Bon anniversaire François Braun ?

Paris, le mercredi 5 juillet 2023 – Un an après son arrivée avenue de Ségur, François Braun se trouve confronté à la même problématique qu’à sa prise de fonction, celle de faire passer l’été à un hôpital en crise.

Né un 4 juillet. Il y a un an tout juste, le 4 juillet 2022, le Dr François Braun, chef du service des urgences de l’hôpital de Metz et président du syndicat Samu-Urgences de France (SUdF) était nommé ministre de la Santé, avec une mission simple : appliquer les mesures qu’il avait lui-même préconisé dans sa « mission flash », dont il avait rendu les conclusions quatre jours auparavant, afin de permettre à l’hôpital public de tenir l’été. A l’époque, les services d’urgences étaient contraints, les uns après les autres, de ne proposer qu’une offre de de soins dégradée, avec des fermetures partielles des services. 

On ne change pas une équipe qui gagne

On ignore si François Braun a sorti le champagne ce mardi pour fêter l’anniversaire de sa prise de fonction. Mais il n’y a a priori pas de quoi se réjouir, puisque 12 mois après son arrivée avenue de Ségur, la situation de l’hôpital public est toujours aussi critique. Et même peut être pire si l’on en croit le Dr Marc Noizet, chef du service des urgences de l’hôpital de Mulhouse qui a succédé à François Braun à la tête du syndicat SUdF. « La situation est pire que l’an dernier pour trois raisons. La disponibilité des lits s’est dégradée dans les établissements, en raison de ressources humaines encore plus précaires. Les signaux de souffrance et de mauvais état de santé des personnels sont excessivement inquiétants. Et la loi Rist a mis à genoux certains établissements en anesthésie, imagerie, gynéco, urgences » résume l’urgentiste.

A travers la France, plusieurs services d’urgence mais également des maternités ou des services d’urologie font état de leurs difficultés à maintenir une offre de soins continue en ce début de période estivale. En mai 2022, les urgences du CHU de Bordeaux étaient le premier service d’un grand hôpital à annoncer fermer ses portes la nuit (sauf aux patients amenés par le SAMU). Quatorze mois plus tard, le chef du service, le Dr Philippe Revel, s’apprête à prendre la même mesure pour cet été. « Un aveu d’impuissance » reconnait-il. 

Face à la même problématique, François Braun n’entend pas changer de méthode. Samedi dernier, il a adressé une instruction aux agences régionales de Santé leur demandant de préparer au mieux la période estivale. Les mesures mises en avant sont les mêmes que celle de la mission flash de l’an dernier : incitation à appeler le 15 au préalable pour assurer une régulation, revalorisation des gardes de nuit, prime pour les généralistes qui acceptent des patients non programmés et gestion des lits d’aval à l’échelle territoriale. « Les urgences ne peuvent être la porte d’entrée unique de l’hôpital ni une salle de consultation ouverte à toute heure » argumente le ministre.

François Braun dans le déni ?

Face aux cris d’alarme de ses anciens collègues, le ministre conserve son attitude optimiste, que certains détracteurs assimilent à du déni. « Il n’y pas d’urgence fermée sauf cas exceptionnel » a-t-il insisté le 22 juin dernier, convaincu que les méthodes mises en place depuis un an portent leurs fruits. « La situation à l’hôpital était beaucoup plus inquiétante il y a un an, quand il n’y avait pas de régulation aux urgences, par cet investissement sur les soins non programmés, elle est aujourd’hui stabilisée, même si tous les problèmes ne sont pas résolus » tente-t-il de convaincre. 

Maintenant que « l’hôpital tient » comme il le répète souvent, François Braun a un autre horizon : désengorger les services d’urgence d’ici fin 2024 comme l’a promis (un peu vite) Emmanuel Macron. Pour cela, il faudra attendre que certaines mesures structurelles soient prises et portent leurs fruits, comme l’augmentation du nombre de médecins et d’infirmières formés, les réformespR de la tarification à l’activité et de la direction hospitalière ou la réorganisation du temps de travail, autant de chantiers qui restent à mettre en œuvre. 

Le 20 juin dernier, François Braun a visité le centre hospitalier intercommunal de Créteil, celui-là même qu’il avait visité le 4 juillet 2022 pour son tout premier déplacement de ministre. « Une première boucle est bouclée » a lancé le ministre. Difficile de nier cependant qu’en un an, sa relation avec les professionnels de santé hospitaliers s’est dégradée. « François Braun est quelqu’un de très compétent, qu’on apprécie, mais je pense qu’il est rattrapé par d’autres contraintes budgétaires » analyse le Dr Revel.

Quentin Haroche

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Vos réactions (1)

  • Dénis

    Le 07 juillet 2023

    Notre confrère François Braun est, comme ses prédécesseurs, l'otage de la technosphère qui régit le monde de la santé, sans la plus petite marge de manœuvre. La partition est écrite là-haut, le là-haut du là-haut se situant à Bercy, il doit l'exécuter en y adjoignant ici un arôme, là un zeste. Il doit justifier sans cesse cette musique des sphères, même dans l'absurdité et en être le garant, le fusible, jamais le moteur, l'instigateur, sans possibilité d'avoir un parti, un horizon, une visée, ce qu'on appelle une politique.
    Exécutant-fusible, son choix est simple : ficher le camp, ou demeurer. Alors le déni est la seule position vivable : non je ne suis pas un pion, je suis le chef, tu parles...
    Il peut y avoir des nuances, selon l'oiseau. Certains s'identifient totalement à la technosphère, en adoptent le langage, les critères, les buts (toujours moins de pareil), les illusions, par exemple en poussant les fantasmes de toute puissance bureautique, telle Mme Bachelot et "sa" (mdr) loi HPST. D'autres essayeront de peser un peu plus, en tentant une reprise en main, je pense à M. Kouchner.
    Mais, de toutes manières, la messe est dite, filer doux, même et surtout devant l'evidence de la faillite de cette voie. Si tu veux pas manger ta soupe, tu en auras davantage !
    Au fond, ce médecin deux fois lessivé, aux urgences et dans le panier de crabe du ministère, il fait pitié, disant ça va mieux quand ça empire.
    Le pauvre, allez, un bisou...

    Dr G Bouquerel

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