Etablissements scolaires : la fermeture est-elle (vraiment) inéluctable ?

Paris, le mardi 30 mars 2021 - Vendredi, dans son dernier point de situation, l’Éducation nationale dénombrait 3 256 classes fermées (moins de 0,6 % de l’ensemble des classes), soit 1 238 de plus en une semaine et la décision gouvernementale de les fermer dès le premier cas de Covid identifié dans 19 départements ne devrait faire qu’amplifier le phénomène. Dans ce contexte, des grands noms de la politique et de la médecine continuent à donner de la voix pour appeler à une fermeture immédiate des établissements scolaires.

Les écoles vont-elles se fermer "toutes seules" ?

Leurs vœux seront peut-être exaucés sans décision politique explicite dans certains départements !

Ainsi la fermeture des écoles se fera peut-être « naturellement » dans certains territoires.

Par exemple, dans le Val de Marne, où Clément Peyrottes (SE-UNSA) explique dans le journal Le Monde : « à ce stade, il y a peu d’écoles, sur les 608 que compte le département, où il n’y a pas de cas Covid (…). Sur la journée de lundi, on a déjà 113 classes fermées, sans avoir eu toutes les remontées. Si on ferme une classe pour chaque cas, vous pouvez compter plus de 600 classes fermées d’ici à mercredi ».

Également, de plus en plus d’équipes pédagogiques font part de leur intention d’exercer leur droit de retrait, notamment à Drancy (93), où le Lycée Eugène Delacroix est devenu le tragique symbole de la crise. Ainsi, 22 classes y sont fermées et une vingtaine de parents d’élèves seraient décédés de la Covid depuis mars 2020.

En outre, pour les syndicats, les chiffres officiels seraient éloignés de la réalité : « certains établissements sont déclarés comme ouverts, alors qu'ils fonctionnent sans enseignants », affirme ainsi Guislaine David (SNUipp-FSU) sur France Info. « Les écoles fonctionnent aujourd'hui en mode dégradé. De plus en plus d'enseignants sont déclarés cas contacts et ne sont pas remplacés. Du coup on a des classes surchargées dans lesquelles les enfants sont nassés (sic). Tout le contraire de ce que nous demande le protocole sanitaire. Ce n'est plus possible de fonctionner comme ça » poursuit-elle.

Malgré cette situation, beaucoup s’opposent, avec des arguments solides, à une fermeture des établissements scolaires, et en premier lieu…Jean-Michel Blanquer

Fermer les écoles : le non de Jean-Michel Blanquer et des pédiatres

Le ministre de l'Éducation nationale a ainsi répété ce lundi devant des cadres de LaREM que « l'école n'est pas le lieu social principal des contaminations » et il a dénoncé « une focalisation médiatique par forcément justifiée sur le sujet ».

Il est sur ce point conforté par la position de la Société Française de Pédiatrie (SFP) qui explique : « à un moment où la circulation du virus s’accentue dans la population générale, l’augmentation observée également chez les enfants n’en est que le reflet et non la cause. En proportion, les enfants restent moins infectés que les adultes, même avec les variants ».

Elle rappelle également : « fermer les écoles, c’est accepter que des enfants subissent à nouveau des violences intra familiales, c’est creuser les inégalités sociales, c’est aggraver la détresse et la santé mentale d’une population déjà très affectée par cette crise sanitaire ». 

De plus, paradoxalement « fermer les écoles expose aussi à un risque de contamination accrue intra familiale des adultes non confinés vers les enfants (premier lieu de contamination) et aussi entre adolescents non scolarisés et non confinés » souligne la société savante.

Aussi, la SFP conclut que la fermeture des écoles ne pourra être envisagée qu’après qu’un certain nombre de mesures auront été prises : « isolement strict et test en cas de symptômes, confinement vrai, télétravail systématique, fermeture des commerces non alimentaires ».

Comme solution alternative, la SFP propose de tester largement les enfants à l’école par la mise à disposition des tests salivaires, de tracer et isoler les enfants positifs et de vacciner massivement tous les enseignants et professionnels de l’enfance.

Une dernière mesure qui reçoit l’adhésion de plusieurs responsables politiques.

Vaccination immédiate des enseignants : la solution alternative ?

« Priorité aux enfants, priorité aux enseignants », telle est ainsi la nouvelle antienne de six maires d'arrondissements de la capitale du groupe « Changer Paris », dont Rachida Dati est le leader. « Nous demandons au gouvernement de nous autoriser à vacciner les enseignants et personnels des écoles le plus rapidement possible », écrivent-ils dans une lettre ouverte.

L'accueil des enfants est « un impératif social, éducatif mais aussi de cohésion nationale » appuient les six édiles qui demandent d’avancer à la semaine prochaine la vaccination du personnel éducatif, promise par le Président de la République pour fin avril.  

Une promesse qui reste d’ailleurs assez nébuleuse : « on n’a aucun calendrier précis. Qui pourra être vacciné, à quel endroit, par qui, à partir de quand… On ne sait rien » déplore ainsi Frédérique Rolet (Snes-FSU).

Et alors qu’on compte près de 900 000 enseignants en France, Frédérique Rolet n’est pas optimiste : « quand on voit le temps qu’il a fallu pour vacciner 2 millions de personnes, ce n’est pas rassurant ». En tout état de cause, pour l’heure, le préfet de Paris, a très clairement mis en garde les édiles parisiens de toute utilisation des vaccins en dehors des ordres de priorisation officiels actuels.

F.H.

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Vos réactions (1)

  • Faute de combattants

    Le 31 mars 2021

    Laisser pourrir pour ne pas trancher ?
    La question des ECOLES jusque là « sanctuarisées » (expression amusante en terre laique) en France en 2021 ne sera pas réglée par les publications discordantes et de toute manière historiques puisque PRE-VARIANTS. Elle sera par contre enfin finalisée :
    • Par les enseignants : Un préavis de grève (6/4) est déposé , probablement dans l’intérêt des élêves ? Droits de retrait(e)s , arrêts maladies non chiffrés.
    " EN GUERRE" ? Ayant accepté les "RESISTANTS" , acceptons les " DESERTEURS " . Pas de grève effective des soignants en vue mais des problématiques identiques peuvent être rencontrées , même si le podium (03places) des priorités vaccinales leur a réservé une place maintenant enviée
    • Par des classes vidées : 1 cas – 1 fermeture
    • Par des parents maintenants inquiêts … pour eux-mêmes et leurs proches et non pour les « pseudo-Kawasaki » 2020 et , depuis février , 2021
    • Par des pédiatres , discordants eux aussi , angéliques souvent par essence , qui savent maintenant évoquer après des maillons faibles – forts - neutres … la situation sanitaire (Rémi Salomon il y a 48h)
    Certains argumentaires publiés résistent difficilement à la lecture critique, aussi louable que soit le but initial des auteurs (Cf JIM 15/01/2021 : « Et voilà pourquoi il faudrait laisser les écoles ouvertes ! ») :

    Ludvigsson JF et coll . Open Schools, Covid-19, and Child and Teacher Morbidity in Sweden. N Engl J Med. 2021 Jan 6. doi: 10.1056/NEJMc2026670
    cf Jim Publié 21/01/2021 "Unanime sur l’inéluctabilité d’un confinement, le corps médical divisé sur ses conditions" : 3 points de vue pédiatriques radicalement différents sur le seul axe "PARIS-CRETEIL" ...
    Les Sociètés savantes rappellent le discours à tenir : En réanimation comme en Pédiatrie. Le point de vue de la SFP passe en boucle depuis des mois en rappelant (comme si besoin était) l'impact trans-générationel psycho-socio-éducatif de la privation scolaire et même ... le rôle éducatif de l'école (faute de parents?). Un rappel sur les conséquences pondérales et économiques ? Aprés papy-mamy, papa-maman ?

    Ce poids semblait moins pertinent à évoquer lors des N mouvements de grêves pré-pandémiques.
    La référence aux "TESTs" en milieu scolaire est supposées brillante ... SI test et isolement effectif il y a. La question du poids des procédures, protocoles mais aussi responsabilités se repose, comme sur le versant sanitaire.

    Nos collègues pédiatres allemand , anglais , asiatiques sont t-ils moins éthiques , moins pédiatres , moins prospectifs que nos nationaux
    . Durée record de fermeture des écoles 2020 : la Corée du sud où les notions d'éducation et d'économie ne laisse personne indifférent , où la primauté de l'intérêt collectif fait moins débat.

    Tout le monde à raison à nouveau : de l'agîsme au jeunisme, toutes les discriminations sont évocables.

    Le PARTICULARISME FRANÇAIS n’est pas anticipatif, scolaire , sanitaire ou vaccinal. Il ne concerne pas la pertinence de la recherche clinique enlisée : IL est SOCIAL avec le filet envié que l'on sait et CULTUREL avec le concept d'acceptabilité oscillant si vite de la désobéissance civile à la résignation.

    Travailler sur le « Pass sanitaire » était t’il autre chose que de miser délibérément sur l’avenir radieux en occultant le présent, ses morts , ses séquelles ? : Une manière de tourner la page.

    Dr JP Bonnet

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