Le Portugal submergé par le variant anglais

Arrivée de secours allemands à Lisbonne
Lisbonne, le vendredi 5 février 2021 – Longtemps considéré comme un des meilleurs élèves européens, le Portugal vit actuellement une véritable hécatombe causée par le variant anglais. En Inde, la Covid-19 est-elle en voie de disparition ?

Du paradis à l’enfer en à peine quelques semaines. Début janvier, les Portugais menaient encore une vie pratiquement normale, avec peu de restrictions sanitaires. Grâce à une réponse énergique des autorités, le pays avait été relativement épargné par la pandémie de Covid-19 et était considéré comme l’un des meilleurs élèves de l’Europe. Les autorités s’étaient même permises de lâcher du lest, ouvrant cafés et restaurants, pour permettre aux Portugais de vivre des fêtes de fin d’année presque ordinaires. Un relâchement que le Portugal regrette aujourd’hui, puisqu’il subit depuis début janvier une accélération spectaculaire de l’épidémie.

Le Portugal est désormais le pays du monde le plus durement touché par l’épidémie de coronavirus. Chaque jour, on compte environ 10 000 nouvelles contaminations et surtout 280 morts, pour 10 millions d’habitants (l’équivalent pour la France de 1 900 décès quotidiens). Du jamais vu en Europe. Le coupable est tout trouvé : le variant anglais, qui frappe déjà le Royaume-Uni depuis la fin du mois de décembre. Plus contagieux, peut être aussi plus mortel, le variant britannique compterait pour plus de la moitié des contaminations dans la région de Lisbonne. Au total, 13 500 Portugais ont été tués par la Covid-19 depuis le mois de mars, soit plus de morts qu’en France en proportion de la population.

Le Portugal appelle l’Europe à l’aide

Les services hospitaliers sont totalement surchargés. Les ambulances doivent faire la queue et attendre parfois plusieurs heures pour faire entrer leurs patients à l’hôpital. Les médecins et les infirmiers travaillent nuit et jour sans s’arrêter. Dans de nombreux services de réanimation, on n’accepte plus les patients de plus de 75 ans, par manque de place.

Le Portugal est désormais contraint d’appeler à l’aide ses partenaires européens. L’Allemagne a été la première à répondre à l’appel et a envoyé à Lisbonne des médecins militaires et du matériel.

Les services funéraires également sont surchargés. Dans toutes les grandes villes du pays, des morgues de fortune sont aménagés et les crématoriums marchent à plein régime. Les cérémonies funéraires sont réduites au strict minimum et bouclées en quelques minutes.

Face à ce rebond brutal de l’épidémie, le gouvernement portugais n’a pas eu d’autre choix que de prononcer un nouveau confinement strict le 15 janvier dernier. Les Portugais ont l’interdiction de sortir de chez eux, les commerces non-essentiels mais aussi les écoles sont fermées. Les autorités savent que cette mesure drastique n’est pas une solution de long terme et souhaitent accélérer la campagne de vaccination. Mais pour le moment, seulement 2,7 % des Portugais (275 000 personnes) ont reçu au moins une dose d’un vaccin et 0,75 % ont reçu les deux doses (76 000 personnes).

La Covid-19 en voie de disparition en Inde ?

A l’autre bout du monde en Inde, la Covid-19 apparait comme en voie de disparition. L’épidémie ne cesse de reculer depuis plus de quatre mois et atteint désormais des niveaux extrêmement faibles : seulement 12 000 contaminations et 120 morts par jour comptabilisés, pour 1,3 milliards d’habitants. Ni la fête hindoue de Divali en novembre dernier, ni les grandes manifestations de fermiers qui troublent le pays depuis deux mois n’ont provoqué de hausse des cas. Pourtant, à l’exception (dans certaines régions du moins), du port du masque et de la fermeture des écoles, presque toutes les mesures sanitaires ont été levées depuis l’été.

Pour les scientifiques, l’explication à ce recul de l’épidémie serait à chercher du côté de l’immunité collective. Selon une étude sérologique menée auprès de 28 640 personnes, 56 % des habitants de New Delhi seraient porteurs d’anticorps contre la Covid-19. Selon Satyendra Jain, ministre de la santé local, « New Delhi se dirige vers l’immunité collective ». L’Inde a par ailleurs lancé il y a trois semaines la plus grande campagne de vaccination du monde. Pour le moment, seulement 0,3 % de la population a reçu une dose d’un vaccin…soit 4,3 millions de personnes.

Quentin Haroche

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