
Cette décision (qui ne concerne pas l’équipe d’Angleterre qui
affronte la France samedi soir) se base, en particulier, sur une
étude menée à l’université de Glasgow et parue en 2019 dans le New
England Journal of Medicine.
3 fois plus de maladies neurodégénératives chez les anciens footballeurs professionnels
Ces travaux (commentés en leur temps par le JIM), menés sur 7
676 anciens joueurs de foot, mettaient en évidence le fait que la
mortalité par maladie neuro-dégénérative est de 1,7 % chez les
joueurs de football contre 0,5 % dans une population témoin. Les
données confirmaient en revanche les effets bénéfiques du sport de
haut niveau sur la mortalité toutes causes, jusqu’à l’âge de 70
ans. Si l’étude ne concluait pas sur les causes de cette relation,
pour l’éditorialiste du New England Journal of Medicine, cette
surmortalité par maladies neurodégénératives s’expliquait par la
répétition des chocs lors du jeu de tête.
Déjà, dans de petites séries de joueurs professionnels, le jeu
de tête avait été associé à des perturbations de la biochimie du
cerveau, à une diminution de l’intégrité de la substance blanche et
à une réduction de la corticale, en l’absence de tout autre
antécédent de commotion cérébrale. Un point intéressant, pouvant
accréditer la thèse de la culpabilité du jeu de tête : la
prescription de médicaments en lien avec la démence était moins
fréquente chez les gardiens de but que chez les joueurs des autres
postes.
Quoi qu’il en soit de l’origine de cette surmortalité par
maladies neurodégénératives, à la SFA, le principe de précaution
prévaut. Cette sensibilité britannique particulière au danger du
jeu de tête pourrait trouver sa source dans le destin de l’équipe
de football britannique victorieuse de la coupe du monde en
1966. Parmi les 11 joueurs qui avaient gagné le Mondial, quatre
sont morts avec une démence.
Au pays de Zidane, on reste adepte du jeu de tête…et du coup de boule !
De notre côté du chanel, les médecins de la Fédération
française de football (FFF) ont conduit leur propre étude,
publiée en mai dans le Scandinavian Journal of Medicine and Science
in Sports, portant sur un échantillon de quelque 6 100 anciens
joueurs professionnels français. Comme l’étude écossaise, elle
établit qu’ils ont développé plus de cas de démence que dans la
population générale. En annonçant cette publication sur son site
Internet, la FFF a pourtant mis en avant un autre résultat, à
savoir que la pratique du football professionnel entraîne une «
sous-mortalité globale » des pratiquants, notamment eu égard aux
maladies cardiovasculaires et aux cancers…
Emmanuel Orhant, directeur médical de la FFF et coauteur de
l’étude, souligne ainsi, auprès du journal Le Monde, que des
dizaines d’années peuvent séparer la fin d’une carrière et la
survenue d’une démence, période pendant laquelle peuvent survenir
d’autres facteurs de risque. En outre, il ajoute que l’étude a
porté sur le football des années 1960 et 1970, quand les joueurs,
même professionnels, avaient une « autre vie » en dehors des
terrains (qu’on se souvienne du tabagisme de Johan Cruyff par
exemple !). « Des méta-analyses n’arrivent pas à démontrer le
lien entre le jeu de tête et les maladies neurodégénératives »,
conclut-t-il.
En son for intérieur, le Dr Orhant s’interroge peut-être : que
serait-il advenu de la France sans les deux têtes de Zidane un
certain 12 juillet 1998 ? Quant au « coup de boule » de 2006
par le même Zidane, c’est une autre histoire…
F.H.