Combien de réinfections après une Covid-19 ?

En décembre 2020, plus de 72 millions de cas de Covid-19 avaient été diagnostiqués dans le monde. L’incidence réelle était sans doute bien supérieure. Dans certaines régions, le taux de séropositivité atteignait 40 %, comme en Amazonie brésilienne. Cela ne doit toutefois pas laisser présager d’une immunité collective « naturelle ». Car un antécédent d’infection et la présence d’une séropositivité ne sont pas une assurance contre la réinfection.

Comme pour les autres coronavirus, la production d’IgG contre le SARS-CoV-2 monte pendant plusieurs semaines, puis commence à décliner pour se stabiliser ensuite. Mais la réponse humorale est très variable selon les individus. Des anticorps IgG peuvent être détectés chez la majorité des individus plusieurs mois après l’infection. Mais, chez certains (entre 2,5 % et 28 % selon les études), les anticorps circulants ou une activité neutralisante ne sont pas longtemps présents à un niveau détectable.

Environ 10 % de réinfections

Une équipe états-unienne a réalisé une étude longitudinale prospective, pour évaluer le risque de réinfection de jeunes Marines (18-20 ans) nouvellement incorporés. Après une quarantaine de 2 semaines à domicile, près de 3 000 jeunes Marines ont été incorporés et soumis à une seconde période d’isolement sous contrôle pendant 2 semaines supplémentaires, après avoir réalisé un test sérologique. Ils étaient ensuite suivis pendant 6 semaines, avec un test PCR à la 2e, 4e et 6e semaine, que le test initial se soit révélé positif ou négatif.

Au total 189 personnes étaient séropositives au début de la quarantaine suivant l’incorporation. Parmi elles, 19 (10 %) ont eu un test PCR positif au moins une fois au cours des 6 semaines de suivi (1,1 cas par patient-année). En revanche, parmi les 2 247 participants séronégatifs, 48 % ont présenté un test PCR positifs à un moment ou un autre du suivi (6,2 cas par personne-année).

Le taux de protection conféré par une première infection est de 82 %, mais les infections symptomatiques sont deux fois moins fréquentes chez les participants qui ont déjà été infectés et les charges virales environ 10 fois plus faibles que chez les séronégatifs. La réinfection est plus fréquente quand le taux d’anticorps était faible ou quand aucune activité de neutralisation n’était détectable à l’entrée dans l’étude.

La possibilité de réinfection chez les patients déjà infectés par le SARS-CoV-2 est d’un intérêt particulier pour la maîtrise de la pandémie et notamment pour l’organisation de la vaccination. Une première infection ne constituant pas une garantie, les patients infectés par le SARS-CoV-2 ne sont pas exemptés de vaccination. En France, la Haute Autorité de Santé recommande l’injection d’une dose de vaccin 3 à 6 mois après l’infection.
 

Dr Roseline Péluchon

Références
Andrew GL et coll.: SARS-CoV-2 seropositivity and subsequent infection risk in
healthy young adults: a prospective cohort study.
Lancet Respir Med., 2021 ; publication avancée en ligne le 15 avril. doi: 10.1016/S2213-2600(21)00158-2.

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Vos réactions (3)

  • Mathematiques

    Le 19 avril 2021

    10% de reinfection, combien de forme grave?
    A supposer que le taux soit égal à celui de la primo-infection cela fait entre 1 et 2% des 10% soit entre 0,1 et 0,2% de la population, parfaitement soutenable. Où on vient nous expliquer que l’immunité collective c’est que tous soit hors risque y compris ceux dont l’immunité est défaillante...

    Dr Régis Dukic

  • Infection naturelle ou vaccination : absence de preuves directes

    Le 19 avril 2021

    L’European Centre for Disease Prevention and Control a publié le 29 Mars 2021 un rapport sur le risque de réinfection par le SRAS-CoV-2 :
    « Reinfection with SARS-CoV-2: implementation of a surveillance case definition within the EU/EEA »
    https://www.ecdc.europa.eu/en/publications-data/reinfection-sars-cov-2-implementation-surveillance-case-definition-within-eueea

    Il conclut, entre autres que :
    • « …À l'heure actuelle, il n'y a aucune preuve provenant d'études spécifiquement conçues pour évaluer le rôle de l'infection naturelle dans la prévention contre la transmission du SRAS-CoV-2… »
    • « …il existe des preuves indirectes provenant d'études de cohorte que l'infection naturelle diminue considérablement le risque de réinfection symptomatique et asymptomatique de 81 à 100% pendant une période de suivi de cinq à sept mois… »
    • « …la protection contre la réinfection est plus faible chez les personnes âgées de 65 ans et plus… »
    • « …Les preuves directes de l’impact de la vaccination sur le risque de transmission ne sont disponibles qu’à partir d’une seule étude, une grande étude de transmission au sein du même foyer, basée sur le registre en provenance d’Écosse. Cette étude suggère que la vaccination d’un membre du ménage réduit le risque d’infection chez les membres vulnérables du ménage d’au moins 30 %... ».

    En conclusion, on constate l’absence des preuves directes concernant la réduction du risque de transmission aussi bien pour l’infection naturelle que pour la vaccination.

    Il serait alors intéressant de connaitre la probabilité de retrouver un cas de réinfection parmi les cas admis aux services de soins critiques, voire parmi les personnes décédées, en croisant ces données avec la base de données du système d’information national de dépistage populationnel (SI-DEP) enregistrant tous les patients positifs en RT-PCR SARS-CoV-2.

    Il parait plus pertinent de vacciner, et de réserver les vaccins disponibles, aux personnes identifiés vulnérables, avant de vacciner les personnes immunisées, à l’exception des immunisés présentant de l’immunodépression ou de l’immunosénescence.

    Dr Johannes Hambura

  • Intéressante voire cruciale question...

    Le 19 avril 2021

    Intéressante étude, qui correspond bien en pratique à se projeter vers l’avenir prédictible de nos sociétés dans les mois à venir (années ?) et ceci avec ou sans vaccin... Faire un vaccin après trois mois cela paraît court, sauf en cas d’immunodéficience. Pour ma part, je me préparais à me faire vacciner, à 69 ans, un an après un Covid-19 à forme symptomatique modérée mais toutefois gênante (asthénie et vertiges mineurs). Mais est survenu un deuxième épisode, plus court et de forme minorée. J’en déduis que mon immunisation était encore active malgré l’année passée. Que doit en penser le médecin responsable d’une collectivité, qu’elle soit civile ou militaire, qu’il s’agisse d’une entreprise ou d’un établissement de soins ? Qu’il faut surveiller la circulation du virus permettant une régulière réactivation de l’immunité pour les non-naïfs ?… Qu’il faut s’en remettre surtout aux vaccins, même en cas d’apparition de variants ?

    Dr Bernard Dumas

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