
Paris, le 29 juin 2020 – SARS-CoV-2 a été le troisième homme
de ces élections municipales étranges dont les deux tours ont été
séparés par trois mois de crise.
Dispositif exceptionnel
Le caractère exceptionnel de ce scrutin s’est notamment
manifesté par la possibilité pour tout électeur d’être porteur de
deux procurations. Ceux qui estimaient que l'épidémie rendait
impossible leur déplacement vers le bureau pouvaient même demander
à leur commissariat ou à leur gendarmerie de venir recueillir leur
procuration à domicile. Pour la première fois également, les
demandes de procuration pouvaient être déposées dans des « lieux
accueillant du public » listés par les préfets, et non plus
seulement dans les commissariats, gendarmeries et tribunaux
judiciaires.
En ce qui concerne les mesures de protection et les gestes
barrières, chaque bureau de vote devait être équipé d'un point
d'eau, avec du savon ou du gel hydro-alcoolique, et toutes les
personnes présentes devaient porter un masque.
Comme au premier tour, les bureaux de vote devaient être
aménagés pour assurer une distance d'au moins un mètre entre chaque
personne ; ce qui a été relativement simple, compte tenu de la
participation historiquement faible.
Quand l’euphorie de la victoire fait oublier les gestes barrières
Malgré ces circonstances inédites, à l’issue de la journée
électorale, nombre de responsables politiques se sont affichés sans
masque et se sont livrés à de joyeuses embrassades, en dépit des
consignes sanitaires pour fêter leur victoire.
Le (mauvais) exemple est venu d’en haut, avec Emmanuel Macron
lui-même, qui après avoir voté au Touquet à la mi-journée, avec un
masque, s'est offert un bain de foule démasqué !
Idem pour son Premier ministre, Édouard Philippe, qui tout
juste réélu s'est adressé à ses équipes et aux caméras sans
protection.
L’opposition n’était pas en reste : à Paris, Anne Hidalgo
s'est elle aussi présentée le visage découvert pour son discours de
victoire, sans respecter la distanciation physique avec les membres
de son équipe de campagne d’une trentaine de personnes, qui
l'accompagnaient.
A Lille, où la socialiste Martine Aubry a été réélue d’une
courte tête le port du masque a été respecté tout en donnant
accolades et embrassades. Plus tard, la maire de Lille est elle
aussi apparue visage nu.
Qui est pape avenue de Ségur sort (difficilement) conseiller du 17ème arrondissement
Enfin, la crise du Covid a également eu un impact certain dans
les urnes. La démonstration la plus marquante est offerte par le
cas d’Agnès Buzyn, dont l’image a été totalement écornée durant la
campagne. La tête de liste macroniste et ministre de la Santé,
venue à Paris remplacer au pied levé et dans l’enthousiasme un
Benjamin Griveaux en délicatesse avec les bonnes mœurs 2.0, est
arrivée troisième sur l'ensemble de la ville et n'a même pas obtenu
suffisamment de voix pour se faire élire au Conseil de Paris. Avec
un score de 13 % (quatre points de moins qu’au premier tour),
l'ancienne ministre de la Santé doit se contenter d'un siège au
conseil municipal du 17ème arrondissement.
L'hématologue a « pris acte » de sa défaite, dans une ville
considérée, il y a déjà longtemps, comme imperdable pour le camp
présidentiel.
F.H.