Des anneaux vaginaux pour protéger les femmes du VIH

Il y a dans le monde plus de 36 millions de personnes infectées par le virus du sida. L’immense majorité d’entre elles vit en Afrique sub-saharienne. Et la proportion de femmes contaminées y est supérieure à celle des hommes, contrairement à ce que l’on observe en Europe ou aux Etats-Unis. Chaque année dans le monde 900 000 nouvelles contaminations surviennent chez des femmes qui s’infectent lors de rapports hétérosexuels.

Comment réduire leur risque de contamination, sachant la grande réticence masculine en particulier en Afrique à l’utilisation du préservatif ? Comment peuvent-elles se protéger ? Il y a quelques années, des essais avec des gels vaginaux virucides n’avaient pas fait preuve d’une grande efficacité.

Cette semaine, le New England Journal of Medicine rend compte des résultats de deux essais thérapeutiques menés en Afrique de l’Est notamment, avec des anneaux vaginaux diffusant un médicament antirétroviral.

Les résultats sont intéressants, mais la protection ainsi conférée est loin d’être totale.

Réduction du risque de contamination d’environ 30 %

Les deux essais en double aveugle contre placebo, menés sous l’égide du NIH (Institut national de la santé) aux Etats-Unis respectaient à peu près la même méthodologie. Des femmes âgées de 18 à 45 ans, séronégatives, originaires du Malawi, d’Afrique du Sud, d’Ouganda ou encore du Zimbabwe  ont été divisées en deux groupes. Celles du premier groupe ont bénéficié d’un anneau vaginal contenant de la dapivirine (un anti-rétroviral), anneau à changer toutes les quatre semaines, l’autre groupe a reçu un anneau placebo. Toutes ont bénéficié d’une provision gratuite de préservatifs, d’un dépistage du VIH et des maladies sexuellement transmissibles chaque mois, de conseils sur les meilleures stratégies de réduction des risques. L’expérimentation  a duré deux ans.

Le premier essai mené sous l’égide de l’Université de Washington a porté sur 2 669 femmes. Au final, 168 contaminations sont à déplorer : 71 dans le groupe avec anneau vaginal et 97 dans le groupe placebo. Soit 27 % de nouvelles infections en moins avec  l’anneau par rapport au groupe placebo. Par ailleurs, il apparaît très nettement que l’anneau a un effet plus protecteur chez  les femmes de plus de 21 ans que pour celles qui sont plus jeunes. Dans l’autre essai, au bout de deux ans, les femmes ayant bénéficié de l’anneau vaginal présentaient un risque réduit de 31 % d’avoir été contaminées par le VIH par rapport à celles du groupe placebo. Mais là encore, l’efficacité est moindre chez les moins de 21 ans.Une des explications serait le moins bon respect des règles d’utilisation pour les très jeunes filles.

Un effort de prévention pour les femmes

Pour l’éditorialiste, le professeur Adaaora A. Adimora  (Université de Caroline du Nord, USA), ces deux essais relèvent le défi de la prévention du sida chez les femmes, largement en retard par rapport à la prévention pour les hommes. Pour ces derniers, les traitements pré-exposition constituent désormais une stratégie assez efficace de prévention en particulier dans les pays occidentaux Chez les femmes, cette prise en charge pré-exposition a des effets favorables en cas de relation avec un partenaire infecté par le VIH. Mais des études sur des femmes jeunes, non mariées, sans partenaire régulier, ont montré que l’adhésion à ce traitement pré-exposition est faible.

« Même si au cours des dernières années, le champs des stratégies de prévention de l’infection à VIH a progressé, conclut l’éditorialiste, un travail considérable reste à faire pour développer des moyens de prévention sûrs, efficaces, abordables, pour toutes les femmes à risque dans le monde. »

Dr Martine Perez

Références
1. Baeten JM, Palance-Phillips T, Brown ER, et coll. : Use of a vaginal ring containing dapivirine for HIV-1 prevention in women. N Engl J Med., 2016; 375: 2121-32.
2. DOI: 10.1056/NEJMoa1506110
2. Nel A, van Niekcrk N, Kapiga S, et coll. : Safety and efficacy of a dapivirine vaginal ring for HIV-1 prevention in women. N Engl J Med., 2016; 375: 2133-43

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