
Paris, le mercredi 6 juillet 2022 – Le nombre de contaminations quotidiennes augmente à un rythme élevé, mais le gouvernement préfère miser sur la responsabilité et le discernement de la population.
A peine arrivé, le voilà déjà sur plusieurs fronts. 48 heures seulement après son arrivée avenue de Ségur, le Dr François Braun, nouveau ministre de la Santé, qui tente déjà de juguler la crise des urgences, doit également gérer une septième vague de Covid-19 qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Ce mardi, 206 000 tests positifs ont été enregistrés en 24 heures, un record sur les 3 derniers mois. En moyenne hebdomadaire, on compte actuellement 120 000 contaminations quotidiennes, soit 6 fois plus qu’il y a un mois. Une nouvelle vague due à l’émergence d’un nouveau variant plus contagieux d’Omicron venue d’Afrique du Sud, le BA5, qui remplace progressivement le BA2.
Les conséquences hospitalières de la nouvelle vague commencent à se faire sentir, alors que l’hôpital manque de bras et qu’un été sous tension se profile. Le nombre de patients hospitalisés positifs au Covid-19 ne cesse d’augmenter depuis plusieurs semaines. La barre des 1 000 patients Covid positifs en soins critiques a été dépassée ce mardi. Le nombre de patients à l’hôpital reste cependant bien plus faible que lors des précédentes vagues, y compris lors de la sixième vague de mars-avril. Le nombre de décès reste lui aussi relativement limité, avec une cinquantaine de morts par jour.
Un projet de loi marque du laissez-faire
C’est dans ce contexte incertain que le nouveau ministre de la Santé s’est rendu à l’Assemblée Nationale pour présenter le projet de loi sanitaire du gouvernement, déposé ce mardi au Parlement. Ce texte doit organiser la sortie de l’état d’urgence sanitaire, prévue le 31 juillet prochain et illustre la nouvelle approche du gouvernement, celle du laissez-faire, qui tranche avec la politique autoritaire des deux dernières années. Le texte prévoit en effet simplement de maintenir les outils de suivi épidémiologique Covid Contact et SI-DEP et laisse la possibilité au gouvernement de rétablir le passe sanitaire aux frontières jusqu’au 31 mars 2023. Le gouvernement abandonne donc tous ses autres pouvoirs d’exception, dont la possibilité de rétablir le passe vaccinal.
Désormais, le gouvernement mise sur la responsabilité des individus, à l’image de François Braun, qui a appelé les Français à respecter les gestes barrières et à remettre le masque dans les lieux clos et les personnes âgées de plus de 60 ans à se faire administrer une nouvelle dose de rappel vaccinal. « Si nous sortons des régimes exceptionnels de crise, nous ne sortons pas pour autant de l’épidémie de Covid » a déclaré le ministre de la Santé devant les députés, en portant lui-même un masque sur le visage.
Clap de fin pour le Conseil scientifique
Cette nouvelle approche « libérale » a été validée par le Conseil scientifique dans son dernier avis, en date du 23 juin mais publié seulement ce mardi. Le Conseil y estime que les conséquences de la vague actuelle en termes d’hospitalisations et de décès sont incertaines. Selon les membres du Conseil, trois éléments devront être surveillés par les autorités pour adapter leur politique : le niveau d’hospitalisations « dans le contexte d’un hôpital fragilisé après deux ans de pandémie », la situation aux Antilles où les taux de vaccination sont bien plus faibles qu’en métropole et enfin la mortalité des plus de 80 ans, qui a bondit au Portugal lors de la dernière vague épidémique, malgré un taux de vaccination plus élevé qu’en France.
Le Conseil considère également qu’il est probable que la France soit touchée par d’autres vagues épidémiques dues à d’autres variants dans les prochains mois et années et qu’il est donc nécessaire de maintenir des outils de surveillance et de poursuivre « une politique vaccinale dynamique ». Enfin, le Conseil scientifique acte sa disparition programmée au 31 juillet prochain et son remplacement par un « comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires » aux contours encore incertains.
La fin du Conseil scientifique, un autre signe du retour à la « normale ».
Grégoire Griffard