Démographie médicale : le désert des idées ?

Paris, le samedi 16 décembre 2017 – Le Premier ministre et le ministre de la Santé ont présenté il y a quelques semaines leur stratégie pour faire face à la désertification médicale. Depuis, le sujet a été régulièrement abordé par Agnès Buzyn, à la faveur notamment des débats autour du projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

Faire du neuf avec du vieux

Si les médecins ont pu être rassurés par le rejet systématique par le ministre des propositions visant à restreindre la liberté d’installation, majoritairement, c’est la déception qui s’impose chez les observateurs quant à l’impulsion donnée par le gouvernement, en dépit de l’impression d’innovation qui habille le programme. « Dans son communiqué de presse, le premier ministre se montre ambitieux : "Depuis combien d’années ces sujets sont-ils expérimentés, discutés, évalués ? Il ne faut pas craindre les innovations qui font évoluer les schémas du passé, lorsqu’il est démontré qu’elles améliorent la réponse aux besoins". Problème : si le ton vis à vis des médecins semble plus doux qu’auparavant, ce nouveau plan s’inscrit largement dans les fameux "schémas du passé"» épinglent les journalistes auteurs du blog Toubib or not Toubib hébergé par France 3. De son côté, l’économiste Frédéric Bizard dans un billet publié par le Huffington Post déplore qu’« On ne cherche pas à régler le problème mais à gérer la pénurie, comme si c’était une fatalité ».

Maison de santé et télémédecine : des réponses automatiques

Outre ce sentiment général, de nombreux points de détail crispent les observateurs. Les journalistes de France 3 remarquent ainsi que l’antienne visant la création de maisons de santé pluriprofessionnelles a ses limites. « Les maisons de santé ? Là où il fonctionne, ce nouveau type d’organisation est performant, et même attractif pour les jeunes médecins. Nous l’avons déjà constaté en Limousin. Mais la création d’une maison de santé ne se décrète pas. Si des médecins volontaires et motivés ne se retroussent pas les manches à la base du projet, les murs construits par les municipalités restent la plupart du temps bien vides ». Même sentiment de mots valises, passant à côté des réponses concrètes attendues, en ce qui concerne la télémédecine. Frédéric Bizard balaie : « Le recours à la télémédecine, qu’il est urgent de développer, n’est en rien un remède à la désertification médicale mais un atout pour renforcer l’efficacité d’un travail présentiel des professionnels de santé dans les territoires ».

Transfert de tâche : le grand oubli

Ces éternelles reprises des mêmes marottes sont d’autant plus regrettables que différents éléments ont été oubliés selon les observateurs. Si la remise en cause de la liberté d’installation plébiscitée par les journalistes de France 3, qui notent-ils n’a pour sa part « jamais » été « essayée », ne séduira (plus que) probablement pas la plupart des acteurs, Angèle Malâtre-Lansac, directrice déléguée à la santé de l’Institut Montaigne remarque sur le blog de ce groupe de réflexion libéral : « Peu développée dans le discours de la ministre, la question du transfert de tâches entre professionnels de santé constitue pourtant un enjeu crucial. En effet, de nombreuses tâches peuvent être pratiquées par des infirmiers et autres auxiliaires médicaux (éducation thérapeutique, éducation nutritionnelle, renouvellement de certaines prescriptions, vaccinations, etc.). Les médecins gagneraient en temps disponible et les autres professionnels de santé monteraient en compétence. Aux Etats-Unis, il existe par exemple trois niveaux de compétences pour les infirmières et les plus qualifiées sont désormais en charge de tâches généralement réservées aux médecins. Cette collaboration interprofessionnelle implique de revoir la formation des professionnels de santé, notre cadre règlementaire et statutaire ainsi que le modèle de rémunération des actes ».

Un manque de structure évident

C’est une idée proche, mais sur un mode légèrement ironique, que développe le gynécologue obstétricien Laurent Vercoustre sur son blog hébergé par le Quotidien du médecin en s’intéressant aux anciens officiers de santé dont l’un des plus illustres exemples fut le piètre Charles Bovary. Si les mauvaises performances de ce dernier ne plaident pas en faveur du système, les officiers de santé sont les témoins d’une volonté de mettre en place « un service public de santé et une médecine de proximité comme on dit aujourd’hui ». Or, désormais, cet objectif apparaît bien délaissé. « Il n’y a pas à l’intérieur du corps médical de degré hiérarchique, comme celui qui existait au temps de Flaubert avec les docteurs en médecine et les officiers de santé. Cette configuration du tissu médical, tous ceux qui réfléchissent à notre système de santé l’ont sous les yeux. Ce qui est surprenant, c’est qu’ils n’ont pas conscience ou rarement de son profond retentissement sur le système. Ses effets de blocage sont multiples. Comment en l’état actuel, concevoir une répartition et un contrôle de l’offre de soins ? Comment envisager le chainage du parcours de soins, la synthèse de ses différentes étapes dans un système où chacun revendique son autonomie ? Comment, devant la segmentation des tâches médicales, ne pas percevoir l’impérieuse nécessité d’un maître d’œuvre ? D’un médecin qui ait pouvoir d’orienter, de coordonner les étapes du parcours de soins. D’orienter le patient, aujourd’hui désemparé et qui ne sait à quelle porte il doit s’adresser. Bref comment aujourd’hui peut-on concevoir d’organiser un système de soins en face d’un tissu médical où chacun se comporte comme un électron libre ? » s’interroge-t-il.

Une réforme en profondeur : autre vieille antienne ?

De telles réflexions signalent la nécessité d’une réforme structurelle en profondeur. De nombreuses voix s’orientent dans cette direction. « La lutte contre les déserts médicaux ne pourra pourtant être efficace qu’à la condition que notre système de santé se restructure clairement autour de la médecine de ville et investisse massivement dans la structuration d’une offre de premier recours dense et modernisée » énonce Angèle Malâtre-Lansac. En écho, Frédéric Bizard lui répond : « Seule une réforme structurelle de l'ensemble de notre système de santé (réforme systémique) à partir de ses valeurs fondamentales qui en ont fait son succès résoudra la question des déserts médicaux. Cela passe par renforcer le pouvoir, la responsabilité et l'autonomie des professionnels de santé et des usagers, par remettre la démocratie sanitaire et non l'État au cœur de la gouvernance des soins et du financement, par renforcer l'offre de santé publique et privée ».

Si l’intention est bonne, on pourra remarquer que les critiques n’évitent pas toujours les travers qu’ils reprochent en s’enfermant eux aussi dans des formules maintes fois répétées.

Un système sclérosé ?

D’autres ne s’embarrassent pas de telles circonvolutions et invitent à s’intéresser à des solutions plus ludiques qui pourraient être séduisantes si elles ne se résument pas qu’à des gadgets et si elles ne sont pas bloquées par la rigidité du système actuel. Le blog La lettre de Gallilée s’amuse ainsi de l’arrivée sur les routes de France d’une start-up proposant les services en odontologie d’un medtruck. « Le reportage nous dit qu’une expérimentation Dentaltruck est en cours en France. L’Ordre des médecins, le Ministère de la santé, l’Agence régionale de santé, ont donné leur accord. Toutefois, le modèle économique reste encore à trouver. La "déambulation" du camion (selon Larousse, un déambulatoire est une galerie permettant de circuler pendant les pèlerinages autour du chœur d’une église au Moyen-Âge), et des professionnels de santé qui y sont installés, est optimisée au moyen d’une cartographie, d’un logiciel de géolocalisation et d’un algorithme qui calcule le meilleur trajet en fonction des rendez-vous prévus sur le territoire. La startup est prête à déployer des camions partout où le désert avance. Voilà bien une double amélioration du parcours de soins ; du 2 en 1 ! Les Ministres de la santé qui se sont succédés ces dernières années en ont rêvé, une startup l’a fait ! » se moque-t-il gentiment. Mais une telle "innovation" peut-elle survivre face aux réglementations actuelles ? « Après sa plainte, à juste titre, contre la publicité de la mutuelle Eovi MCD sur la téléconsultation, le Conseil National de l’Ordre des Médecins va-t-il suivre ou poursuivre la "déambulation" des camions médicaux ? Les syndicats vont-ils lui emboiter le pas ? L’article 74 du Code déontologie médicale dit "l’exercice de la médecine foraine est interdit. Toutefois, quand les nécessités de la santé publique l’exigent, un médecin peut être autorisé à dispenser des consultations et des soins dans une unité mobile selon un programme établi à l’avance. La demande d’autorisation est adressée au conseil départemental dans le ressort duquel se situe l’activité envisagée. " A l’âge d’or des forains, dans notre enfance, il y avait aussi les camionnettes d’épiciers, de boulangers et cela ne manquait pas de charme". Quand t'es dans le désert depuis trop longtemps, tu t'demandes à qui ça sert toutes les règles un peu truquées du jeu qu'on veut te faire jouer, les yeux bandés …" » conclut l’auteur de la lettre de Galilée. De la même façon, les journalistes de France 3 avaient remarqué : « Mais en 2017, si Richard Cœur de Lion aurait sans doute survécu à un tir d’arbalète, certains sujets de société sont toujours des forteresses imprenables ».

Ainsi, on le voit, les idées ne manquent pas pour repeupler le désert, mais difficile de ne pas constater que la route est semée d’embûches comme le résument les blogs et posts de :
Toubib or not Toubib :
https://france3-regions.blog.francetvinfo.fr/toubibornottoubib/2017/10/25/plan-de-lutte-contre-les-deserts-medicaux-toujours-un-mirage-2.html
Frédéric Bizard :
http://www.huffingtonpost.fr/frederic-bizard/nous-navons-pas-tout-essaye-pour-eviter-les-deserts-medicaux_a_23218919/
L’Institut Montaigne :
http://www.institutmontaigne.org/blog/lutte-contre-les-deserts-medicaux-trois-questions-sur-le-plan-dagnes-buzyn
Laurent Vercoustre :
http://blog.laurentvercoustre.lequotidiendumedecin.fr/2017/11/06/le-dr-bovary-et-les-deserts-medicaux/
La lettre de Galilée : http://www.lalettredegalilee.fr/deserts-medicaux-solution-etait-virages-deambulatoires/

Aurélie Haroche

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Vos réactions (17)

  • Déserts médicaux et délégation des tâches

    Le 16 décembre 2017

    ca fait pourtant longtemps qu'on en parle ! Les solutions existent et sont opérationnelles.
    http://www.zeblogsante.com/pour-en-finir-avec-les-deserts-medicaux/

  • Osons changer de paradigme !

    Le 16 décembre 2017

    Sur un principe de subsidiarité, la pratique avancée (infirmière dans un 1er temps) peut représenter une des solutions: immédiate, efficiente, sécure, bon maillage territorial en prévision et avec une satisfaction patient probante (études étrangères). Osons changer de paradigme! Pour la pérennité de notre système de santé et une réponse adaptée aux besoins des patients (et proches...).

    F Ambrosino, Gic REPASI - ANFIIDE

  • Une pétition signée par 80 000 personnes

    Le 16 décembre 2017

    Bel article mais pourquoi ignorez vous les textes publiés dans ma pétition signée par 80 000 personnes et qui a été le point d'ancrage de la réflexion du conseil économique environnemental et social.
    La délégation de taches y est explicitée à partir d'exemples très concrets, les maladies chroniques sont abordées dans le détail de leur prise en charge, les avantages d'un réseau national sont détaillés, depuis sa publication un mini réseau a été créé en Saône et Loire sur une partie seulement des propositions de ces textes...cette pétition va bien au delà de ce que vous décrivez...mais elle n'est pas l'oeuvre d'un think -thank libéral alors ça ne vous intéresse pas !
    https://www.change.org/p/10429079/u/22138932?utm_medium=email&utm_source=petition_update&utm_campaign=208716&sfmc_tk=Lv%2bgtkQ73ZI04vJIhJYyveFr3O5T1B2I057KMryhGG3NLquWqOKWhyfzLG6fh8t5&j=208716&sfmc_sub=158985168&l=32_HTML&u=38410502&mid=7259882&jb=37

    Dr Alain Frobert

  • Les vétérinaires mieux équipés que les MG

    Le 16 décembre 2017

    Sujet que j'ai déja abordé dans de nombreux articles et dans mon dernier ouvrage "La médecine formatée" dont voici un extrait:

    "Plutôt que d'envisager des mesures de replâtrage ou un dispositif autoritaire, ne vaudrait-il pas mieux établir un état des lieux, et accepter l'idée que dans certaines zones, l'exercice libéral de la médecine n’est plus adapté aux besoins du terrain.
    Si l'on accepte ce postulat, on peut envisager la création de centres de santé, dont le financement serait assuré par la collectivité (territoriale ou l’état et/ou par les caisses d’assurance maladie), afin que les populations locales puissent avoir recours à des prestations de soins identiques à celles dont elles pourraient bénéficier dans d'autres endroits du territoire, où la médecine libérale assure ce service de santé publique.
    Il serait plus facile de recruter des jeunes médecins en leur proposant un contrat de deux ou trois ans renouvelable, en leur assurant un salaire attractif, (ce qui correspondrait à leurs attentes : salariat et crainte de s’engager à vie), et en valorisant leur outil de travail, plutôt que de tenter de les appâter par des primes à l’installation ou de les contraindre par des mesures autoritaires.
    Pour valoriser les conditions de travail on peut envisager que ces centres médicaux soient équipés d’un matériel de base permettant de pratiquer les premiers soins d’urgence, d'un matériel de radiologie ainsi que d'appareils de biologie, simples à utiliser, comme ceux que possèdent les vétérinaires, car il est paradoxal de constater que ces derniers sont mieux équipés que les médecins généralistes."

    Dr Jacques-Michel Lacroix

  • Et la formation, bordel

    Le 16 décembre 2017

    Ben oui, on n'oublie qu'une chose, c'est le bordel absolu de la (non) formation des généralistes et autres médecins hors hôpital.
    Ce ne peut être que le seul levier "anti-désertification" : tout faire pour que naissent un peu partout des endroits de formation de médecine générale. Les universitaires ne savent pas le faire, donc obligation de faire sans eux.

    A qui alors donner les clés ? Aux praticiens de terrain qui sont encore sur place, en les reconnaissant et rémunérant comme des professeurs. Belle perspective d'avenir pour des jeunes n'ayant pas peur de fouler de nouveaux territoires de savoir encore à développer.
    Là, aussi farfelu que semble ce point de vue, on crée un vrai dynamisme, une possibilité d'évolution de carrière. Dans le désert, il y a toujours des oasis. Elles ne peuvent être que là, pas dans les ARS stérilisantes.

    Dr François-Marie Michaut

  • Liberté d'installation : un dogme sans fondement

    Le 16 décembre 2017

    ça suffit, cette liberté d'installation dessert le public, la démographie globale, les autres professions de santé, et les médecins eux-mêmes qui ne peuvent pas vendre leur cabinet. C'est un principe sans motif intelligent cette liberté idiote. Que les moins riches s'installent en campagne quelques années, où le besoin est recensé, puis qu'ils évoluent vers d'autres lieux correspondant à leur rêves s'ils ne sont pas séduits par la campagne ou quand les enfants sont grands. Les pharmaciens font bien celà, pour le service du public et pour leur propre intérêt.

    On surfe sur un archaïsme insensé et on n'avance pas à cause de ce dogme sans fondement. Pas étonnant que le gouvernement n'avance pas avec de tels prérequis !

    Guy Barral (pharmacien)

  • C à 45 euros !

    Le 16 décembre 2017

    Et la simple augmentation du C à 45 euros !? hum....? on n'en parle pas !?

    Avec "ça" plus de probleme de secretariat, de comptable, de nounou... Et nos journées de 10- 11h nous paraitraient moins stressantes, surtout que l'on pourra alors avoir des vacances, vu que les "jeunes" se precipiteraient pour nous remplacer, comme avant, comme dès le diplome en poche on pouvait aller acheter tout de suite l'alpharomeo de nos reves ! Ce temps de la liberté financiere, du pouvoir à "equiper" sa vie de medecin est bien revolu. Qu'il revienne et le "salariat" n'aura plus de beaux yeux !

    Dr Patrick Cadot

  • Hypocrites

    Le 16 décembre 2017

    Hypocrites ! Vous faites semblant de chercher des solutions bâtardes qui n'existent pas, alors que le simple renoncement au principe de liberté d'installation - qui n'apporte rien à personne - résoudrait tout, à l'identique de la loi de répartition des pharmacies, qui répond aux besoins de santé publique comme à ceux de la démographie globale. C'est une hypocrisie inutile, idiote, génératrice de gros effets négatifs. Tout ça pour décider de s'installer en fonction de son patrimoine immobilier ou dans l'appartement de la tante Berthe ?!

    Guy Barral

  • Former suffisamment de médecins

    Le 16 décembre 2017

    Il faudrait déjà commencer par former suffisamment de médecins. Nombreuses sont les villes qui n'ont même plus assez de médecins (tous partis en retraite et non remplacés). C'est scandaleux.

    Nathalie Sitelle

  • Grave !

    Le 16 décembre 2017

    Etant moi même en "Désert médical" (ex - Basse-Normandie, promue au grade de Normandie !) je vois mon Perche se vider sans que de vrais remplaçants s'installent. Le phénomène est curieux : un ou deux cabinets se vident et on voit les rescapés (ou rescapées) essayer de se rassembler ailleurs pour faire un nouveau cabinet intermédiaire. Exemple : Ville "A" 2 médecins, un part à la retraite. Ville "B" 2 médecins, un part à la retraite. Les deux rescapés montent un cabinet dans la ville "C" à mi distance entre A et B. Bravo mais A et B n'ont plus de médecins ! Plus grave, mon cardiologue bien aimé, à bout de force part à la retraite ! (Il ose,c'est scandaleux) mais je n'ai plus un seul correspondant de cette discipline à portée de fusil car, encore plus que nous, il n'a aucun successeur -(De plus il me soigne) - comme diraient mes petits enfants : "C'est la cata". Grave.

    Dr G

  • Une solution ?

    Le 17 décembre 2017

    Bloquons l'entrée de nos jeunes en médecine et recrutons en masse les médecins étrangers qui nous ont rien coûté en formation...ça existe déjà? Ha bon!

    Dr Christian Marty

  • La révolte des sous-doués

    Le 17 décembre 2017

    Depuis le rêve de grandeur, inspiré du gaullisme pur et dur de la 5ème République de Robert Debré, on fait fausse route.
    Piquer aux USA leur suprématie écrasante sur la médecine de pointe, c'était l'objectif quand on été crées les CHU. Je me souviens, jeune étudiant, on nous affirmait qu'on allait fastoche, avec ça, glaner tous les prix Nobel de médecine. Résultat = absolument rien !

    Une telle erreur de stratégie aurait du nous conduire à revoir nos priorités. Ben non, on continue comme avant.
    Résultat : la création de fait d'une poubelle professionnelle recueillant les déchets de la machine de broyage "élitiste" hospitalo universitaire. Sans aucun recyclage, nous fumes, nous les sous-doués, des générations de généralistes et de spécialistes exerçant individuellement. Ouvertement méprisés, volontiers insultés, par des jeunes cons produits par l'usine-à-nobels, telle fut, telle est encore la réalité vécue par les médecins en formation.
    Alors qu'un jour, ces armées de sous-doués se révoltent, c'est simplement logique. Oh, pas de manifs, pas de bruit, pas de cris, pas de pétitions, juste une foule qui refuse de vivre le même sort de parias de l'orgueilleuse et impérialiste médecine hospitalière publique.

    Tant que cet abcès original de notre prétentieuse médecine à la française de 1958 n'aura pas été crevé, nous resterons dans une situation dramatiquement bloquée. Ça demande un peu d'intelligence - ça doit pouvoir se trouver- et de courage - ça, c'est franchement plus rare !

    Dr François-Marie Michaut

  • Ticket modérateur et tiers payant

    Le 18 décembre 2017

    Ces déserts médicaux ont des causes variées qui vont des problèmes démographiques, des établissements de proximité, des divergences des époux pour diverses raisons. Le CNOM les a énumérées, il en reste. Ce ne sont pas les maisons médicales qui changeront cela !

    Cette tendance aux déserts médicaux s’aggrave si les hôpitaux référents de ces régions rurales sont de moins en moins performants du fait des pénuries en spécialistes ou par manque de matériel technique.

    La tendance aux déserts médicaux ne relève pas de simples considérations économiques ou démographiques, loin de là. Le CNOM les avait mentionnées. Il en reste. Il existe des cas surprenants qu’aucun ministère ne peut ni concevoir ni solutionner. Pas même les syndicats ou les CDOM.

    J’en ai visité une douzaine au cours de missions de la MSA en 2005-2008 dans une trentaine de départements et soixante chefs-lieux de canton. Cela ne m’autorise certes pas à proposer des solutions.

    Quelques possibilités, faciles à mettre en place, pourraient avoir un effet rapide. Quelques suggestions :

    1-Supprimer le ticket modérateur dans les déserts médicaux.

    Le ticket modérateur, au lieu de modérer l’accès aux soins pour toutes les situations, génère des retards de première consultation préjudiciables essentiellement là où les populations sont en difficulté économique. C’est le cas presque toujours des déserts.

    Cela équivaut à augmenter les actes de 30 %. Cela conduit à un diagnostic précoce et à un moindre coût. Tandis que le tiers payant facilite la consultation. Contradiction?

    2-Payer les médecins pour la totalité des actes sans ticket modérateur ni mesure discriminatoire
    Il faut que les praticiens qui osent prendre en charge des actes (propharmacien, échographies, radiographies et réductions du MS, gynécologies, biologies avec automate) soient payés en tiers payant, même si les actes sont réalisés le même jour, mieux encore s’ils le sont le même jour. Finie la NGAP !

    Tout cela constitue une dépense. Cependant, ces mêmes examens prescrits par un médecin du désert coûteront le même prix, auquel il faut ajouter les dépenses des déplacements, et les retards au diagnostic.

    3-Appliquer le tiers payant pour tous ceux qui le demandent sans restriction aucune.

    Les assurés qui vivent au désert ont rarement de quoi avancer les sommes dues à leurs praticien en tiers garant. Mieux vaut leur proposer le tiers payant sans obligations.

    Bref un catalogue qui a des résultats. De là à transposer ces résultats à toutes les situations, rencontrées on peine à croire que cela soit possible dans tous les déserts médicaux. Il y manque le principal intervenant : l’Assurance maladie.

    Attendez-vous chers confrères à son hostilité. Le contraire serait une surprise !

    Dr JD

  • Un veritable aménagement du territoire

    Le 18 décembre 2017

    Ayant exercé pendant 35 ans dans une zone sous dotée mais pas encore désertique, mon épouse a accepté de ne pas travailler pour s'occuper de nos enfants et de les vehiculer dans leurs écoles respectives puis dans leurs pensions souvent éloignées de plusieurs dizaines voire centaines de kilomètres tout en m'aidant à gerer ma patientèle. Les maisons de santé répondent à une partie du problème , mais la vrai réponse sera celle d'un veritable aménagement du territoire ou les épouses ou époux de médecin pourront trouver un travail intéressant correspondant à leurs compétenceset où le télétravail sera possible (car la fracture numérique existe bel et bien), et aussi ou le tavail exercé par les épouses ou époux sera pris en compte. Nos enfants sont choqué quand ils connaissent le montant de nos retraites.

    Dr P-Y Thiébault

  • Déserts médicaux, déserts des idées?

    Le 19 décembre 2017

    Il y a des déserts médicaux y compris au centre des villes mais surtout des déserts tout court. Comment inciter un(e) jeune médecin à s'installer là où font défaut écoles commerces moyens de transport et possibilité de travail pour le conjoint?

    Il est étonnant de ne pas trouver de tentative de couplage des incitations à l'installation avec des programmes existants de type "zones de revitalisation urbaine, ou rurale" ou équivalents. C'est un manque de bon sens politique évident.

    On ne parle plus beaucoup non plus de deux initiatives : contrat de Praticien territorial de médecine générale (PTMG), opérationnel depuis septembre 2013, et pour les étudiants
    les contrats d’engagement de service public (CESP) permettant l'octroi de bourses.
    En fait il y a une sorte de consensus mou pour ne rien faire de décisif, du fait essentiellement de la liberté d'installation à laquelle personne ne veut toucher, et qui fait partie du package de l'étudiant en médecine dès qu'il s'inscrit en Faculté.

    Il faudrait donc prendre le problème en amont, c'est-à-dire avant l'entrée en Faculté, et recruter un certain nombre de candidats sur la base du volontariat, à qui on demande en échange de bourses d'études un certain temps d'exercice là ou il y a des besoins. Il n'y a aucune coercition puisque c'est un contrat. C'est le principe de recrutement des médecins militaires, facile à imiter.

    Dr Jean Cueff

  • A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle

    Le 24 décembre 2017

    Alors, voilà, pour moi bravo à ceux qui osent et merci à cette équipe d'odontologie, qui va "enfin"
    à la rencontre des autres, ceux qui ne veulent pas rallier les mégalopoles pour se faire "soigner".
    Je l'ai écrit maintes fois la solution pérenne arrivera sans doute, mais en attendant à situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle et je serai la première à donner du temps pour aller dans les zones démunies avec une antenne mobile équipée ...et je pense que bien d'autres seraient partants.
    Alors fi de la rigidité de nos instances ordinales et enfin agissons pour la solidarité.

    Dr Patricia Erbibou

  • Déserts, ça peut s'arranger !

    Le 28 décembre 2017

    En reunissant 2 idées deja utilisées, il serait possible d'avoir le C à 45 euros proposé plus haut. Ce qui modifierait l'attractivité du désert. D'abord, suivre l'exemple des communes qui ont offert des postes de salariés aux médecins. Ensuite autoriser ces médecins à facturer leurs consultations en tiers payant à la Secu,qui ne paiera donc pas plus que si le medecin s'etait installé en libéral. La reunion des 2 flux financiers permettra d'offrir une excellente rémunération, garantissant que s'il y a depart au bout de quelques années, les successeurs seront faciles à convaincre.

    Maignan, Pharmacien

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