Covid-19 : un premier vaccin efficace chez le singe
De l’avis général, en l’absence de traitement efficace, la
lutte contre le nouveau coronavirus, le SARS-CoV-2, ne sera gagnée
que lorsqu’aura été mis au point un vaccin efficace et bien toléré
pour prévenir cette infection. Or, selon des avis plus autorisés,
l’élaboration d’un vaccin est un processus long dont on ne peut
penser qu’il puisse aboutir avant l’année 2021.
En attendant, il est permis d’espérer et de rester attentif
aux premiers « exploits » revendiqués dans ce qui risque
d’être une course effrénée vers la « découverte » d’un
vaccin. Ainsi, parmi les quelques projets actuellement en
développement, on peut s’attarder sur celui du laboratoire Sinovac
Biotech (qui produit notamment des vaccins contre l’hépatite A et
la grippe aviaire).
Il est à l’origine d’une préparation vaccinale appelée
PiCoVacc, obtenue à partir d’une souche virale inactivée, isolée
chez un patient atteint de Covid-19. Elle a d’abord été testée sur
des souris et des rats à des doses allant de 1,5 à 6 µg avec un
adjuvant à base d’aluminium destiné à augmenter la réponse
immunitaire. Ces modèles ont été vaccinés à J0 et J7 et des
anticorps dirigés spécifiquement contre le SARS-CoV-2 ont été
détectés une semaine après la vaccination. Le taux de ces anticorps
a continué à augmenter jusqu’à 6 semaines post-vaccination. Des
essais de séroneutralisation ont montré une augmentation
progressive, tout au long de ces six semaines, du taux des
anticorps neutralisant la souche virale utilisée pour le
développement de PiCoVacc mais également 9 autres souches de
SARS-CoV-2.
Preuves d’un effet protecteur…
Forts de ce premier succès, les chercheurs ont décidé de
recourir au macaque rhésus, pour évaluer plus avant l’efficacité et
la sécurité de cette préparation vaccinale. Les singes (quatre dans
chaque groupe) ont reçu des injections IM à J0, J7 et J14 de la
préparation vaccinale PiCoVacc à la dose de 3 ou 6 µg ou seulement
de sérum physiologique.
Chez les animaux réellement vaccinés, des anticorps
spécifiquement dirigés contre le SARS-CoV-2 ainsi que des anticorps
neutralisants ont été détectés à J14. Ces macaques n’ont présenté
ni fièvre ni perte de poids. Des analyses biochimiques évaluant
notamment les différentes populations lymphocytaires et des
analyses histopathologiques au niveau de différents organes (reins,
cerveau, foie, cœur et rate) n’ont pas montré de différence notable
par rapport au groupe contrôle.
Dans un second temps, 8 jours après la troisième injection, il
a été administré à tous ces singes, par voie intrathécale, un
inoculât de SARS-CoV-2. Tous les macaques du groupe contrôle ont
présenté une charge virale importante au niveau du pharynx, du
crissum et des poumons ainsi qu’une pneumonie interstitielle
sévère. Les macaques réellement vaccinés, quant à eux, ont
bénéficié d’une baisse rapide de la charge virale au niveau de la
gorge et des modifications histopathologiques mineures au niveau
des poumons. Pour les singes ayant reçu la dose de vaccin la plus
élevée (6 µg), la charge virale est restée indétectable au niveau
pulmonaire et rectal tout au long de l’étude.
…d’une durée indéterminée
Bien qu’encourageante, cette étude n’en comporte pas moins
quelques limites parmi lesquelles le nombre réduit de macaques
testés et l’absence de données quant à la durée potentielle de la
protection vaccinale (les animaux ayant été sacrifiés précocement
après la vaccination) et ses effets secondaires à plus long terme.
Par ailleurs, il aurait été intéressant de vérifier que les
anticorps neutralisants induits par la vaccination chez le macaque
peuvent également neutraliser d’autres souches de SARS-CoV-2, comme
cela a été recherché pour la souris et le rat.
Il existe, à ce jour, 7 candidats vaccins répertoriés par
l’OMS et en cours de développement clinique. Le vaccin présenté par
cette équipe chinoise, le seul à avoir été testé chez le primate à
notre connaissance, a été validé pour un essai clinique de phase
I/II (NCT04352608).
Si les résultats des tests chez l’Homme sont positifs, la
production à grande échelle d’un tel vaccin inactivé pourrait
permettre de répondre à une demande globale évidemment très
importante.
Si fragmentaire qu'elle soit, la déclaration de Sinovac est un petit espoir dont il faudra apprécier la solidité. Mais le crissum n'est-il pas une partie de l'anatomie des oiseaux?
Dr Charles Kariger
Crissum, définition
Le 30 avril 2020
En effet, le "crissum" désigne bien l'extrémité de la partie inférieure du corps des oiseaux, depuis les cuisses jusqu'à la queue... Mais les Anglo-Saxons utilisent ce terme dans son acception première, et s'applique à toute la zone périanale, d'où le nom "crissum abscess" donné aux abcès de la marge anale.
La prépublication en question fait référence à des prélèvements au niveau rectal, comme cela est mentionné un peu plus loin. Entre le pharynx et les poumons..., on aurait pu raisonnablement penser qu'il s'agissait de la bifurcation trachéale..., enfin on peut bien avoir l'estomac dans les talons ! Pauvres macaques !