Paris, le mardi 19 janvier 2021 – Sur le site du Haut conseil
de santé publique (HCSP), le dernier avis concernant les masques
précise dans son résumé : « Le HCSP incite au choix préférentiel
des masques grand public réutilisables pour éviter un risque
écologique par la présence de masques à usage unique jetés par
incivilité ».
Le masque, chirurgical ou de norme 1, n’exclut pas la
distance
Cependant, cet avis n’est pas le plus récent : un délai d’un
mois est souvent observé entre la validation des travaux de
l’instance et leur publication sur leur site. Or, dans une
réflexion bien plus récente, initiée à la demande du ministère de
la Santé, le HCSP pourrait quelque peu amender cette recommandation
de privilégier les masques en tissu. En effet, plusieurs médias ont
révélé hier que le HCSP met en garde contre les moindres
performances de filtration de certains masques (les artisanaux et
les industriels de catégorie 2), notamment vis-à-vis des nouveaux
variants de SARS-CoV-2. Par ailleurs, dans cet avis, le HCSP
rappelle que le port du masque ne doit pas exclure une distance
physique, portée désormais à deux mètres et non plus un
mètre.
Les Français ne savent pas porter le masque : bis repetita
!
Cette information a immédiatement été l’objet de nombreux
commentaires. Le ministre de la Santé a tenu à se montrer rassurant
(comme souvent !) : « La quasi-totalité des masques industriels
en tissu reste valable » a-t-il assuré interrogé sur ce sujet
par France-Inter. « En revanche, le masque artisanal qu'on
fabrique chez soi avec la meilleure intention du monde, en
respectant les normes Afnor, (...) n'offre pas nécessairement
toutes les garanties nécessaires » a-t-il encore poursuivi.
Cependant, la distinction entre un masque de catégorie 1 et de
catégorie 2 pourrait ne pas être aisée et beaucoup de Français
aujourd’hui se questionnent sans doute sur les performances des
équipements qu’ils arborent tous les jours. Surtout, nombreux
s’interrogent sur la pertinence non pas seulement de préférer les
masques chirurgicaux et les masques dits de catégorie 1, mais de
s’orienter vers les masques FFP2, dont les pouvoirs de filtration
sont les plus élevés. Ils permettent en effet de filtrer les
aérosols de plus de 0,6 micromètre, quand les chirurgicaux arrêtent
seulement les gouttelettes de plus de 3 micromètres. Mais avec un
discours qui a quelques airs de déjà vu, le coprésident du groupe
de travail permanent Covid-19 du HCSP, Didier Lepelletier répond
sur la pertinence d’une généralisation du masque FFP2 : « En
population générale, cela ne me semble pas raisonnable (…) car «
on le porterait mal ».
Pas de port du masque FFP2 recommandé… pour l’instant !
Ceux qui verront dans ces propos un écho avec les déclarations
de Jérôme Salomon fustigeant au printemps dernier l’idée du port du
masque en population générale en suggérant que les Français ne
sauraient pas l’utiliser soupçonneront une nouvelle mascarade en
préparation. De fait, une autre explication à l’absence de
recommandation (voire d’obligation) du port du masque FFP2 en
population générale (ce qui est aujourd’hui la règle dans certains
espaces clos en Bavière et en Autriche et peut-être demain dans
toute l’Allemagne) se profile. « Il faudrait déjà demander aux
industriels de les fournir en plusieurs tailles différentes aux
soignants » remarque en effet Didier Lepelletier confirmant que
comme hier pour les masques chirurgicaux, la question de la
disponibilité de ces équipements est probablement en jeu. La
problématique du coût, alors que les FFP2 sont en moyenne dix fois
plus chers que les masques chirurgicaux pèse probablement
également, alors que le gouvernement n’a jamais voulu répondre aux
demandes des familles de prendre en considération le budget
représenté par ces équipements. Pourtant, le débat pourrait
probablement être de nouveau en première ligne alors que le
ministre de l’Education nationale a confirmé qu’il pourrait
prochainement lancer une alerte pour que les parents privilégient
les masques chirurgicaux et ceux en tissu de catégorie 1. Comme le
laissent deviner ces déclarations préparatoires de Jean-Michel
Blanquer, un énième revirement concernant les préconisations et
obligations vis-à-vis du masque n’est nullement impossible.
Rien de nouveau
Au-delà de la controverse que l’on pressent sur la
disponibilité et le prix des masques, pourraient également
rejaillir les discussions sur leur efficacité. L’avis du HCSP ne
constitue en effet qu’une demi-surprise : la moindre performance de
filtration des masques en tissu apparaît dans un grand nombre
d’études sur le sujet. Par ailleurs, le fait que face aux
particules les plus petites (les aérosols), les équipements
chirurgicaux et en tissus présentent des capacités bien inférieures
aux FFP2 a été rappelé à de nombreuses reprises, notamment au
moment de la généralisation du port du masque dans la rue. A cette
époque, c’est la possible transmission par aérosols de SARS-CoV-2
qui avait entre autres justifié la mesure ; même si beaucoup
avaient fait remarquer que face à un tel risque, les masques «
classiques » ont une efficacité plus que
restreinte.
Le spectre du nouveau variant
C’est aujourd’hui le même débat qui se profile, alors que la
plus grande contagiosité des nouveaux variants suggère probablement
une transmission plus fréquente par aérosols.
D’une manière générale, les interrogations actuelles des
pouvoirs publics sur les armes à mettre en place face aux nouveaux
variants témoignent de leur inquiétude.
Les données préliminaires présentées par l’INSERM sont en effet
moins rassurantes que les chiffres avancés la semaine dernière par
le ministre de la Santé : elles estiment que le variant
initialement repéré en Grande-Bretagne pourrait être dominant entre
la fin février et la mi-mars. « Une augmentation importante des
cas est attendue dans les semaines à venir » insistent les
chercheurs quelle que soit l’imperfection de leurs projections. Une
telle situation qui confirme bien la nécessité de revoir nos outils
et nos stratégies, notamment en repensant la politique qui consiste
à considérer que dans un espace clos le fait de porter un masque
exclut quasiment totalement de devoir être considéré comme cas
contact.
Nous sommes en France, pays du droit des citoyens à être irresponsables, et il n'est surtout pas question d'appliquer cette mesure fondamentale qui consiste à isoler obligatoirement les contaminateurs en structure adaptée (hôtel sanitaire) comme l'ont fait tous les pays qui s'en sont sortis à peu près. Par contre pour la pignolade sur les masques, sachant que la majorité des gens font n'importe quoi avec, il faut y aller à fond avec l'aide de nos medias publicitaires. Quant au lavage de mains et à la distanciation adaptée, c'est trop demandé, faut pas exagérer, on vit dans un pays où le droit d'être malpropre et individualiste est reconnu depuis des générations.
Dr Pierre Baque
Tsunami droit devant !
Le 21 janvier 2021
On n'a rien vu arriver. Ou pas voulu.
L'alerte vient de Bavière, la vague mesure quelques mètres de haut. Pour l'instant le Capitaine du Poseïdon tient le cap, face à la vague. "Tout va bien", depuis le début. Masques, seringues, recommandations, tout va bien !
Mais quand la vague arrivera et qu'il faudra porter des FFP2...
Les fournisseurs sont déjà pour la plupart en rupture de stock. Sur mes quatre fournisseurs pro, un seul en avait encore (un peu...). On ne manquera ni de pâtes, ni de papier-toilette. En avant toutes ! Les variants s'arrêteront certainement à la frontière pour discuter avec le nuage de Tchernobyl...
Dominique Barbelet
Arretez les grincheux
Le 21 janvier 2021
Trop facile votre réaction, mon cher confrère. Les français ont une flore microbienne intestinale estimable et une discipline collective pas si catastrophique que ça. Attendons quelques mois, si on donne les moyens aux épidemiologistes consciencieux pour essayer de comprendre ce qui c'est vraiment passé et pour tenter d'expliquer les différences d'évolution de l'épidémie selon les pays avant d'avancer des arguments qui plaisent à nos préjugés et de condamner nos vilains concitoyens.
Dr Alain Garenne
Urgence vitale...
Le 22 janvier 2021
J'ai déjà réagi sur le sujet de fond et je n'y reviendrai pas.
Néanmoins je pantoufle dans la contestation et l'indignation.
Que font les CDO, le CNO devant des gestes techniques de vaccination qui vaudraient des suspensions, des radiations en temps normal ? Les aiguilles, le geste, et même l'asepsie dans certains cas...
La prévention, les fameux gestes barrière, complètement incomplets... Nez, bouche mais les yeux ?... Eyes wide open... Les vieux remèdes à deux balles : la vaseline goménolée dans les naseaux...
Les masques FFP2 obligatoires à 500 kms, mais nous on ne risque rien. En avant toutes, direct sur l'iceberg !
Dominique Barbelet
Port du masque en dessous du nez !
Le 24 janvier 2021
De toute façon comme beaucoup de gens portent le masque en dessous du nez (même en entrant dans mon cabinet), en tissus, en tissus normé, chirurgical ou FFP2, cela ne changera rien. Et même si le FFP 2 serait rendu obligatoire, vu le prix prohibitif, ils le porteraient plusieurs jours d’affilés et ... "Deux choses sont infinies: l'univers et la bêtise humaine, en ce qui concerne l'univers, je n'en ai pas acquis la certitude absolue" (Albert Einstein).