Comment relancer la campagne de vaccination de rappel ?

Paris, le vendredi 5 novembre 2021 – Alors que la campagne de vaccination de rappel n’est pas un très grand succès en France, l’exécutif envisagerait de conditionner l’obtention du passe sanitaire à cette troisième dose (voire de la rendre obligatoire).

On le sait, depuis le 1er septembre dernier, toutes les personnes âgées de plus de 65 ans et celles souffrant de comorbidités aggravant le risque de formes graves du Covid-19 sont éligibles à une troisième dose de vaccin, aussi appelé dose de rappel, à condition d’avoir reçu leur deuxième dose il y au moins six mois. Au total, 7 millions de personnes étaient éligibles au 1er novembre, un chiffre qui va donc augmenter avec le temps. Parmi eux, 43 % ont reçu la 3ème dose, avec de fortes disparités selon le public éligible : 69 % des personnes âgés de plus de 65 ans ont accepté de recevoir une nouvelle injection, alors qu’ils ne sont que 19 % chez les moins de 65 ans souffrant de comorbidités. « Les patients les plus jeunes ayant des comorbidités ont sans doute moins conscience du danger » explique le Dr Jacques Battistoni, président du syndicat MG France.

Succès mitigé pour la 3ème dose

Deux mois après son lancement, le succès est donc mitigé pour la campagne de vaccination de rappel. « Pour le moment, on est clairement en dessous de l’objectif final » reconnait le Pr Alain Fischer, président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale (COSV). Les médecins regrettent une communication insuffisante autour de la dose de rappel, des problèmes logistiques (les centres de vaccination sont progressivement remplacés par les médecins de ville) mais aussi quelques couacs, comme la suspension (semble-t-il temporaire) de l’utilisation du vaccin Moderna, « un gag » selon le Dr Corinne Le Sauder, présidente de la Fédération des médecins de France.

Pour l’exécutif, il y a urgence à accélérer l’administration de la 3ème dose chez les personnes fragiles. La France connait actuellement une hausse des contaminations et des hospitalisations (pour le moment légère) et les études montrent que chez les sujets âgés, la protection liée au vaccin diminue avec le temps. L’administration d’une dose de rappel semble donc être un outil essentiel pour lutter contre ce rebond épidémique. En Israël, où elle a été administrée massivement, la 3ème dose a semble-t-il permis de diminuer fortement le nombre de formes graves et de décès liés à la Covid-19.

Passe sanitaire ou vaccination obligatoire ?

Plusieurs pistes sont donc envisagées par le gouvernement pour inciter les Français à se faire injecter une nouvelle dose de vaccin. La première serait celle de conditionner l’obtention du passe sanitaire à l’administration de cette 3ème dose (comme c’est le cas en Israël), alors même que l’Assemblée Nationale vient tout juste de valider l’utilisation du passe jusqu’au 31 juillet prochain.

L’hypothèse a déjà été discutée en Conseil des ministres et par des députés de la majorité et devrait être prochainement débattue en Conseil de défense. Les différentes autorités scientifiques (COSV, HAS, Conseil scientifique) vont également être consultées sur le sujet.

Se pose également la question corolaire de l’extension de la dose de rappel à l’ensemble de la population. Le COSV s’y est dit opposé dans une note du 21 octobre dernier, au motif que « l’on n’observe pas d’affaiblissement de la protection vaccinale » chez les sujets de moins de 65 ans sans comorbidité. 

Autre piste envisagée et semble-t-il privilégiée par l’exécutif selon nos confrères de RTL, celle de rendre la 3ème dose obligatoire pour les personnes éligibles (alors que la 2ème dose ne l’est pas !).

Le Président de la République pourrait même faire une énième allocution aux Français pour leur annoncer cette mesure selon certaines rumeurs. Et ainsi rompre une de ses promesses imprudentes du début d’année : celle de ne jamais rendre la vaccination contre la Covid-19 obligatoire…

Nicolas Barbet

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article