
Comme pour les autres coronavirus, la production d’IgG contre le SARS-CoV-2 monte pendant plusieurs semaines, puis commence à décliner pour se stabiliser ensuite. Mais la réponse humorale est très variable selon les individus. Des anticorps IgG peuvent être détectés chez la majorité des individus plusieurs mois après l’infection. Mais, chez certains (entre 2,5 % et 28 % selon les études), les anticorps circulants ou une activité neutralisante ne sont pas longtemps présents à un niveau détectable.
Environ 10 % de réinfections
Une équipe états-unienne a réalisé une étude longitudinale prospective, pour évaluer le risque de réinfection de jeunes Marines (18-20 ans) nouvellement incorporés. Après une quarantaine de 2 semaines à domicile, près de 3 000 jeunes Marines ont été incorporés et soumis à une seconde période d’isolement sous contrôle pendant 2 semaines supplémentaires, après avoir réalisé un test sérologique. Ils étaient ensuite suivis pendant 6 semaines, avec un test PCR à la 2e, 4e et 6e semaine, que le test initial se soit révélé positif ou négatif.Au total 189 personnes étaient séropositives au début de la quarantaine suivant l’incorporation. Parmi elles, 19 (10 %) ont eu un test PCR positif au moins une fois au cours des 6 semaines de suivi (1,1 cas par patient-année). En revanche, parmi les 2 247 participants séronégatifs, 48 % ont présenté un test PCR positifs à un moment ou un autre du suivi (6,2 cas par personne-année).
Le taux de protection conféré par une première infection est de 82 %, mais les infections symptomatiques sont deux fois moins fréquentes chez les participants qui ont déjà été infectés et les charges virales environ 10 fois plus faibles que chez les séronégatifs. La réinfection est plus fréquente quand le taux d’anticorps était faible ou quand aucune activité de neutralisation n’était détectable à l’entrée dans l’étude.
La possibilité de réinfection chez les patients déjà infectés par le SARS-CoV-2 est d’un intérêt particulier pour la maîtrise de la pandémie et notamment pour l’organisation de la vaccination. Une première infection ne constituant pas une garantie, les patients infectés par le SARS-CoV-2 ne sont pas exemptés de vaccination. En France, la Haute Autorité de Santé recommande l’injection d’une dose de vaccin 3 à 6 mois après l’infection.
Dr Roseline Péluchon