Il y a un an à Wuhan

Wuhan, le lundi 28 décembre 2020 – C’est le 27 décembre 2019 à Wuhan en Chine qu’étaient signalés les premiers cas de ce que l’on n’appelait pas encore la Covid-19. Le début d’une épidémie qui allait bouleverser le monde.

Nous sommes le 27 décembre 2019 à Wuhan, ville de 9 millions d’habitants du sud-est de la Chine peu connue des occidentaux. Comme tous les jours, le docteur Zhang Jixian, chef du service des maladies respiratoires à l’hôpital provincial de Wuhan, prend son service. Le couple de retraités hospitalisés la veille est toujours là.

Après examen, le Dr Jixian a conclu à une maladie « ressemblant à une grippe ou une pneumonie ». Leur scanner révèle des lésions pulmonaires atypiques.

Le port du masque recommandé dès le 31 décembre à Wuhan

Dans la journée, deux autres patients présentant les mêmes symptômes et des résultats de scanners similaires sont hospitalisés, dont l’un qui travaille au marché au poisson de Wuhan. Les examens de laboratoire révèlent qu’ils sont atteints d’un virus qui n’est pas la grippe. Le Dr Jixian se souvient de ses années de jeune médecin quand elle avait, 17 ans auparavant, combattu une maladie infectieuse respiratoire aux symptômes similaires, le SRAS. Elle décide alors d’isoler les quatre patients. Le même jour, l’hôpital reçoit les résultats d’une analyse réalisée chez un patient hospitalisé le 24 décembre dernier : celui-ci serait porteur d’un coronavirus inconnu.

A partir de là, les choses s’emballent rapidement. Le Dr Jixian signale la situation aux autorités locales le jour même. Le 29, alors que sept patients présentant les mêmes symptômes sont hospitalisés dans son service, elle ordonne aux membres du service de porter un masque. Le 31, alors que seulement 27 cas sont répertoriés, la municipalité de Wuhan publie son premier message d’alerte à l’attention du public, recommandant à la population de porter un masque dans les lieux publics. Le 9 janvier, un habitant de Wuhan de 61 ans devient le premier mort officiel de l’épidémie. Le lendemain, des chercheurs de l’université de Shanghai publient le génome du Sars-Cov-2. Toujours le 10 janvier, le Jim publie son premier article sur l’épidémie et le « nouveau coronavirus identifié ». Le 23 janvier, la ville de Wuhan et ses habitants sont placé en confinement, un régime de restriction des libertés sans précédent qui va bientôt devenir le quotidien de milliards d’êtres humains.

1,8 millions de morts dans le monde

Un an après le début de l’épidémie, on dénombre près de 1,8 millions de morts dans le monde, dont la moitié en Europe et aux Etats-Unis. Si l’épidémie est loin d’être terminée, tuant encore plus de 13 000 personnes par jour, l’élaboration extrêmement rapide de plusieurs vaccins et le début des campagnes de vaccination dès ce mois de décembre un peu partout dans le monde ont créé un grand espoir et permettent d’envisager la fin de l’épidémie dans les prochains mois.

En Chine, si l’on en croit les chiffres officiels, qui sont à prendre avec précaution quand on connait le rapport à la vérité du parti communiste chinois, l’épidémie n’aurait tué que 4 600 personnes et serait quasiment éradiquée depuis le mois de mars. Plus aucun mort n’a été signalé depuis et seul une poignée de contaminations ont été comptabilisés, tous importées selon les autorités. A Wuhan, dont le confinement a cessé le 8 avril dernier, seul le port du masque, obligatoire dans la plupart des lieux publics, rappelle aux habitants l’existence de la maladie. Ces derniers jours, la propagande chinoise a diffusé en boucle les images des gigantesques fêtes dans les boites de nuits de la mégapole chinoise, comme un symbole de la vie retrouvée.

Le Dr Jixian, quant à elle, est devenue l’une des héroïnes du régime et un symbole de la (prétendue) réponse exemplaire des autorités sanitaires chinoises face à l’épidémie. En bon soldat du régime, elle souligne dans toutes ses interviews la rapidité du gouvernement chinois à prendre les bonnes décisions dès le début de l’épidémie. Une version officielle démentie par de nombreuses informations obtenues tant bien que mal par des journalistes occidentaux malgré la chape de plomb qui pèse sur le pays et qui ont révélé l’impréparation et les mensonges de Pékin au début de l’épidémie. Gare à celui qui ose remettre en cause ce mythe d’un gouvernement infaillible. Ce lundi, pour avoir révélé dans ses reportages le chaos qui régnait dans les hôpitaux de Wuhan en février dernier, la journaliste Zhang Zhan a été condamnée à 4 ans de prison ferme par un tribunal de Shanghai.

Quentin Haroche

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article