Pass sanitaire – un « oui » du Conseil d’Etat, avec quelques « mais » de taille
Paris, le mardi 20 juillet 2021 - Le sprint législatif peut
continuer. Dans un avis rendu hier, le Conseil d’État a validé les
grandes lignes du projet de loi « relatif à l’adaptation de nos
outils de gestion de la crise sanitaire » en formulant
toutefois quelques réserves sur l’extension du pass sanitaire aux
centres commerciaux.
Une décision que le gouvernement peut accueillir avec un certain
soulagement. Car outre l’extension du pass sanitaire l’institution
a validé le nouveau régime des mesures d’isolement et de
quarantaine ainsi que le principe de l’obligation de vaccination de
certains professionnels contre la Covid-19.
Le principe du « pass » validé, mais son application
devra être proportionnée
Au cœur de toutes les discussions, l’extension du « pass
sanitaire » constitue la mesure la plus politiquement sensible
de ce projet de loi. Le Conseil d’État souligne d’entrée de jeu que
« cette extension considérable du champ d’application du
dispositif (…) est susceptible de porter une atteinte
particulièrement forte aux libertés des personnes concernées, ainsi
qu’à leur droit au respect de la vie privée et familiale ».
Pour l’institution, « le fait de subordonner certaines activités
à l’obligation de détenir un certificat de vaccination, ou de
rétablissement ou un justificatif de dépistage récent peut, dans
certaines hypothèses, avoir des effets équivalents à une obligation
de soins ». Dès lors, la mesure justifie « un strict examen
préalable de nécessité et de proportionnalité dans son principe
comme dans son étendue et ses modalités de mise en œuvre au vu des
données scientifiques ».
En clair, « une déclaration de conformité de la loi aux
normes supérieures » ne préjuge pas « de l’appréciation qui
peut en être fait (…) au vu de la situation sanitaire et de son
évolution prévisible, du taux de vaccination et des autres mesures
susceptibles pour lutter contre l’épidémie ».
Si le principe de l’autorisation de la mise en œuvre du pass dans
la loi est validé, le Conseil d’État souligne que sa mise en œuvre
devra être justifiée au vue de l’intérêt spécifique de la mesure «
et non par un objectif qui consisterait à inciter les personnes
concernées à se faire vacciner ».
L’extension aux centres commerciaux, potentielle
atteinte à l’acquisition des produits de première nécessité
En tout état de cause, le Conseil d’État souligne que le pass
ne pourra avoir pour effet de porter atteinte aux normes
constitutionnelles relatives aux libertés syndicales, politiques et
religieuses ou de manifester sur la voie publique.
Elle ne doit pas non plus « porter atteinte au droit des
intéressés au respect de leur vie privée en les contraignant à
révéler une précédente contamination ou à dévoiler très fréquemment
leur identité dans les activités de la vie quotidienne ».
Mais surtout, la mesure « ne peut avoir pour effet, sauf
dans des situations exceptionnelles, de remettre en cause la
possibilité pour l’ensemble de la population d’accéder à des biens
et services de première nécessité ou de faire face à des situations
d’urgence ».
Or, le Conseil d’État, tout en soulignant que les études «
ne font pas apparaitre (…) un intérêt significatif pour le
contrôle de l’épidémie » du pass sanitaire aux grands centres
commerciaux, constate que cette mesure est susceptible de porter
atteinte à l’acquisition de biens de première nécessité pour ceux
ne disposant pas d’enseigne de proximité aisément
accessible.
Autre réserve formulée par le Conseil d’État, et prise en compte
par le gouvernement dans sa nouvelle rédaction, la réduction des
peines encourues en cas de non-respect par les établissements de
l’obligation de contrôle du pass.
Colère des centres commerciaux, « aucune envie de piéger » pour
le gouvernement
Dans sa nouvelle version, le projet de loi propose désormais
de permettre au premier ministre de mettre en place ce pass
sanitaire « dans les grands magasins et centres commerciaux,
au-delà d’un seuil défini par décret et permettant de garantir
l’accès des personnes aux biens et produits de première nécessité
sur le territoire concerné ».
« Tout cela est un énorme imbroglio », a lancé Gontran
Thüring, délégué général du Conseil national des centres
commerciaux (CNCC). « Le gouvernement a été trop vite sur cette
histoire. On aboutit à une situation très complexe et ce n’est bon
ni pour les Français, ni pour l’économie », a-t-il réagi auprès
de l’AFP. L’exécutif envisage en effet de limiter cette obligation
aux centres commerciaux de plus de 20 000
m2.
Dans une conférence de presse délivrée à l’issue du Conseil
des Ministres exceptionnel, lundi 19 juillet, le porte-parole du
gouvernement Gabriel Attal a rappelé que le gouvernement avait
l’intention « d’accompagner les professionnels » à
l’occasion d’une période de rodage, et qu’il n’y avait « aucune
envie de piéger » quiconque.
Improvisation ou adaptation ?
Face à l’arrivée fulgurante du variant delta, le gouvernement
n’échappe pas aux procès en impréparation ou en improvisation (les
soutiens parleront, eux, d’adaptation). De nombreux établissements
ont fait part de leurs doutes sur les capacités de contrôle du pass
sanitaire, au moment où la municipalité de Moscou a fait le choix
de renoncer à ce mécanisme.
Invité de la radio RTL, le ministre de la Santé Olivier Véran a par
ailleurs indiqué vouloir modifier, à nouveau, les règles
d’isolement pour les cas contacts. Désormais, les personnes
vaccinées pourraient échapper aux mesures de quarantaine lorsque
ces derniers ont été en contact avec une personne atteinte de la
Covid-19.
Le permis de conduire est obligatoire pour conduire une voiture: est-il une atteinte à la liberté de déplacement? Il existe d'autres possibilités de se nourrir: clic and collect, internet, livraison... A quand une plainte contre le Conseil d’État pour mise en danger de la vie d'autrui pour préserver une soi disant liberté... de tuer?
Dr Claude Lebrault
La liberté est sacrée
Le 20 juillet 2021
Je suis contre le pass sanitaire et une vaccination obligatoire des soignants. "La capacité de discernement des hommes vivant dans un système ou règne l'imposture s'est obscurcie "hélas car comment accepter un plan d'EXCLUSION des hommes et des femmes dans une société libre ? La liberté nait avec chaque personne. Elle ne peut pas être vendue, achetée, diminuée, prêtée. Elle est sacrée. J'ai vécu dans un système ou on nous apprenait à penser la même chose. J'ai vécu dans un système ou on excluait ceux qui pensaient différemment.
Dr Hanna Kump
Vive la liberté, mais il faut être pragmatique
Le 25 juillet 2021
Bien sur personne n'a envie de ce pass sanitaire, personne n'a envie d'être limité dans ses déplacements. Mais les faits sont tétus et quelquefois il faut faire des choix. Si on veut avoir des services de réanimation débordés, si on est prêt à laisser mourir, qui une tante, qui une mère, qui un enfant, qui un grand-père, alors laissons les discothèques ouvertes et abandonnons le pass sanitaire. Et ne nous vaccinons pas. C'est un choix.
La liberté a ses limites. Aux USA, si vous vous éloignez de certains sentiers de randonnée, par exemple au grand canyon, vous risquez une amende de 250$, parce-que vous piétinez des végétaux à renouvellement lent. Est-ce une atteinte à la liberté ? En France, certaines iles touristiques font l'objet d'une limitation du nombre d'estivants quotidien pendant l'été, là encore pour des raisons écologiques. Si vous voulez y aller et que toutes les places sont déja prises, impossible. Est-ce une atteinte à la liberté ? En France, il n'est pas autorisé de construire au-dela d'une certaine hauteur, à une certaine distance de la propriété du voisin. Est-ce une atteinte à la liberté ?
Faudrait pas confondre d'un coté les limitations de libertés motivées par des faits et qui permettent in fine une vie sociale aussi équilibrée que possible, et d'autre part les limitations de liberté arbitraires des pays aux régimes autoritaires.
Le "Je fais ce que je veux" et je me fous des conséquences, ça commence à me gonfler sérieusement. Et même à me donner de la nausée et du dégout. Cela vole au ras des pâquerettes.