La santé à l’épreuve des crises

Que devient la santé en ces périodes de crises ? Quel médecin n’a remarqué, jusque dans sa pratique, les conséquences des crises qui secouent notre monde ? Nul besoin d’être un(e)  humanitaire pour saisir l’impact des conflits ou catastrophes (pas toujours naturelles) qui poussent tant de personnes à quitter leur pays. De même chacun voit (ou vit) l’effet des  restrictions budgétaires et le sentiment d’impuissance, de colère, le désespoir que cela génère. Et que dire des difficultés du ministère à proposer des actions de santé publique face aux lobbies alimentaire ou alcoolier ?

Trois jours de réflexion sur le sujet nous sont proposés en octobre par le Cermes3* - laboratoire multidisciplinaire consacré à l'analyse sociale des transformations contemporaines en médecine, sciences, santé, santé mentale, société -  avec cinq thèmes de débats.

Pratiques, mondialisation, budgets

Tout d’abord, la pratique et l’organisation des soins se sont modifiées avec la crise des hiérarchies, la prise de pouvoir (empowerment) de patients devenant "experts", la standardisation des soins ou encore les pratiques dites alternatives.

Sujet rebattu mais réel,  la "crise des migrants" (crises des migrations) sera vue sous deux angles : l’accès aux soins, incluant la consommation médicale transnationale ou la téléconsultation, et les migrants professionnels de santé (leur place, leurs savoirs thérapeutiques).
La protection sociale et la crise de l’état providence sont aussi matière à réflexion. Les restrictions budgétaires touchent les conditions de vie et de travail des professionnels tandis que le projet de couverture santé universelle se heurte au poids grandissant des acteurs privés (prix croissant de l’innovation thérapeutique).

Environnement, objectivité

Si l’impact de l’environnement sur la santé est interrogé depuis les années 80 (contaminants chimiques), les potentiels vecteurs de changements épidémiologiques que sont les perturbateurs endocriniens et la crise climatique forcent à présent au décloisonnement des domaines santé et environnement, même si le plus gros reste sans doute à faire.

Dernier sujet mais non des moindres, ce que le Cermes3 nomme la crise de l’objectivité sera interrogée : quel mode de production des savoirs ? Quelle utilisation pour objectiver ou minimiser voire nier les problèmes ? Quid de « la porosité des institutions scientifiques (...) face aux (…) intérêts organisés de type économique ou politique » ?

La crise de confiance dans les élites (ici scientifiques) n’est pas clairement citée dans le programme. Ne mérite-t-elle pas l’analyse, avec celle de ses corollaires les fake news et autres théories du complot ? Car la santé - publique surtout - en pâtit déjà : il n’est qu’à voir l’épidémie mondiale de rougeole.

* http://www.cermes3.cnrs.fr/fr/production-scientifique/conferences/741-la-sante-a-l-epreuve-des-crises-temporalites-coalescence-alternatives

Dr Blandine Esquerre

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