Paris, le mercredi 4 août 2021 – Le projet de loi sur le passe
sanitaire, actuellement examiné par le Conseil Constitutionnel,
prévoit son utilisation à l’entrée des hôpitaux.
« Le passe sanitaire à l’entrée de l’hôpital, c’est une
usine à gaz ». Le professeur Philippe Juvin, chef du service
des urgences à l’hôpital Georges Pompidou et membre du parti Les
Républicains, résume ainsi le sentiment de nombre de praticiens à
quelques jours de la probable entrée en vigueur du passe dans les
hôpitaux. Le très controversé projet de loi « relatif à la
gestion de la crise sanitaire », adopté par le Parlement le 25
juillet, prévoit en effet de soumettre à ce dispositif l’accès aux
« services et établissement de santé », sauf en cas
d’urgence, notamment pour ceux qui y sont « accueillis pour des
soins programmés ». Rappelons que si le texte est validé par le
Conseil Constitutionnel, qui rendra sa décision ce jeudi, le passe
sanitaire entrera en vigueur dès le 9 août.
Au départ relativement passée inaperçu, la mise en place du passe
sanitaire à l’hôpital, c’est-à-dire de l’obligation d’être vacciné
ou tester pour se rendre dans un établissement de santé, suscite
désormais la polémique. Dans un communiqué publié ce lundi, l’Ordre
des médecins dit « s’inquiéter vivement des conditions de mise
en œuvre d’une telle disposition » qui risquent, selon l’Ordre,
de priver certains patients de soins.
Les cabinets libéraux peuvent-ils être concernés ?
L’inquiétude est d’autant plus vive qu’un certain flou
juridique règne sur la portée du texte. Le projet de loi parle en
effet de « service et établissement de santé ». Le problème
est que la loi ne donne pas de définition claire des établissements
de santé. Tout juste l’article L. 6111-1 du Code de la Santé
Publique donne la liste des missions des établissements de santé, à
savoir « le diagnostic, la surveillance et le traitement des
malades, des blessés et des femmes enceintes et mènent des actions
de prévention et d’éducation à la santé ».
On distingue les établissements de santé publics et les
établissements de santé privés, qui sont eux même divisés en
secteur privé non lucratif et secteur privé lucratif. Les cabinets
libéraux ne sont pas des établissements de santé, l’article L.
6111-1 précisant dans son alinéa 3 que les établissements de santé
« participent à la coordination des soins en relation avec les
membres des professions de santé exerçant en pratique de ville
».
Un passe sanitaire pour se faire vacciner !
La qualification d’établissement de santé est plus discutable
pour les structures intermédiaires, qui sont plus importantes qu’un
simple cabinet groupé mais plus petite qu’une clinique. La question
est parfois difficile à trancher. En 1997, un tribunal
administratif avait jugé qu’un cabinet médical comportant une
structure importante de chimiothérapie devait être considéré comme
étant un établissement de santé. La même question pourrait se poser
pour un cabinet de radiologie.
La question devient encore plus kafkaïenne quand on songe…aux
centres de vaccination. Certains d’entre eux se trouvent en effet
dans des hôpitaux ou des cliniques. Demain, faudra-t-il être
vacciné (ou testé) pour se faire vacciner ?
Le texte de loi a été mal préparé, gardons en seulement l'esprit . Depuis le début de la crise ma clinique demande un test aux hospitalisés programmés : PCR 2 à 3 jours avant, de manière à avoir le résultat la veille par téléphone. Cela a été dur à mettre en place mais c'est maintenant une routine bien huilée. Je ne vois pas pourquoi cela poserait un problème à être généralisé. Et cela ne concernera que les non vaccinés ! Les enfants ont très bien accepté la mesure, et nos patients la comprennent très bien : pas de cluster dans notre établissement !
Les consultations organisées dans la clinique et le centre de vaccination sont des cabinets, simplement ils ont un circuit dédié qui ne croise pas les hospitalisés (mais cela devrait être le cas depuis 18 mois partout !) Bref : organisez vous ! L'usine à gaz n'est pas une fatalité !