
L’annonce de la gratuité du préservatif pour les 18-25 ans
(voir notre article du jour sur le sujet) n’était pas la seule
surprise du déplacement d’Emmanuel Macron dans la Vienne ce jeudi,
à l’occasion d’une session du Conseil National de la Refondation
(CNR). Les participants à cette réunion ont également pu voir le
Président de la République masqué, une première depuis le printemps
dernier. « Je suis les préconisations de mon ministre » a
expliqué le chef de l’Etat en se tournant vers le ministre de la
Santé François Braun, également masqué. Une prudence contagieuse,
puisque François Bayrou, secrétaire général du CNR également
présent, a fini par mettre un masque au cours de la réunion.
« C’est une manière de reprendre des habitudes basées sur
le volontariat et l’esprit de responsabilité » a expliqué
Emmanuel Macron, qui a cependant prévenu que son geste ne devait
pas être interprété comme un prochain retour du port du masque
obligatoire, au contraire. « Face à la remontée de l’épidémie,
je pense que c’est bien de faire de la pédagogie parce qu’on n’a
pas envie de revenir vers des obligations généralisées »
justifie le chef de l’Etat. Lors des dernières questions au
gouvernement mercredi dernier, tous les ministres présents dans
l’hémicycle portaient un masque, là aussi pour montrer
l’exemple.
Une exemplarité de façade ?
Certains esprits chagrins noteront cependant qu’il ne s’agit
que d’une exemplarité de façade, puisque quelques heures avant
cette session du CNR, Emmanuel Macron et François Braun ont été
pris en photo sans masque lors d’un échange avec une dizaine de
personnes dans un bus à l’espace très exigu.
Une opération de communication donc qui intervient alors que
la France fait face à une triple épidémie de Covid-19, de grippe et
de bronchiolite et que de nombreux médecins appellent les Français
à remettre le masque dans les lieux fermés. Sur le front de la
Covid-19, on compte désormais 59 000 nouvelles contaminations par
jour en moyenne hebdomadaire, soit deux fois plus qu’il y a trois
semaines. Les hospitalisations quotidiennes conventionnelles (+ 86
% en trois semaines) et en soins critiques (+ 81 %) sont également
en hausse.
Le dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé
Publique France (SPF) sur la grippe, publié ce mercredi, fait état
d’une épidémie particulièrement intense et précoce. Les passages
aux urgences pour syndrome grippal (+ 94 %) et les hospitalisations
(+ 112 %) sont en forte hausse et 9 régions métropolitaines sur 13
sont désormais en phase épidémique. Seule bonne nouvelle, le pic de
l’épidémie de bronchiolite semble avoir été atteint, avec une
stabilisation des passages aux urgences et des hospitalisations.
Dans ce contexte les appels au retour du masque obligatoire se
multiplient : deux associations de patients atteints de maladie
chronique ont lancé un appel dans ce sens dan Le
parisien.
La dose de rappel ouverte à tous
Cependant, le gouvernement préfère faire preuve de pédagogie
sur le masque mais aussi sur la vaccination. Depuis plusieurs
jours, les appels à destination des plus fragiles à se faire
administrer une dose de rappel se multiplient, alors que les
derniers chiffres sont loin d’être encourageants : seulement 23 %
des plus de 80 ans et 38 % des 60-79 ans sont à jour de leur
vaccination. Alors qu’un certain imbroglio règne sur la question
(dont nous nous sommes fait l’écho récemment), le ministre de la
Santé François Braun a rappelé ce vendredi que « tout le monde
peut se faire vacciner » bien que « la cible, même si le
terme n’est pas très bon, ce sont les plus fragiles ». L’ancien
urgentiste a d’ailleurs annoncé qu’il recevrait une dose de rappel
prochainement...alors qu’il est éligible depuis septembre
dernier.
François Braun tiendra une conférence de presse sur la
situation épidémique ce vendredi à 17h aux côtés de la Pr Brigitte
Autran, présidente du comité de veille et d’anticipation des
risques sanitaires (Covars). Une conférence où le ministre fera
preuve de « pédagogie » a assuré le porte-parole du
gouvernement Olivier Véran, semblant écarter l’hypothèse d’un
retour du masque obligatoire. Pédagogie et responsabilité, voilà
donc désormais les maîtres mots de la communication sanitaire du
gouvernement.
Grégoire Griffard