Un Mois sans tabac (et sans Covid)

Paris, le jeudi 3 novembre 2022 – Après deux années perturbées par la crise sanitaire, la nouvelle campagne du mois sans tabac espère relancer la lutte contre le tabagisme.

Elle était un peu passée au second plan lors de ces deux années particulières où les médecins et les médias étaient concentrés sur la Covid-19. Le « Mois sans tabac », campagne dite de « marketing social » importée du Royaume-Uni pour inciter les fumeurs à cesser leur consommation de tabac pendant 30 jours, revient donc en force en ce mois de novembre 2022. Pour rappel, cette campagne repose sur le fait que la plupart des symptômes du sevrage tabagique disparaissent au bout d’un mois, un arrêt efficace du tabac pendant 30 jours multipliant par cinq les chances de cesser définitivement de fumer.

Un Français sur quatre fume quotidiennement


L’an dernier, une étude de Santé Publique France avait permis de mesurer l’efficacité de cette campagne sur le recul du tabagisme en France. Un impact relativement modéré, puisque seulement 4,8 % des fumeurs disaient avoir tenté d’arrêter de fumer en raison du « Mois sans tabac » en 2018 mais en augmentation, puisque cette proportion avait presque doublé depuis le lancement de cette opération annuelle en 2016.

Alors que le tabagisme n’a cessé de reculer ces dernières décennies, le taux de personne fumant quotidiennement en France s’est stabilisé autour des 25 % de la population. Pour l’édition 2022 du Mois sans tabac, Santé Publique France (SPF) souhaite notamment insister sur l’importance de ne pas rester isolé lors de son sevrage tabagique et d’être accompagné par un professionnel de santé : l’aide d’un médecin augmenterait de 70 % les chances de réussir son sevrage.

Le Comité national de lutte contre le tabagisme (CNCT) appelle donc logiquement à mieux former les professionnels de santé à l’accompagnement du sevrage tabagique. SPF et le CNCT se félicitent par ailleurs que les produits de substitution nicotique soient de mieux en mieux pris en charge par la Sécurité sociale. Enfin, l’une des mesures les plus efficaces pour inciter les fumeurs à abandonner la cigarette reste l’argument financier : le gouvernement a annoncé que le prix du paquet de cigarettes sera porté à 11 euros d’ici 2024.

Le dépistage organisé du cancer du poumon bientôt expérimenté


Le « Mois sans tabac » ne doit pas faire oublier une autre campagne de santé publique mené en novembre et qui n’est pas sans lien avec le tabac : « Novembre perle », une opération de sensibilisation au cancer du poumon. A cette occasion, le collectif « Ensemble nous poumons » qui regroupe pneumologues, oncologues et association de patients, s’est fixé comme objectif que 75 % des cancers du poumon soient diagnostiqués à un stade précoce. Actuellement, la proportion est inverse : 75 % des cancers sont diagnostiqués à un stade avancé et parmi ceux-là, 50 % à un stade métastatique.

L’occasion de relancer l’éternel débat sur l’intérêt de la mise en place d’un dépistage généralisée des fumeurs et anciens fumeurs de plus de 50 ans par scanner à faible dose. Après y avoir été longtemps défavorable, la Haute Autorité de Santé (HAS) a donné son feu vert à l’expérimentation d’un tel dépistage en février dernier. Une première étude pilote a déjà été lancée par l’AP-HP auprès de 2 400 patients et un autre programme pilote, plus ambitieux, est actuellement mis en place par l’Institut contre le cancer (Inca).

Des expérimentations utilisant d’autres méthodes de dépistage (analyse des composées organiques volatiles, détection des biomarqueurs du cancer du poumon…) sont également en cours ou en préparation.

Pour rappel, on estime que la consommation de tabac est responsable de 75 000 morts prématurés par an, ce qui en fait la première cause de décès évitable.

Grégoire Griffard

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Vos réactions (2)

  • Plus on arrête tôt, mieux c'est !

    Le 04 novembre 2022

    Une étude vient d'être publiée dans le JAMA Network Open par Blake Thomson et collaborateurs, de la société américaine de cancérologie à Kennsaw en Géorgie.
    https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2797597
    Il s’agit d’une étude de cohorte prospective représentative de la population américaine, suivie entre Janvier 1997 et Décembre 2018. 551 388 participants, âgés de 25 à 84 ans à l’inclusion, y ont participé. 74 870 décès ont été dénombrés parmi les participants, âgés de 25 à 89 ans entre 1997 et 2018 :
    • 38 078 (50,9 %) parmi les femmes, et 36 792 (49,1 %) parmi les hommes,
    • plus nombreux parmi les blancs (71,6 %), suivis par les noirs (15,4 %) et les hispaniques (9,7 %).
    Le non fumeur représentant la référence (RR=1), on observe que le risque de mortalité augmente, aussi bien parmi les hommes que parmi les femmes, avec l’ancienneté du tabagisme, parmi les ex-fumeurs. Ce risque (RR) passe de 1,01 (arrêt avant l’âge de 35 ans) à 1,68 (arrêt entre 55 et 64 ans) parmi les hommes, et il passe de 1,04 (arrêt avant l’âge de 35 ans) à 1,83 (arrêt entre 55 et 64 ans) parmi les femmes. Parmi celles et ceux qui continuent à fumer (fumeurs actuels), le risque de mortalité est multiplié respectivement par 2,90 et 2,70.
    On retiendra de cette étude que le risque de mortalité lié au tabac est presque multiplié par 3 chez les femmes (risque plus élevé que chez les hommes), et que si l’arrêt du tabac est précoce (avant l’âge de 35 ans), il n’y a pas de différence avec les non fumeurs en termes de mortalité.
    Mais le mieux est de ne jamais commencer à fumer !

    Dr P Arvers

  • Un programme de dépistage similaire a fait ses preuves en Chine

    Le 04 novembre 2022

    En Chine, le programme national de dépistage du cancer du poumon a été mené dans 12 villes réparties au sein de 8 provinces. Il consistait à proposer un unique scanner thoracique à faible dose à tous les adultes de 40 à 74 ans, asymptomatiques, mais présentant un risque élevé de cancer du poumon.
    Entre février 2013 et octobre 2018, plus d'un million d'individus ont été recrutés dans cette étude, et un cancer a été diagnostiqué chez 3 581 d'entre eux après un suivi médian de 3,6 ans. Sur les 223 302 participants considérés à haut risque de cancer du poumon, 79 581 (soit 35,6 %) ont bénéficié d'un scanner et 143 721 (64,4 %) non.
    La mortalité par cancer du poumon était 31 % plus faible dans le groupe à haut risque ayant bénéficié d'un dépistage et la mortalité toutes causes était réduite de 32 % par rapport aux patients à haut risque non dépistés.
    Cette étude a été publiée dans le Lancet en avril 2022 :
    https://www.thelancet.com/journals/lanres/article/PIIS2213-2600(21)00560-9/fulltext#%20

    Dr Philippe Arvers, 7ème CMA, OTCRA-UGA

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