Extension du « passe sanitaire » : le Défenseur des droits dénonce un dispositif disproportionné
Paris, le mercredi 21 juillet 2021 - Claire Hédon, Défenseure
des droits, rend public un avis destiné au Parlement concernant
l’extension du passe sanitaire, dans lequel elle s’interroge «
tant sur la méthode que sur la proportionnalité de la plupart
des dispositions et restrictions présentes dans le texte
».
Sur la proportionnalité, la Défenseure des droits considère que «
ces restrictions de l’accès aux biens et services et cette
atteinte à la liberté d’aller et venir, envisagées de manière
générale et sans information délivrée suffisamment longtemps en
amont, n’apparaissent pas proportionnées à l’objectif de sauvegarde
de la santé publique qu’elles poursuivent ».
Une méthode contestable
Sur la forme, Claire Hédon regrette le choix de la procédure
accélérée « compte-tenu de l’ampleur des atteintes aux droits et
libertés fondamentales prévues par ce projet de loi ainsi que du
caractère inédit de certaines dispositions qu’il comporte ».
Elle pointe également, un texte qui « contient des zones d’ombre
sur plusieurs dispositions qui pourraient donner lieu à de
nombreuses interprétations de nature à restreindre les droits et
libertés au-delà de ce que prévoit le projet de loi ».
En effet, rappelons que de nombreux points sont renvoyés au pouvoir
réglementaire.
Des entreprises publiques et privées dotées de pouvoirs
exorbitants
Sur le fond, l’institution note : « il ressort des éléments
prévus pour l’application de la loi que l’espace public sera
découpé en lieux accessibles et non accessibles, des personnes
privées étant chargées de contrôler la situation sanitaire des
individus, et donc leur identité, remettant en cause des principes
de liberté de circulation et d’anonymat pourtant longtemps
considérés comme constitutifs du pacte républicain ». Une
entrave à la liberté d’aller et venir « alors même qu’une part
importante des populations jeunes et/ou précaires n’a pas encore eu
accès à la vaccination » souligne Claire Hédon.
Le Défenseur des droits s’interroge également sur le choix
d’octroyer à des entreprises publiques et privées une forme de
pouvoir de police, assurant elles-mêmes les contrôles de la
détention d’un « passe sanitaire » pour les personnes souhaitant
accéder à leur service (et éventuellement de leur identité). Pour
l’institution, ce contrôle ne devrait relever que des autorités
publiques, compte-tenu des risques inhérents à l’exercice d’un tel
pouvoir.
Passe sanitaire des enfants : est-ce bien raisonnable ?
Concernant les enfants, le Défenseur des droits rappelle que «
l’accès aux loisirs et à la culture est un droit proclamé par la
Convention internationale relative aux droits de l’enfant
».
En outre, il souligne que l’élève qui ne pourra pas participer
aux activités de loisirs ou de culture organisées à l’extérieur de
l’école courra le risque « d’une stigmatisation
».
« Le « passe sanitaire » rendrait en outre nécessaire la
transmission par l’élève à son établissement scolaire
d’informations relatives à sa santé, entamant d’autant le respect
de sa vie privée » pointe le texte.
Or, Claire Hédon souligne que le bénéfice/risque de la
vaccination pour les jeunes de 12 à 18 ans reste mal évalué. Elle
encourage donc à ne pas retenir la nécessité du passe sanitaire
dans cette catégorie de la population.
Vers une société de la surveillance générale ?
L’avant-projet de loi prévoit également d’ajouter une sixième
finalité au traitement de données de santé, à savoir l’édiction, le
suivi et le contrôle du respect des mesures individuelles de mise
en quarantaine, de placement et de maintien en
isolement.
Sur ce point, le Défenseur des droits alerte avec vigueur «
sur le risque de glissement vers des pratiques de surveillance
sociale générale ».
Enfin, le Défenseur se montre très réservé quant à la
vaccination obligatoire des soignants, et estime qu’il « demeure
(…) la question du caractère proportionné de la mesure, au regard
du principe de non-discrimination en matière d’emploi ».
Quoi qu’il en soit de l’issue du marathon législatif de cette
semaine, la « Défenseure des droits insiste sur la nécessité
d’une réévaluation régulière du dispositif au regard de la
situation sanitaire afin que les restrictions ne durent que le
temps strictement nécessaire à la gestion de la crise, et que des
mesures adoptées dans l’urgence ne se pérennisent pas. La
Défenseure des droits indique en outre qu’elle a d’ores et déjà été
saisie de nombreuses réclamations depuis l’annonce de
l’instauration du « passe sanitaire », qui toutes illustrent que la
précipitation et la difficile lisibilité de certaines dispositions
sont susceptibles d’entraver l’exercice de droits et libertés de
manière non proportionnée à l’objectif poursuivi ».
Voici un message (qui ne sera jamais publié je pense, doxa oblige)... En cas d'accident routier, une des premières choses qu'étudie les systèmes d'assurance...La conducteur (ou ses passagers ?) avaient leur ceinture de sécurité en bonne place ? Et moi je suis surpris que tous les "jeunes"contaminés dans une boîte de nuit, un cluster ne soient pas sanctionnés s'ils les gestes barrière, le masque, la vaccination, ne soient pas respectés. Je pense que ces contrevenants devraient être pénalisés par des amendes, correspondant aux frais d'hospitalisation (Réa etc). Une journée de Réa coûte plus de 1000 Euros. Si ce message est publié (j'en doute mais je fais une copie d'écran)... j'aimerais des retours...
Dr Sylvain Scapa (ex PH 13)
Déontologie médicale : Le consentement ne doit pas être obtenu sous la contrainte...
Le 21 juillet 2021
La vaccination et l'immunité collective sont importantes, certes. Mais fallait-il sacrifier la déontologie médicale et le consentement libre et éclairé ? En effet, la loi n'étant même pas encore promulguée, vacciner sous la contrainte d'un pass sanitaire, voire sous la menace d'un licenciement, est-ce encore conforme à l'article 36 du code de déontologie médicale (article R.4127-36 du code de la santé publique) : "Le consentement de la personne examinée ou soignée doit être recherché dans tous les cas. Lorsque le malade, en état d'exprimer sa volonté, refuse les investigations ou le traitement proposés, le médecin doit respecter ce refus après avoir informé le malade de ses conséquences..."
Dr Johannes Hambura
Pollution des esprits (en réponse au Dr Sylvain Scapa)
Le 22 juillet 2021
Tout à fait d'accord avec vous, que faire avec un pays dont une grande partie des habitants se vaccinent par crainte de ne pas pouvoir partir en vacances et pas par crainte de diffuser la maladie. On veut le risque zéro pour le nucléaire, qui n'a fait jusqu'à présent que peu de morts et pas pour contrer les épidémies qui ont fait et continuent à faire beaucoup de morts dans le monde...
La pollution des esprits fait plus de mort que la pollution industrielle !