a ainsi alerté sur cet effet potentiellement contre-productif. De la même manière en Grande-Bretagne, certains se sont inquiétés. « Vacciner massivement alors que l’épidémie est active conduira inéluctablement à la sélection de mutants en échappement immunitaire et capables de résister au vaccin » relève le biologiste Claude-Alexandre Gustave. Cette mise en garde résonne d’une façon préoccupante après la découverte d’une nouvelle mutation du variant B1.1.7 repéré chez un petit nombre de patients britanniques. Pour onze personnes vivant dans le sud-ouest du pays selon les autorités et 32 autres dans la région de Liverpool selon la BBC, la lignée B1.1.7 présentait une nouvelle mutation baptisée E484K (ces sujets n’avaient majoritairement pas de lien entre eux, ce qui suppose une émergence « spontanée » de la variation). Inédite sur le variant B1.1.7, E484K est cependant loin d’être une inconnue. Elle caractérise les variants dits sud-africain et brésilien. Or, cette mutation pourrait être bien plus redoutable, car elle semble ne pas être systématiquement neutralisée par l’immunité naturelle et par celle induite par les vaccins. Moderna et Pfizer-BioNTech ont ainsi confirmé que cette mutation diminuait en partie l’efficacité de leurs vaccins (qui demeurerait cependant supérieure à 50 %). Ils ont également rappelé que l’un des nombreux avantages des vaccins à ARN-messager était de pouvoir être adaptés rapidement pour pouvoir répondre à la circulation de nouveaux variants.Variants sans confinement nuiront-ils à la vaccination ?
Cependant, cette évolution de SARS-CoV-2, son adaptation (habituelle pour ce type de virus) à l’environnement qu’il rencontre (des personnes de plus en plus souvent immunisées, soit par la vaccination soit naturellement) pourrait être un argument supplémentaire pour ceux qui soutiennent la nécessité d’un confinement strict (plus encore alors que se déploie une campagne de vaccination afin d’assurer sa pertinence). Néanmoins, le point de vue considérant que le renforcement des mesures déjà existantes peut suffire (compte tenu d’une part de la létalité qui demeure très faible du virus et d’autre part des conséquences délétères d’un confinement sans parler de la lenteur de la vaccination) demeure toujours défendable. Parmi ces renforcements, pourrait figurer le déploiement du masque FFP2 que certains défendent aujourd’hui, telle l’élue parisienne Marie-Claire Carrère Gee (LR), dans une tribune publiée dans le Monde. L’isolement plus systématique des patients infectés apparaît également souhaitable : le Haut conseil de la santé publique considère ainsi dans un avis récent que désormais tout soignant infecté doit éviter tout contact avec ses patients et collègues, alors qu’une dérogation au printemps permettait aux sujets asymptomatiques de poursuivre leur activité dans certains cas. Mais une telle mesure aura très rapidement pour effet une diminution des ressources thérapeutiques disponibles et induira une nouvelle fois de se poser la question de mesures plus strictes.Un jour sans fin.
Aurélie Haroche